ITALIE
Les
opérations de la levée qui s’accomplissent à Rome en ce moment
ne sont guère de nature à enthousiasmer des gens très attachés au
sol qui les a vu naître et n’ayant jamais payé l’impôt du
sang, car la conscription n’existait pas sous le pape. « En
conscience, disait Pie XI un jour à un diplomate, je ne puis pas
exposer la jeunesse de mes Etats aux périls spirituels d’un
célibat obligatoire. » Il y aura probablement un certain nombre de
réfractaires qui se sauveront dans les montagnes.
L’argent
abonde au Vatican. Les soldats et sous-officiers pontificaux qui
n’ont pas voulu entrer dans l’armée italienne reçoivent des
secours. Les officiers, les fonctionnaires civils assermentés, les
prélats privés de leurs charges civiles par le nouveau régime
touchent chacun, s’ils sont dans le besoin, une allocation
mensuelle qui, jointe à la solde réduite ou à la pension à eux
payée par le gouvernement italien, représente l’ancien traitement
fixe de l’individu. La domination italienne venant à cesser, on
verrait, à un simple signal du général Kanzler, les soldats et
surtout les gendarmes accourir au Vatican, où il y a des uniformes,
des munitions, des armes de toute espèce et même des canons. Vous
savez qu’un arsenal, dit du Belvédère, avait été établi sous
Pie IX dans l’enceinte du Vatican et que les vainqueurs du 20
septembre ont jusqu’ici respecté.
Des
personnes ayant des intelligences au Vatican croient savoir que si le
saintpère venait à mourir, le conclave se tiendrait hors de
l’Italie, probablement à Malte. Cette décision aurait été prise
tout récemment par le pape, dans un conseil de quatre ou cinq
cardinaux des plus intimes. Voilà le compte que tient la cour de
Rome des garanties déjà votées à Florence par la Chambre des
députés ! Lorsqu’elles auront été votées par le sénat et
sanctionnées par le roi, Pie IX se hâtera, dit-on, de les repousser
dans un acte public, encyclique ou allocution.
Les huit
couvents expropriés sont à peu près évacués ; dans chaque maison
d’hommes, quelques moines desserviront l’église y attenante. Des
entrepreneurs sont déjà chargés de la transformation de ces
couvents en ministères. D’autres propriétés religieuses seront
occupées plus tard : par exemple le fameux couvent de Gesu,
résidence du général des jésuites, et leur noviciat de
Saint-André de Quirinal, où
doivent être installées les écuries royales. Le prince Humbert
trouve que celles que les papes ont fait construire sur la place de
Monte Cavallo ne sont pas dignes de la maison de Savoie.
Il arrive
ici des spéculateurs de toute espèce, ingénieurs, architectes,
négociants, boutiquiers, etc., attirés par la perspective de faire
des affaires d’or, lorsque Rome sera devenue capitale. Nos
principales rues sont sillonnées d’omnibus et s’ornent
d’élégants magasins.
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