« Le principe morale affirme que la dignité
humaine doit être respectée en toute personne et que, par
conséquent, on ne peut faire de qui que ce soit un moyen ou
instrument au profit des autres. Mais, selon la théorie de
l'intimidation, le criminel que l'on punit n'est considéré que
comme moyen pour intimider les autres et sauvegarder la sécurité
publique. La loi pénale peut, certes, avoir en vue le criminel
lui-même en le détournant par la crainte du châtiment de commettre
un crime;mais une fois le crime commis , ce motif tombe évidemment
et le criminel soumit au châtiment n'est plus qu'un moyen
d'intimidation pour les autres, un moyen pour une fin extérieure à
lui, et ceci est en contradiction directe avec la norme absolue de la
moralité. Du point de vue moral, un châtiment intimidant n'est
admissible que comme menace , mais une menace qui n'est jamais
accomplie perde sa raison d'être. Ainsi, le principe de
l'intimidation pénale ne peut être moral qu'à condition d'être
sans utilité , et il ne peut être matériellement utile qu'à
condition d'être appliqué de manière immorale.
En fait, la théorie de l'intimidation a émoussé sa
pointe depuis que, dans les pays civilisés ou demi-civilisés furent
supprimées les peines corporelles douloureuses et la peine capitale
accompagnée de torture.  Il est évident que si l'objet du châtiment
est d'intimider tant le criminel que les autres, ces moyens sont
précisément les plus efficaces et les plus conformes au but.
Pourquoi, alors, les partisans de l'intimidation renoncent-ils aux
seuls et vrais efficaces moyens d'intimidation ? Sans doute,
parce qu'ils les considèrent comme immoraux et et contraires aux
exigences de la pitié et de l'humanité. Mais, en ce cas,
l'intimidation cesse d'être un principe déterminant du
châtiment. L'un des deux : ou bien le sens de la punition
réside dans l'intimidation  - et alors il faut admettre que
l’exécution accompagnée de tortures est un moyen d'intimidation
par excellence ; ou bien le caractère du châtiment est
subordonné au principe moral – et dans ce cas il y a lieu de
renoncer complètement à l'intimidation, comme étant
essentiellement immorale. »
« Sur le terrain d'un pareil compromis, il n' y a
pas de solution à cette question , qui est essentielle pour la
conscience morale : le fait du crime prive-t-il le criminel de
ses droits d'homme, ou non ? S'il ne l'en prive pas, comment
pouvons nous lui enlever son existence – première condition de
tout droit – comme c'est le cas pour la peine capitale ? S'il
prive le criminel de ses droits naturels, pourquoi toutes ces
cérémonies juridiques à l'égard d'êtres sans droits ? Ce
dilemme est résolu empiriquement par une distinction que l'on
établit entre les crimes, les uns considérés comme privant le
criminel de ses droits humains, les autres comme les limitants
plus ou moins. »
 
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