« Les charlatans du
Japon dépècent , dit-on, un enfant aux yeux des spectateurs ;
puis, jetant en l'air tous ses membres l'un après l'autre , ils font
retomber l'enfant vivant.
Tels sont à peu près
les tours de gobelets de nos politiques ; après avoir démembré
le corps social par un prestige digne de la foire, ils rassemblent
les pièces on ne sait comment. »
« Si ces deux
écrivains (Grotius, Barbeyrac), avoient adopté les vrais principes,
toutes les difficultés étoient levées et ils eussent été
toujours conséquents ; mais ils auroient dit simplement la
vérité et n'auroient fait leur cour qu'au peuple. Or la vérité ne
mène point à la fortune, et le peuple ne donne ni ambassades, ni
chaires, ni pensions. »
« Jamais on ne
corrompt le peuple, mais souvent on le trompe , et c'est alors qu'il
paroit vouloir ce qui est mal. »
« Il importe donc
pour avoir bien l'énoncé de la volonté générale qu'il n'y ait
pas de société partielle dans l'état, et que chaque citoyen
n'opine que d'après lui. Telle fut l'unique et sublime institution
du grand Lycurgue. Que s'il y a des sociétés partielles, il en faut
multiplier le nombre et en prévenir l'inégalité, comme firent
Solon, Numa, Servius. Ces précautions sont les seules bonnes pour
que la volonté générale soit toujours éclairée, et que le peuple
ne se trompe point. »
« Si l'état ou la
cité n'est qu'une personne morale dont la vie consiste dans l'union
de ses membres, et si le plus important de ses soins est celui de sa
propre conservation , il lui faut une force universelle et
compulsive pour mouvoir et disposer chaque partie de la manière la
plus convenable au tout. »
« Dans un état
bien gouverné il y a peu de punitions, non parce qu'on fait beaucoup
de grâces , mais parce qu'il y a peu de criminels : la
multitude des crimes en assure l'impunité lorsque l'état dépérit. »
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