Militairement
: action d'incorporer dans un régiment, de former un régiment.
Enrégimenter les jeunes recrues. En France, et dans de nombreux pays
où le service militaire est obligatoire, on enrégimente de force
les jeunes gens ayant atteint un certain âge. C'est ce qu'on appelle
le régime de l'égalité militaire. En réalité, celui qui possède
la richesse ne souffre nullement de l'enrégimentation, car tout
s'achète avec de l'argent et la liberté s'acquiert facilement avec
la fortune. Ce n'est donc que le pauvre qui souffre péniblement de
l'enrégimentation. Etre enrégimenté, c'est perdre toute
personnalité et agir comme un automate, comme une machine dépourvue
de pensée. Rien de surprenant à ce que la bourgeoisie enrégimente
une partie de la population et la dirige à son gré et selon ses
désirs, ses besoins et ses intérêts. Malheureusement,
l'enrégimentation semble sortir des cadres du militarisme et
déteindre sur les organisations civiles. C'est ainsi que nous
voyons, sous le fallacieux prétexte de discipline dans la lutte
sociale, des partis « d'avant-garde » enrégimenter les pauvres
bougres ignorants du rôle qu'on leur fait jouer et qui servent de
tremplin politique ou électoral à une poignée d'ambitieux et
d'arrivistes, Il ne faut pas confondre la discipline et
l'enrégimentation ; ce sont deux choses bien différentes. Les
anarchistes ne sont nullement les adversaires de la discipline, quoi
qu'en pensent et quoi qu'en disent nos ennemis. S'ils luttent avec
acharnement contre l'enrégimentation, c'est qu'un homme enrégimenté,
dans un parti ou dans une armée, est contraint de suivre aveuglément
toutes les directives qui lui sont, non pas suggérées, mais
imposées par des chefs dont on ne discute pas les ordres. On nous
reproche, particulièrement, depuis la Révolution russe de 1917, de
mener le combat contre les organisations communistes et contre la
Troisième Internationale. C'est que la plupart des adhérents à
l'Internationale de Moscou sont des êtres enrégimentés. Il suffit,
pour s'en rendre compte, de suivre le mouvement et l'évolution des
partis communistes internationaux. La politique du gouvernement russe
a changé à maintes reprises entre 1917 et 1926, et les dirigeants
des P. C. ont évolué en différents sens. Mais le troupeau continue
à accepter les variations de la politique et à se courber devant
les chefs qui se succèdent. Lénine, Trotski, Zinoviev, Staline,
furent tour à tour chefs de cette armée de parias qui espèrent
conquérir leur émancipation en s'enrégimentant. C'est là une
erreur profonde ; l'émancipation ne découle pas d'une discipline
aveugle et ridicule, mais de la liberté, et le « régiment » civil
et militaire n'a jamais été que le repaire des serfs et des
esclaves. La discipline en pleine liberté, acceptée par des hommes
conscients? Oui ; l'enrégimentation ? Jamais, car elle est un
facteur de régression sociale.
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