Personnes
exilées mortes en méditerranée et fermeture des frontières :
Un crime contre l'humanité
« Ainsi donc, depuis le début des années 2000,
les disparitions en Méditerranée des personnes exilées s'élèvent
à près de 40 000, hommes, femmes et enfants. Des exilés fuyant des
situations de détresse extrême ( des actes de guerre à des
basculements climatiques en passant par la répression de régimes
autoritaires et le dénuement économique), des exilées et des
exilés contraints à une migration destinée à assurer leur survie,
des exilées et des exilés que, depuis l'installation des centres de
tri que sont les « hotspots » en Grèce en automne 2015,
on répartit de force deux catégories discriminantes : d'une
part les réfugiés, c'est-à-dire des demandeurs d'asile
susceptibles d'accéder très éventuellement à un statut de
réfugié ; d'autre part les migrants, considérés comme des
« réfugiés économiques » et, à ce titre, passibles
d'une expulsion immédiate. »
« Cette politique de fermeture des frontières aux
personnes désormais accusées d' »immigration illégale »
s'est traduite de différentes manières : par l'érection de
barrières et de murs physiques de Ceuta et Millila, enclaves
espagnoles à l'extrême ouest de la Méditerranée, jusqu'au mur sur
le fleuve Evros entre le nord de la Grèce et la Turquie ou à la
barrières de barbelés déroulée à la frontière turco-bulgare au
nord-est du bassin méditerranéen ; par des contrôles
policiers coordonnés et renforcées par l'agence Frontex, devenue
« agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes »
qui apporte un soutien logistique et pratique aux polices des
frontières nationales ; par de vastes opérations de filtrage
des entrées irrégulières, telle l'opération répressive
« Triton » qui a remplacé dès novembre la campagne
italienne d'accueil des migrants « Mare nostrum », ou
telle l'opération (EUNAVFORMED) de destruction des embarcations
utilisées par les migrants sous prétexte de lutte contre les
passeurs et les trafiquants de migrants ; enfin par de vastes
mesures d'externalisation des frontières de l'UE. On citera pour
sinistres exemples l'accord passé avec l'UE ( par l'intermédiaire
du Conseil européen) et la Turquie de mars aux termes duquel ce
pays retient sur son territoire, contre six milliards d'euros et le
silence sur le non-respect des droits de l'homme dans le pays, pas
moins de 3 millions de réfugiés ; ou les accords récemment
pris avec une Libye en proie aux dissensions politiques que l'on
sait : opération « Sophia » de collaboration
militaire avec les garde-côtes libyens, renforcement des camps de
rétention, négociations avec les milices locales, renvois des
migrantes et migrants dans leur pays d'origine,etc... »
« Les quarante milliers de disparitions et de
morts entraînés par la politique discriminatoire de la fermeture
des frontières de l'UE aux exilées et exilés inscrivent sans doute
ce chiffre sinistredans la définition officielle d'un crime contre
l'humanité : « « la violation délibérée
et ignominieuse des droits fondamentaux d'un individu ou d'un groupe
d'individus inspirée par des motifs politiques, philosophiques,
raciaux ou religieux »et ceci par une action politique
délibérée.
Rappelons qu'au delà de la persécution d'un groupe ou
du recours systématique à la disparition forcée, l'article 7 du
« Statut de Rome » de la cour pénale internationale (
17.7.1998) désigne également comme crime contre l'humanité «
les autres actes inhumains de caractère analogue [i.e. :
meurtre, déportation, emprisonnement, réduction en esclavage,
torture, persécution etc] causant intentionnellement de grandes
souffrances ou des atteintes graves à l'intégrité physique ou à
la santé physique ou mentale » et cela « lorsqu'il
est commis dans le cadre d'une attaque généralisée ou systématique
lancée contre toute la population civile et en connaissance de cette
attaque. »
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