dimanche 3 février 2019

La justification du bien De Vladimir Soloviev




« Aucun darwiniste, à ma connaissance, n'a tiré cette conclusion que, puisque l'homme descendrait d'animaux inférieurs, il doit être une brute. »

« Il n'y a pas l'ombre d'un fondement raisonnable permettant de supposer que la limite de cet adoucissement a déjà été atteinte et que la potence, la guillotine, les travaux forcés à perpétuité et la réclusion en cellules demeureront à jamais les peines inscrites au code pénal des pays civilisés. »

«Le crime est une violation du droit ; le droit doit être réparé ; le châtiment, c'est à dire la violation égale du droit du criminel, accomplit conformément à une loi déterminée par l'autorité publique ( par opposition à la vengeance privée)compense la première violation ; ainsi le droit est réparé. » Ce pseudo argument tourne autour du terme « le droit ». Or, le droit concret est toujours le droit de quelqu'un (il doit y avoir un sujet du droit). Quel est donc celui dont le droit est ici en question ? Apparemment, c'est le droit de l'offensé. Remplaçons, donc, par ce contenu réel le terme abstrait. Abel, berger paisible a sans aucun doute le droit d'exister et de jouir de toutes les joies de la vie ; mais, voici qu'arrive Caïn, homme méchant qui prive Abel de ce droit en le tuant. Le droit violée doit être réparé; dans ce but, arrive sur la scène l'autorité publique et, en contradiction avec l'avertissement direct de la sainte écriture (Génèse, IV, 15), elle pend le meurtrier. Fort bien, mais ceci répare-t-il le droit d'Abel à vivre ? Puisque personne, à l'exception des pensionnaires de Bedlam, n'ira affirmer que l'exécution du meurtrier ressuscite la victime, nous devons prendre le mot « droit » dans ce contexte comme insignifiant non pas le droit de la personne offensée , mais celui de quelqu'un d'autre. Ce sont la société ou l'état qui peuvent être le sujet du droit violé par le crime. Tous les droits privés ( droit de vie, de propriété, etc...) sont garantis par l'état, celui ci répond de leur inviolabilité, en les plaçant sous la protection de ses lois. La loi qui interdit aux particuliers d'enlever la vie à leurs concitoyens selon leur propre jugement est promulguée légitiment par l'état ; et, dès lors, la violation de cette loi ( par le meurtre) signifie violation du droit de l'état. L’exécution du meurtrier répare donc, le droit de l'état et la dignité de la loi – non le droit de l'homme assassiné. »

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