n. m. (du latin mel, d'où mellifère : plante mellifère, qui sécrète du miel)
À certaines heures de
la journée et dans des conditions favorables de température, les abeilles
recueillent, sous forme de nectar, dans le sein des fleurs où il exsude, un
liquide sucré qu'elles emportent, jusqu'à leur ruche, dans leur jabot. Dans ce
premier estomac, sous l'influence de la salive et du suc gastrique, le nectar subit
une digestion partielle. Dégorgé ensuite dans les alvéoles de cire, débarrassé de
son excès d'eau par une active ventilation des insectes diligents, il devient
cette substance onctueuse et parfumée qui est le miel ; produit connu de tous
les peuples pour sa valeur nutritive et sa teneur en calories et possédant la
propriété, grâce à sa transformation initiale, d'être éminemment digestible. Le
miel emprunte également aux fleurs diverses qualités thérapeutiques.
D'abord liquide,
sirupeux, lorsque l'apiculteur le tire des rayons où l'abeille l'a entreposé,
le miel s'affermit ensuite et se solidifie. Plus ou moins rapidement selon la
flore d'origine, il durcit et granule pour prendre enfin sa consistance et sa
teinte définitives. Certains miels – c'est l'exception – demeurent onctueux et
leur aspect primitif persiste avec le temps. Mais, émollient ou ferme, le miel
possède au même degré les vertus alimentaires et médicinales qui l'ont fait
apprécier dès la plus haute antiquité... Les différences d'arôme et de
coloration des miels naturels dépendent uniquement de la prédominance, sous un
climat et sur un sol donnés, des variétés de fleurs visitées par les abeilles.
Avec les saisons et les régions où il est butiné varient ainsi le goût et la
nuance du nectar.
***
Le miel a toujours joué
un rôle important dans l'alimentation de l'homme et il a constitué de tous
temps une de ses ressources nutritives les plus fréquemment mises à
contribution. Certains peuples lui attribuaient une valeur telle qu'ils l'offraient
aux dieux à titre de sacrifice ; en Égypte l'abeille était considérée d'ailleurs
comme aussi sacrée que le miel. Avant l'introduction du sucre, de nombreux
peuples se servaient du miel pour édulcorer leurs boissons et il est inutile de
rappeler de quelle importance est son emploi dans la confection de certains
gâteaux. Dans l'Inde, le miel est considéré comme un aliment propre à conserver
en bonne santé ceux qui le consomment ; une goutte de miel épandue sur la
langue d'un nouveau-né est un présage de bonne santé.
Tout le monde sait
combien le miel sert à la fabrication des confitures. On se souvient que la
principale attraction de la Terre de Chanaan, fut le rapport des espions
hébreux disant que c'était « un pays découlant de lait et de miel ». L'auteur
des Psaumes nous dépeint les paroles de Jéhovah comme « plus douces que miel et
rayon de miel » ; le souvenir du juste est plus doux que « miel en la bouche de
tous ».
On peut faire
d'excellente bière avec du miel. Une boisson ressemblant à de l'hydromel
consistait en un mélange de vin, de miel et de poivre. De nombreuses tribus de
l'Afrique méridionale et orientale consomment de la bière ou du vin de miel.
Sur les bords du Niger, on boit un breuvage mélangé de millet et de miel. Les Égyptiens
tiraient du miel une bière sucrée et les héros d'Homère consommaient une boisson
dont le miel formait le principal ingrédient. Le « muslum » romain, le « lipetz
» russe, le « clary » et le « bragget » de l'Angleterre médiévale sont des breuvages
où entrait le miel. Les Juifs considéraient, mêlé au lait caillé, le miel comme
une friandise ; ils s'en servaient également pour confectionner des gâteaux
qu'ils considéraient comme des desserts. La légende prétend que les
Pythagoriciens se nourrissaient exclusivement de pain et de miel ; Jean
Baptiste, autre personnage légendaire, se nourrissait de sauterelles et de miel
sauvage.
À une certaine époque,
en Égypte et en Syrie, le miel a servi à l'embaumement des cadavres. On a
découvert le corps d'un petit enfant embaumé dans une jarre de miel, au
couvercle scellé. Le corps d'Alexandre fut conservé par cette méthode et
l'historien juif Josèphe raconte que le corps du roi Aristobule fut préservé
dans le miel jusqu'au moment où Antoine envoya le cadavre royal rejoindre les
os de ses ancêtres en Judée.
Les anciens
considéraient le miel comme doué d'un pouvoir thérapeutique spécial. Pline
dresse une longue liste de maladies pouvant être guéries par le miel ; les
Grecs croyaient qu'il prolongeait la vie. On considérait le miel ancien comme
un remède à la toux (ce qui s'est perpétré jusqu'à nos jours) et à la bile ; on
affirmait même qu'il accroissait la force et la virilité. Les Veddas
regardaient la bonne santé dont ils avaient joui jadis comme la conséquence du
fait qu'à un moment donné leur nourriture se composait principalement de miel. Dans
nombre de pays, on considère le miel comme doué d'une puissance magique
bénéfique, capable de chasser les esprits malins ou de conjurer le sort.
C'est surtout à la
naissance, au moment de la puberté, à l'heure du mariage, qu'on lui attribue ce
pouvoir. Au cours des cérémonies auxquelles la naissance donne lieu, chez les
Indiens du Pendjab, les gâteaux de miel jouent un rôle de premier plan ; à un
certain moment on les promène autour de la tête du nouveau-né dans le but bien
défini de chasser les mauvais esprits. En Croatie et en Turquie, on offre à la
fiancée, sur le pas de sa porte, une coupe de miel. Les Polonais édulcorent
avec du miel les lèvres de la fiancée. Dans les Balkans, le fiancé et la
fiancée mangent ensemble, le soir de leurs fiançailles, un gâteau, cuit
plusieurs jours auparavant, qu'ils trempent dans du miel. Dans les mariages
célébrés à Vlasca,en Valachie, on fait cadeau à la fiancée de beurre et de miel
pour enduire la porte de sa maison. Le miel est enfin considéré comme emblème
de la pureté et figure à ce titre dans le rituel de nombreuses religions. Dans
l'église chrétienne primitive, le lait et le miel symbolisaient la consécration
et l'on plaçait du lait et du miel dans la bouche du nouveau baptisé comme
allusion à la terre de Chanaan. Les Hindous regardaient le miel comme un
aliment des dieux. On représentait Vichnou sous la forme d'une abeille posée
sur une feuille de lotus. Krishna portait sur le front une abeille bleue. Les
statues de pierre des dieux de l'Inde sont lavées, à de certaines époques, avec
un liquide miellé. Nous avons parlé au début de cet article du rôle du miel
comme offrande aux dieux. On a découvert un papyrus égyptien remontant au IIème
siècle qui confirme cet emploi du miel. Il s'agit d'une sorte de facture
spécifiant la fourniture de « seize gâteaux, huile, miel, lait et toutes
épices, sauf l'encens » au stratège du nome pour le sacrifice au Nil très
sacré.
– E. A.
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