Rousseau : « C’est ici de mon portrait qu’il s’agit et non pas d’un livre. Je veux travailler pour ainsi dire dans la chambre obscure…Je prends…Mon parti sur le style comme sur les choses. Je ne m’attacherai point à le rendre uniforme ; j’aurai toujours celui qui me viendra, j’en changerai selon mon humeur sans scrupule, je dirai chaque chose comme je la sens, comme je la vois, sans recherche, sans gêne, sans m’embarrasser de la bigarrure…Mon style inégal et naturel, tantôt rapide et tantôt diffus, tantôt sage et tantôt fou, tantôt grave et tantôt gai fera lui-même partie de mon histoire ».
« Constamment nous
sentons qu’une interprétation dialectique des idées de Rousseau est possible :
dans le « Contrat », dans « Emile » et jusque dans « Julie »,
mais constamment nous pressentons que la révélation de l’immédiat et
dénaturation de la vie réfléchie n’ont de sens que par l’opposition où elles se
définissent dans un conflit sans issue. On dira que c’est la maladie qui fige
la pensée de Jean-Jacques dans une antithèse immobile. Je dirai que cette
maladie est aussi la littérature dont, avec une ferme clairvoyance et un fort
courage, il a discerné toutes les prétentions contradictoires, absurdes si on
veut les penser, insoutenables si on les accueille. Quoi de plus déraisonnable
que de vouloir faire du langage le séjour de l’immédiat et le lieu d’une
médiation, le saisissement de l’origine et le mouvement de l’aliénation ou de l’étrangeté,
la certitude de ce qui ne fait que commencer, et l’incertitude de ce qui ne
fait que recommencer, la vérité absolue de ce qui, pourtant, n’est pas encore
vrai ? »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire