Ces jours-là, je savais que j’allais
passer une journée de merde.
L’infirmière passait son temps
à m’engueuler parce tous les instruments étaient débranchés tellement je
bougeais. Eh oui, infirmière de malheur, je bouge encore. Je suis en vie. Il se
peut même que pour l’embêter le plus possible, je me déhanche de plus belle. Je
me contorsionne. Je me trémousse. Ce que j’aime aussi quand c’est elle qui me
fait la toilette, c’est bander. Alors, je la vois fuir ce honteux outil dressé.
Faire en sorte de ne pas le toucher, de ne même pas l’effleurer. Et je bande.
Je défais le drap et tout est dehors. Il y a même une fois j’ai réussi à
éjaculer devant elle sans me toucher, sans qu’elle me touche. C’était
euphorisant. Il a bien fallu qu’elle attrape mon sexe pour le nettoyer et
essuyer le sperme qui avait giclé sur mon torse. Je l’ai même vu mettre un
doigt dans sa bouche pour en goûter une goutte. Je pense qu’elle va finir par
me branler. Il va falloir avant que je meure.
En fait, sa visite me
remettait dans le temps que j’ai passé à l’hôpital suite à ma chute. Ce temps,
découpé d’une partie de ma vie. Cette partie qui ne m’a plus appartenu et que
chacun s’est approprié pour en faire la vérité qu’il aurait voulu impose à ma
vie. Ils amenaient leurs réflexions tentant de me l’imposer, oubliant purement
et simplement que j’en étais le héros fatigue principal. Et ils m’en voulaient
presque sur leur vérité n’était pas celle que j’avais vécu. Je devais me plier
à leurs injonctions. « Mais non, souviens toi, tu nous racontais ça et ça,
donc forcément ». Parfois, lorsque je les écoutais, je les entendais
développer leurs théories. « Oui, quand on voit le parapet en contrebas et
la façon dont il est placé, et l’endroit où il a atterri, il a forcément été
poussé. Ce n’est ni un accident, ni un suicide… ». Et puis, le silence qu’il
faut au moment qu’il faut… « C’est une tentative de meurtre…évidemment. ».
Alors, à ce moment-là, il n’est plus possible que j’intervienne pour remettre
les choses dans l’ordre, rétablir la vérité. Ce que j’ai vécu, les suites d’évènements
qui avaient construit, briques après briques, le parcours de cette journée. C’était
évidemment une impasse sans possibilité de faire demi-tour. L’issue était la
chute. D’une manière ou d’une autre, il n’y avait qu’une issue, je n’avais même
pas à me débattre.
Bon, cette infirmière me
ramenait donc à cet hôpital où je fis cet arrêt au stand pendant trois
semaines. La description que l’on me dit de ma personnalité à ce moment, m’a
troublé, ce personnage ignoble avec, tous et chacun, m’a dérouté mais je me dis
et le clame haut et fort : il n’y a à avoir aucun regret. Sans doute
était-ce toute ma souffrance que je crachais à la gueule de tous. Je vous haïssais
de la maudire alors que je souffrais de savoir la perdre tellement elle m’était
nocive. La désintoxication est une panse de libération toxique, douloureuse, eh
bien, vous allez tous souffrir avec moi puisque vous m’aimez dites-vous. Je fus
sans doute le patient le plus infect de tout l’hôpital au point où ils dirent m’attacher
au lit la nuit. Et les infirmières, comme un gage de la qualité de leur travail
m’exhibait leur patience, leurs sourires, leurs beaux visages. Et moi, dans la
douleur de mon inconscience d’être abandonné par celle que j’aimais, je passais
mon temps nu, vulgaire, sale. Je ne voulais aucune trace d’humanité auprès de
moi alors que la souffrance infinie était en moi. Je regrettais peut-être d’avoir
survécu et donc de souffrir, je leur en voulais de me maintenir dans cet état
que je haïssais. Mais laissez-moi donc partir, faite une faute professionnelle
lors d’une opération qu’en finisse de souffrir.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire