jeudi 12 mai 2022

De quoi Sarkozy est il le nom ? Par Alain Badiou

"La logique sous-jacente serait après tout la logique du parti unique. C'est d'ailleurs ça que notre président a en tête : rassembler tout le monde sous sa houlette. Et c'est bien naturel ! Dès lors que tout le monde accepte l'ordre capitaliste, l'économie de marché et la démocratie représentative comme des données aussi objective est indubitable que la gravitation universelle, et même plus encore, pourquoi monter la fiction de partis opposés ? Mon ami le philosophe slovène Slavoj Zizek a dit quelque part que ce qu'on avait pas compris, lorsqu'on a mis en scène l'opposition du stalinisme et de la démocratie parlementaire, c'est que le stalinisme et est l'avenir de la démocratie parlementaire. Nous y venons, lentement, tortueusement. Il y aura, il y a déjà, des accélérations. Après tout, les moyens techniques du contrôle des populations sont aujourd'hui tels que Staline, avec ses fiches manuscrites interminables, ses fusillades de masses, ses espions à chapeau, ses gigantesques camps pouilleux et ses tortures bestiales, apparaît comme un amateur d'un autre âge.

C'est aussi pourquoi il est difficile de se représenter notre président dans le rôle du géorgien : guide, ou petit père des peuples. Avec un look de cadre moyen d'une banque de seconde zone, comment faire ? Et pourtant, dans son genre sautillant, bavard, improvisé, on pourra dire un jour que Sarkozy à tenter d'être le grand bâtisseur de notre parti unique, l UUP, l'Union pour l'unanimité présidentielle. Pour qu'il réussisse, il suffirait que les rallier, les transfuges, les rats qui quittent le navire de la gauche en perdition, constitue petit à petit un flot, une marée, un tsunami de rats. En vérité, empiriquement, cela ne se produira sans doute pas à cette échelle dans les mois qui viennent. Mais c'est déjà la symboliquement. Un certain nombre de personnalités représente cette posture, cette possibilité. Nous avons les rats d'avant-garde pour la construction de l UUP. Ils ne font du reste que prolonger, achevé, dans sa forme définitive, on va ce mouvement de régénération contre-révolutionnaire initié, dès 1976, par la clique des "nouveaux philosophes"."



"Ce n est que surgisse une impuissance nouvelle. "Que faire, mon Dieu, que faire? est pour pas mal de gens une question désespérante depuis pas mal de temps. Mais cette fois, il y a une représentation très claire, très centrée, de l impuissance. L impuissance était effective,elle est maintenant avérée, et je crois _je suis optimiste- qu elle est avérée comme dimension intrinsèque de la démocratie électorale. C est sans doute pourquoi le coup frappe est sévère. La démocratie électorale avéré a quel point elle est un lieu où la cuisson c'est la règle, l'impuissance de ceux qui tentent de gouverner leur action et leur passion selon l'idée qu'après tout le réel est rationnel. tout le monde voit que la démocratie électorale n'est pas un espace de choix réel, mais quelque chose qui enregistre, comme une sismographie passive, des dispositions qui sont tout à fait étrangère on vouloir éclater, qui n'ont rien à voir avec la représentation qu une pensée réelle peut-on avoir des objectifs que la volonté poursuit.

Il est très frappant, et même, en dépit de leur unanimité sur ce point, il est surprenant, il est de fait consternant, de voir que les politiciens et les commentateurs ont immédiatement soulignés comme élément décisif l'importance numérique de la participation au scrutin. Ils n'ont pas dit, ce qui aurait été raisonnable :"les gens ont beaucoup voter, on se demande bien pourquoi, vu ce qui leur étaient offert". Non, ils ont dit : "grande victoire pour la démocratie." . Mais supposez que, dans un autre contexte, dans une autre époque (je prends cette comparaison parce qu'elle est bouffonne et usé), une énorme quantité de gens et voter, mettons, pour Hitler - c'est d'ailleurs arrivé-; que les électeurs se soient déplacés en masse pour aller faire ça ; aurait-il fallu parler d'une écrasante victoire de la démocratie ? En un sens très spécial, alors ! Si le nombre à lui seul exige qu'on le célèbre, alors cela veut dire que la démocratie est strictement indifférente à tout contenu. Quelle ne représente rien d'autre que sa propre forme, la mise en scène d'un élément numérique. Dans ces proclamations emphatiques, la réflexion, éventuellement morose, sur ce que les gens sont allés faire la est escamoter. je pense que quiconque en ce sens cet abondance du vote participe de la dépression générale. Il entérine qu'on ne puisse même pas vilipender c'est absurde de votants. Même pas dire :"si c'était pour nous faire le cadeau du trépidant maire de Neuilly, il aurait mieux fait de rester chez eux." On est obligé de se réjouir abstraitement : ils ont été votée en masse ! Bien sûr, ils ont ainsi organiser un désastre, dont nous subiront tous les conséquences qu'à la mitose, mais gloire à eux! Par leur nombre stupide , ils ont fait triompher la démocratie."

 

"En réalité, ce qui est la pressenti, sans que les gens puissent vraiment faire le pas, c'est que les élections sont au moins autant un instrument de répression que l'instrument d'expression qu'elles prétendent être rien ne produit une plus grande satisfaction des oppresseurs que d'installer les élections partout, que de les imposer, aux besoins par la guerre a des gens qui ne les ont pas demandé." 

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