"Il faut alors renverser le problème. Nous ne pouvons aller dans l'accord analytique sur l'existence du monde en direction d'une action normative quant aux qualités de ce monde. Le désaccord porte, comme tout vrai désaccord, non sur des propriétés, mais sur des existences. Face aux mondex artificiels et meurtriers dont "occident", ce mot maudit, nomme la disjonction, il faut affirmer dès le début, comme un axiome , comme un principe, l'existence d'un seul monde. Il faut dire cette phrase très simple :"il y a un seul monde". Cette phrase n'est pas une conclusion objective. Nous savons que, sous la loi monétaire, il n'y a pas un monde unique des femmes et des hommes. Il y a le mur qui sépare les riches et les pauvres. Cette phrase : "il y a un monde", est performative. Nous décidons qu'il en est ainsi pour nous. Nous serons fidèles à cette phrase. il s'agit de tirer les conséquences très dures et très difficiles de cette phrase très simple.
Une première conséquence, et même très simple concerne les gens d'origine étrangère qui vivent parmi nous. Cet ouvrier africain noir je vois dans la cuisine du restaurant, ou ce Marocain que je vois creuser un trou dans la rue, où cette femme voilée qui garde des enfants dans un jardin : tous ceux-là sont du même monde que moi. C'est le point capital. C'est là que nous renversons l'idée dominante de l'unité du monde par les objets, par les signes les élections, idée qui conduit à la persécution et à la guerre. L'unité du monde et celle des corps vivants et actifs, ici, maintenant. Et je dois soutenir absolument l'épreuve de cette unité : ces gens qui sont ici, différents de moi par la langue, le costume, la religion, la nourriture, l'éducation, ils existent dans le même monde, ils existent comme moi, tout simplement. Puisqu'ils existent comme moi, je peux discuter avec eux, et alors, comme avec tout le monde, il peut y avoir des accords et des désaccords. Mais sous la condition absolue de ce qu'ils existent exactement comme à moi, ce qui veut dire, dans le même monde."
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