dimanche 11 avril 2021

Le communisme de conseils ou conseillisme

Le communisme de conseils ou conseillisme est un courant marxiste anti-léniniste, pour qui les conseils ouvriers doivent s’organiser en pouvoir insurrectionnel et diriger la société : le terme marque l’opposition au « communisme de parti » et aux conceptions de Lénine pour qui seul le parti devait diriger la révolution et la société. Ce courant est parfois désigné par l’appellation « communisme de gauche ».

Ses références sont le luxemburgisme allemand, les conseils ouvriers, de paysans ou de communes pratiquées en Russie en 1905 et en 1917, lors de la révolution allemande en 1918-1919, ou l’expérience des conseils ouvriers de Turin en 1919, puis les conseils en Hongrie en 1956, etc.

Pour les conseillistes, les conseils ouvriers doivent être les seules structures organisant la société socialiste : les conseils ouvriers sont une forme de démocratie directe. Le communisme de conseils se réclame d’une continuité du mouvement ouvrier.

Outre la référence aux conseils ouvriers, les conseillistes se distinguent souvent par le rejet des syndicats, considérés comme des structures simplement réformistes, mais aussi par le refus de participer aux élections ou de soutenir les luttes de « libération nationale ». Le communisme de conseils refuse parfois l’antifascisme en tant qu’alliance avec la bourgeoisie. Pour certains, l’antifascisme, en abandonnant la lutte de classe, ne fait que faire le jeu du fascisme : seules la lutte de classe et la lutte contre le capitalisme peuvent permettre de combattre efficacement le fascisme. La démocratie bourgeoise est à cet égard considérée comme une forme spécifique du capitalisme pouvant se faire fascisme pour remettre en marche le processus capitaliste. Quant à l’URSS et aux différents pays dits « communistes », tous ces régimes sont pour les communistes de conseils des capitalismes d’état, voire des « fascistes rouges ». Les conseillistes considèrent parfois la révolution d’Octobre comme une « révolution bourgeoise » ou simplement un coup d’état.

Le communisme de conseils s’oppose aux concepts léninistes tels que le parti révolutionnaire s’affirmant d’avant-garde et le « centralisme démocratique », accusé d’être un centralisme bureaucratique. Les partisans du concept se réclament du mouvement ouvrier et de son histoire, et se caractérisent par un rejet du parlementarisme et nationalisme. Ils affirment que les conseils ouvriers surgissant dans les usines constituent une forme politique « naturelle » de démocratie à la base.

 

 

Le communisme de conseil en Allemagne et aux Pays-Bas

 

En octobre 1919, l’aile gauche est exclue du parti communiste d’Allemagne (KPD) au congrès d’Heidelberg. Elle fonde alors un nouveau parti communiste le 4 avril 1920 : le KAPD (Parti communiste ouvrier d’Allemagne).

Le 14 février 1920, les comités d’ouvriers se rassemblent dans l’Union générale des travailleurs d’Allemagne (AAUD). En 1921, l’AAUD regrouoe deux cent mille travailleurs. Dans les années qui suivent, l’AAUD perd la quasi-totalité de ses effectifs. Début 1921, Béla Kun, envoyé de l’internationale communiste, obtient l’accord du KAPD pour participer à « l’action de mars », une grève générale insurrectionnelle organisée par le parti communiste d’Allemagne sur instruction du Komintern : des militants du KAPD comme Max Hoelz et Karl Plattner s’illustrent dans des combats de rue très durs durant cette tentative de soulèvement, qui débouche sur un échec total. La stratégie « gauchiste » menée en Allemagne est condamnée par Lénine lors du congrès du Komintern en juin de la même année. Le KAPD rompt avec la III° internationale en juillet. En 1922, une partie du KAPD crée l’internationale communiste ouvrière, qui rassemble quelques organisations proches dont le parti dont le parti communiste ouvrier de Hollande.

En 1927, des communistes de conseils néerlandais fondent le Groupe des communistes internationaux GIK. En 1931, l’AAUD prend le nom d’Union communiste ouvrière d’Allemagne (KAUD). L’Union communiste ouvrière d’Allemagne (KAUD° ne regroupe alors plus que quatre cents militants.

Marinus Van der Lubbe, accusé par les nazis de l’incendie du Reichstag, est membre à cette époque d’un petit groupe conseilliste : l’Opposition ouvrière de gauche (LAO). La même année, le KAPD s’auto-dissout dans la KAUD. Marinus van der Lubbe est condamnée à mort. Il est exécuté le 10 janvier 1934. La KAUD disparait quelques mois plus tard, les militants se dispersant alors en une série de groupuscules. La Kommunistische Rate-Union et Rote Kampfer sont des groupes conseillistes de résistance contre le nazisme en Allemagne.

Le GIK s’auto-dissout en 1940 au moment de l’invasion des Pays-Bas par la Werhrmacht. Entre 1941 et 1943, un groupe trotskiste allemand, les Communistes révolutionnaires (RKD), s’alignent progressivement sur des positions conseillistes.

 

 

Le communisme de conseils en France

 

Les origines (1918 – 1945)

 

En France, le communisme de conseils apparait d’abord en novembre 1918 avec la création des conseils ouvriers de Strasbourg. L’Alsace est alors en période de flou, l’Allemagne vient de signer l’armistice et d’abandonner la région mais la France n’a pas encore pris possession des lieux.

Le premier groupe conseilliste est créé en mai 1919 sous le nom de « parti communiste français » (PCF). Ce petit groupe n’a rien à voir avec le PCF de la III° internationale. Il n’est pas reconnu par l’Union soviétique. A Paris, le PCF de 1919, principalement animé par Raymond Péricat, s’organise en « soviets d’arrondissement ». Le PCF de 1919 regroupe aussi bien des marxistes que des anarchistes. Il publie un journal hebdomadaire tiré à 20000 exemplaires. L’internationale. Le PCF de 1919 ne dure que quelques mois et disparait dès le mois de décembre. En avril 1920, les marxistes du PCF de 1919 créent un second PCF, tout aussi éphémère et qui devra disparaitre au mois de décembre au moment de la création de la section Française de la III° internationale (SFIC qui devient le PCF en 1943).

En 1929, un groupe bordiguiste français, Réveil communiste, s’aligne sur des positions conseillistes. Une quinzaine de conseillistes se rassemblent au mois d’août sous le nom de Groupes ouvriers Communistes (GOC). Les GOC publient L’ouvrier communiste. Les GOC disparaissent en 1931. André Prudhommeaux, Dori Prudhommeaux et Jean Dautry qui ont rompu avec les GOC publient successivement Spartacus (1931) et Correspondance internationale ouvrière (Nîmes, septembre 1932 – mai 1933).

En 1933, sur l’initiative d’un groupe local de la banlieue ouest de Paris, une conférence d’unification d’une douzaine de groupes d’opposants communistes et d’individus est organisée, aboutissant à une unification partielle. Quelques mois après, l’union communiste (UC) nait d’une scission, moitié-moitié, dans la Ligue Trotskystes qui avait participé à la conférence mais était restée indépendante. L’UC publie en novembre 1933, le N°1 de son journal L’internationale. Sitôt né, en décembre 1933, l’union communiste fusionne avec l’organisation fusionne avec l’organisation issue de la conférence d’unification. Après cette fusion, l’UC évolue rapidement vers le communisme de conseils, absorbant le seul petit groupe se réclamant alors de ce courant (autour de Bayard). L’UC recueille par ailleurs une partie notable des bordiguistes (italiens pour la plupart) parisiens. En 39, avant sa disparition, l’UC rejoint la position d’Anton Pannekoek ou KAPD, conservant le mot parti tout en rejetant la conception léniniste d’un parti dirigeant.

Certains conseillistes français participent en 1941 à la création du Groupe révolutionnaire prolétarien avec des anarchistes et des militants trotskystes. Un groupe conseilliste lié aux RKP allemands est créé en France en 1944 : l’organisation communiste révolutionnaire (OCR).

 

L’après-guerre ( 1945 – 1967)

 

En octobre 45, des contacts se rétablissent, pilotés en particulier par Jean Lastérade (ex de l’union communiste). Devant l’impossibilité de reconstituer l’UC quelques anciens membres de l’UC commencent des pourparlers avec les bordiguistes qui publient « l’Etincelle ». Ils finissent par intégrer, malgré son léninisme persistant, cette Fraction Française de la gauche communiste internationale (FFGCI), animée par Suzanne Voute et Albert Vega, dont le journal « L’internationaliste » a remplacé l’étincelle. Henri Chazé, ex-UC, est chargé de la correspondance internationale de cette organisation. La FFGCI cesse d’exister en 1951, la plupart des militants rejoignant Socialisme et barbarie.

En dehors de ces contacts entre militants « ultragauche » d’avant-guerre, c’est de la IV° internationale Trotskyste que sortent une bonne partie des militants des années 1960. C’est d’abord après la guerre le groupe «  Fomento obrero revolucionario », issu de la section espagnole de la IV° internationale (bolchévique-léninistes, à ne pas confondre avec le POUM qui ne fut jamais reconnu par Trotski) qui s’était illustré durant la guerre civile par son soutien au côté des amis de Durruti, aux insurgés de mai 37. Le groupe eut une certaine influence en France, surtout grâce à la présence en son sein du poète Benjamin Péret.

Après la disparition de l’OCR en 1947, le communisme de conseil réapparait en 1948 autour de certains membres de la revue Socialisme ou barbarie (S OU B) qui rompt alors à son tour avec le trotskysme en quittant le parti communiste internationaliste (PCI). Depuis de longs mois déjà, la fraction S OU B dénonçait le bureaucratisme de la direction du PCI et de la IV° internationale. Mais surtout, le groupe remettait en cause certains dogmes du trotskysme, notamment le caractère «  ouvrier » de l’état russe, et donc la défense inconditionnelle de celui-ci.

Guy Debord fonde l’internationale situationniste en 1957. L’internationale situationniste (IS) est une organisation à la fois conseilliste et libertaire qui prône le refus du travail et la révolution de la vie quotidienne.

Socialisme ou barbarie donne naissance en 1958 à deux groupes distincts, informations et liaisons ouvrières et pouvoir ouvrier. En 1960, informations et liaisons ouvrières prend le nom d’informations et correspondances ouvrières (ICO). Dans les années 196, un autre groupe conseilliste se constitue autour de Maximilien Rubel et Ngo Van : le groupe communiste de Conseils.

En 1965, des militants de Pouvoir ouvrier ouvrent une librairie dans le quartier latin : la vieille Taupe. Ils sont exclus de pouvoir ouvrier en 1967. La même année, deux ouvrages importants sont publiés par les situationnistes : la société du spectacle de Guy Debord et le Traité de savoir-vivre à l’usage des jeunes générations de Raoul Vaneigem. C’est aussi en 1967 que Socialisme ou Barbarie disparait. Des anciens militants de Socialisme ou barbarie créent alors un éphémère Communisme ou Barbarie qui ne dure que quelques mois et s’auto-dissout à la veille de mai 68.

 

 

1968-1975

En mai 68, la plupart des groupes mentionnés précédemment ont disparu ou sont en voie de disparition. Différents éléments radicaux seront cependant actifs, en particulier au niveau du Comité d'action travailleurs-étudiants installé à la Faculté de Censier. Il s'agit particulièrement d'éléments gravitant autour de La Vieille Taupe, du G.L.A.T. (Groupe de liaison pour l'action des travailleurs), ou des Cahiers de Mai. Dans les années qui suivent surgiront des groupes se réclamant de l'ultragauche, sans lien direct avec les anciens groupes. Le terme « conseilliste » sera principalement - mais pas exclusivement - utilisé par les groupes inspirés par les situationnistes. Cette floraison ne met pas un terme au courant historique de la gauche communiste germano-hollandaise, dont les écrits et théories seront progressivement re-découverts par une partie des groupes issus de mai 68. Globalement, beaucoup de groupes « conseillistes » nés peu de temps après 68 auront une existence éphémère qui se limitera à une unique publication, journal ou brochure. Durant cette même période, une partie de ces groupes participent à Informations et correspondances ouvrières (ICO), qui devient une sorte de fourre-tout de l'ultragauche. Une collaboration s'établit par ailleurs entre ICO et certains des éléments du Mouvement du 22 mars (ceux qui étaient proches du groupe anarchiste Noir et Rouge). Ceci amène à des affrontements avec des éléments du groupe des Enragés qui assistaient aux réunions d'ICO, débouchant sur le rejet des Enragés. Fin 1970, Révolution internationale, Les Cahiers du Communisme de conseils et l'Organisation conseilliste de Clermont-Ferrand quittent l'ICO pour se constituer en regroupement. Si la plate-forme d'unification publiée en 1972 ne fait pas référence à la nécessité d'un « parti révolutionnaire », ce concept sera ré-introduit progressivement dans le regroupement. Celui-ci évoluera vers une intégration dans Révolution internationale des deux autres groupes, qui conduira en 1974 au départ des principaux animateurs de ces deux groupes.

Pouvoir ouvrier finit par s'auto dissoudre à son tour en 1969. Certains militants issus de Pouvoir ouvrier se regroupent alors l'année suivante autour du bulletin La Voie, avant de créer en 1971 le Groupe marxiste pour le pouvoir des conseils de travailleurs (GMPCT) qui deviendra la « Gauche marxiste » contre l'avis des vieux de « Pouvoir ouvrier » qui ne voyaient pas l'intérêt de créer une nouvelle organisation. La Vieille Taupe et l'Internationale situationniste s'autodissolvent en 1972. La Vieille Taupe crée une nouvelle organisation, Le Mouvement communiste. La même année, le GMPCT prend le nom de Gauche marxiste, et publie le journal Lutte continue (membres dirigeants : Marcus, Serge CosseronPierre Souyri, Jean-Pierre Hébert). Informations et correspondances ouvrières, et la Gauche marxiste s'autodissolvent en 1973.

Le Mouvement communiste disparaît à son tour en 1974. En 1975, des anciens militants de Informations et correspondances ouvrières participent à la création du réseau Échanges et mouvement.

L’Organisation des jeunes travailleurs révolutionnaires (OJTR) avait été constituée par une poignée de jeunes travailleurs du PSU lors de l’été 1970, en tant qu'« organisation de masses » de ce parti en direction des jeunes travailleurs. Cette organisation entrera rapidement en crise, et une partie de ses membres sera influencé par l'ultragauche et le situationnisme. Ceux-ci seront à l'origine de la publication du texte « Le Militantisme, stade suprême de l'aliénation4 » en 1972, dans la perspective de dissoudre l'OJTR. En 1975-76, l'ex-OJTR publie « Un monde sans argent : Le Communisme5 ». L'auteur de ce texte, Dominique Blanc, animera ensuite King-Kong international (1976), qui changera de nom au deuxième numéro (1977) pour devenir La Guerre sociale.

Le groupe Pour une intervention communiste se constitue fin 1973 sur des positions proches de la Gauche allemande et une analyse de la société capitaliste se rattachant à celle de Rosa Luxemburg. De 1974 à son auto-dissolution en 1982, il publiera 38 numéros de la revue Jeune Taupe, ainsi qu'un nombre important de brochures, tracts, affiches. En 1981 une scission forme le groupe Volonté communiste, publiant le journal Révolution sociale (n° 1 paru en juin 1981). Après la dissolution du groupe, la majorité de celui-ci forme L'Insécurité sociale (groupe et publication, n° 0 paru en janvier 1982). L'Insécurité sociale se situe en rupture avec le milieu ultragauche, considérant que « si l'ultragauche a représenté après 68 un certain dépassement du gauchisme, dont elle s'est d'ailleurs alimentée, elle n'est à terme parvenue qu'à une variante radicale de celui-ci ».

Durant l'année 1974, une tendance - particulièrement présente à Bordeaux - se constitue à l'intérieur de l'organisation trotskyste Lutte ouvrière, à partir de la critique de la caractérisation de l'État russe comme « État ouvrier ». Ceci conduit le 3 novembre à la dissolution de la section de Bordeaux de Lutte ouvrière, et à la constitution le même jour du groupe l'Union ouvrière (U.O.), qui publie dès décembre un journal portant le même nom (sous-titré : pour l'abolition de l'esclavage salarié, 19 numéros de décembre 1974 à juillet 1976). À la même période, une des tendances de la LCR trotskyste rejette l'électoralisme de l'organisation, ainsi que son analyse de l'URSS. U.O. rompra l'année suivante avec les restes de léninisme qui persistaient à son origine et évoluera vers des positions proches de l'ultragauche puis du situationnisme. U.O. s'auto-liquide en octobre 1976. L'ex-U.O. se divise en plusieurs groupes chacun ayant sa propre presse : L'Injure Sociale (Paris, régions Nord et Est), L'ordre des choses (région centre), abolition de l'esclavage salarié (Sud-Ouest). Un bulletin de liaison - Chronique des révolutions de la Terre (n° 1, janvier 1977) - ne survivra pas à l'éclatement de l'ex-U.O.

Le groupe communiste de conseils (GCC) disparaît au cours des années 1970.

Parmi les publications se réclamant de la Gauche communiste ou conseillistes en France entre 1968 et 1975, on peut citer :

·       Alarma (FOR), reprenant les positions de Grandizo Munis

·       Les amis de 4 millions de jeunes travailleurs

·       Cahiers du communisme de conseils, édités à Marseille par Robert Camoin, 12 numéros d'octobre 1968 à novembre 1972

·       Informations et correspondances ouvrières (ICO)

·       Lutte continue (Gauche marxiste)

·       Lutte de classe (GLAT)

·       La Marge et Vroutsch (à Strasbourg)

·       Négation

·       Pour le pouvoir international des conseils ouvriers (PPICO), 9 numéros de 1972 à 1974

·       Pour une critique révolutionnaire, diverses publications et affiches de 1968 à 1972

·       Pour l'organisation conseilliste (GRCA), 1970

·       Révolution internationale

À partir de 1976 deux tendances vont se développer parallèlement, tout en étant souvent confondues (confusion parfois entretenue par une partie des groupes ultragauche eux-mêmes) : une revendication de l'Autonomie ouvrière (par ailleurs position centrale du communisme de conseils depuis ses origines) se concrétisant dans cette période par l'apparition sur quelques entreprises de groupes de travailleurs en dehors et contre les syndicats; un mouvement dit « Autonome » ou de « l'Autonomie » dans lequel se retrouvent différents courants issus de la crise du gauchisme (tant anarchistes que léninistes) soudés par un activisme assumant certaines modalités d'une violence prolétarienne.

Seule la première de ces deux tendances peut se rattacher au communisme de conseils, bien que des éléments proches de l'ultragauche aient pu participer à la seconde. Sur la formation de « Groupes Autonomes Ouvriers » dans cette période, voir l'article « Autonomie ouvrière ».

Depuis 1975[

De 1986 à 1994 le comité des mal-logés met en pratique dans ses luttes, ses occupations d'immeubles HLM, et son organisation interne les principes du communisme de conseil, il fédéra plusieurs dizaines d'immeubles en lutte et regroupa jusqu'à cinq cents mal logés de toutes origines géographiques à Paris et Banlieue de 1986 à 1994. Son organisation était de type conseilliste, toutes les décisions étaient prises en assemblée générale avec refus de délégation de représentativité, ses membres sur leur lieu de travail, majoritairement dans les entreprises de nettoyage (COMATEC par exemple), se fédéraient à la CNT. Une dizaine de ses militants s'est réunie pour rédiger une brochure de bilan de cette expérience, lorsque scission et dissolution ne faisaient quasiment plus de doute tant les forces politiciennes de la gauche de gouvernement s'étaient liguées, selon les membres du comité, pour obtenir sa dislocation6.

Parmi les revues d'ultragauche publiées en France après 1975, on peut citer :

·       Jeune Taupe (1974-1982), revue du groupe Pour une intervention communiste (PIC).

·       L'Insécurité Sociale, (1982-1987), suivie de Interrogations pour la communauté humaine (1988-1991).

·       King-Kong International (1976), suivi de La Guerre Sociale (1977-1982).

·       Autonomie ouvrière pour l'abolition du salariat, suivi de Bulletin Critique, revues éditées par le Cercle Marxiste de Rouen (1976-1979).

·       Théorie Communiste (1977).

·       Temps critiques (1989).

·       L'Assommoir, sept numéros entre 1978 et 1985.

·       Le Frondeur (1980).

·       Le Brise-glace (1988-1990).

·       Oiseau-tempête (1997).

·       Sans qu'elle puisse être directement cataloguée comme revue ultragauche, différents militants de ce courant (organisés par exemple dans le groupe PIC ou à titre individuel comme Galar) participeront à la rédaction de la revue Spartacus éditée à partir de décembre 1976 par René Lefeuvre.

Le début des années 1980, est marqué par l'établissement de rapports « détendus » – ou de confiance – entre différents groupes, y compris certains groupes « anarchistes » qui se sont rapprochés du communisme de conseils. Par exemple, un tract du mois de mars 1980 (« Derrière le chantage à la 3e guerre mondiale, le renforcement de l'exploitation capitaliste ! ») réunit : Cercle marxiste de Rouen, Groupe Commune de Kronstadt de la Fédération anarchiste, un groupe de l'Organisation communiste libertaire, Groupe de Travailleurs pour l'Autonomie Ouvrière, L'Action Communiste, Le Frondeur, Pour une intervention communiste, ainsi que deux groupes « étrangers » (Collectif pour l'Autonomie ouvrière de Madrid, Collectif Subversif d'Amsterdam).

En 1994, un bar d'ultragauche a été ouvert à Paris : La Bonne Descente, d'abord à Clichy, puis transférée dans le 19e arrondissement en 1995La Bonne Descente a fermé en 1997.

Dans les années 2010, le réseau Échanges et Mouvement issu d'Informations et Correspondances Ouvrières continue à publier depuis 1975 la revue Échanges et Mouvement et le bulletin Dans le monde une classe en lutte.

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