"Vous savez qu’un visage n’est pas un domicile mais un lieu de passage où, je vous l’ai dit, peuvent tour à tour s’installer je et tu et il et pourquoi pas nous afin de rassembler le collectif de nos contradictions ? Vous devriez deviner combien j’ai cherché à me perdre, à me pulvériser, et qu’il y avait, sans que je le veuille, une correspondance entre ce désir d’autodestruction et ma façon de peindre en donnant la priorité totale au rythme. Vous savez que la composition s’apprend tandis que le rythme échappe, qu’il vous emporte, qu’il exige une confiance furieuse et qu’il y répond en permettant d’incorporer ses fantasmes et d’infuser dans les formes un contenu symbolique. Vous devinez donc que l’instinct rythmique conduit à mettre en avant les pulsions, les élans, les soupirs de la bouche d’ombre plutôt que la ressemblance, l’imitation de la réalité ou le développement des choses concertées. Vous en déduirez que mon goût permanent pour le dessin automatique est lié à ma fidélité à cet instinct mais que cela n’interdit pas la venue des figures sans doute, comme je vous l’ai dit, parce qu’elles sont chez moi des apparitions et non pas des copies."
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