Au sens propre, ce mot sert
à désigner le mode selon lequel sont disposées les diverses parties d'un corps,
pour l'accomplissement des fonctions auxquelles il est destiné. Exemple :
l'organisation du corps humain. Au sens figuré, il sert à désigner le plan et
la division du travail à effectuer en vue d'une réalisation quelconque, ou en
vertu duquel cette réalisation est opérée. Exemple : l'organisation d'un
congrès ; l'organisation politique d'une société. Le mot organisation est
employé aussi pour désigner tout groupement formé en conformité d'un plan, et
qui s'occupe d'en atteindre les objectifs. C'est ainsi que l'on dit : les
organisations syndicales, pour désigner les groupements formés dans cette
intention.
Une organisation qui se
forme suppose un but poursuivi par elle et, nécessairement, des règles précises
en conformité de ce dernier. 'Une organisation rationnelle est celle dans laquelle
le but étant bien nettement défini, et les moyens de réalisation reconnus,
après mûr examen, conformes aux données de l'expérience, chacun est appelé à
remplir le rôle le plus en rapport avec ses aptitudes, dans la parfaite
harmonie d'action de l'ensemble. Une organisation défectueuse est celle dans
laquelle, le but étant mal précisé, et le choix des moyens d'action laissé au
hasard, il y a confusion, désordre et, finalement, gaspillage de temps et
d'énergie en luttes intestines. Une organisation est disciplinée lorsque chacun
de ses membres, se rendant compte, tant de l'intérêt du résultat recherché, que
de l'importance de sa fonction propre, place au-dessus de toute autre
considération le succès de l'œuvre entreprise et se conduit en conséquence, quitte
à faire bon marché de certains désirs personnels.
Il n'est pas nécessaire
qu'une organisation, pour fonctionner correctement, ait à sa tête un despote,
mais l'observation des faits démontre qu'elle ne prend naissance et ne se
développe qu'à la condition que des individus actifs, des animateurs doués
d'initiative, et possédant des aptitudes particulières d'administration, lui
donnent vie el lui assurent la prospérité. S'ils disparaissent et ne sont point
remplacés, l'organisation périclite, des dissensions éclatent, et les éléments
du groupe se dispersent.
Pour mener à bien un plan
d'organisation, il est d'une importance capitale de ne pas tenir compte
seulement des conclusions d'une logique abstraite, ou des appels du sentiment,
mais encore et surtout des ressources comme des périls, offerts par le milieu
particulier dans lequel on se propose d'agir, à une époque donnée. La psychologie
des peuples latins n'est pas celle des germains ou des slaves. La mentalité du
paysan n'est pas celle de l'ouvrier des villes. Les possibilités offertes par
un milieu éduqué et sensible ne sont pas celles offertes par un milieu
illettré, superstitieux et brutal. Il a été dit : « Etre c'est lutter, vivre
c'est vaincre. » Il n'en est pas moins vrai que pour être avec persistance, et
pour lutter avec succès, il faut se placer dans certaines conditions requises
par la nature de ce dont nous sommes environnés. Il n'est pas d'être vivant qui
puisse, sans se condamner lui-même à mort, échapper à la règle d'un minimum
d'adaptation au milieu naturel dans lequel il évolue.
Il en est de même pour les
organisations les plus diverses, à l'égard de l'ambiance sociale, et des
conditions économiques, dans lesquelles elles sont appelées à se développer.
Une des principales causes du malaise dont souffrent, en 1931, les grandes
nations civilisées provient, de ce que, au siècle du machinisme à outrance, on
s'obstine à conserver une organisation de la production, et de la consommation,
plus en rapport avec les époques d'artisanat qu'avec le siècle des grandes
usines perfectionnées. –
Jean MARESTAN
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