"Il savait aussi bien plier l’expression à sa volonté que la nuancer à l’infini : je suis donc fondée à l’accuser d’avoir seulement fait semblant de passer aux aveux, et de manière à barrer très efficacement les voies d’accès à son expérience. Il avait quant à lui connu cette expérience par effraction dans ce moment de sa jeunesse où la poésie n’était pour lui qu’une chose de rythme et d’émotion, une sorte de véhicule gratuit pour sortir de la routine et du confort bourgeois. Il avait cependant assez d’exigence déjà pour ne pas se contenter, comme la plupart, d’un simple épanchement ou de scansions de pure rhétorique : il voulait une condensation qui précipitât la matière verbale à grande vitesse pour qu’elle rende toute son énergie, et c’est alors qu’a dû survenir le fameux événement que ma propre vie voudrait connaître."
" Il n’a rien laissé, nulle part, rien dit à part : « Brûlez ! » Il m’a donc condamnée à la solitude cependant qu’il privait mon deuil du secours principal qu’eût été la charge de porter son mystère."
"Il la troublait en lui expliquant que dire adieu à ce qui est là, c’est dire bonjour à ce qui n’est pas là, et qui va pouvoir venir occuper la place. Il a dû creuser son vers jusqu’à voir apparaître l’autre côté, ce nouvel espace qui est l’envers du langage. Il me demandait : que faisait selon toi la main quand l’écriture n’existait pas encore en elle pour la rendre capable de traverser le présent ?"
"
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