"J’ai trop de nez, trop de seins, trop de hanches, trop pour un monde où compte seulement la peau, mais c’est avec ce nez, ces seins et ces hanches que je construis un corps assez souple pour se glisser dans toutes les têtes. Je crois que la beauté n’est pas une chose belle."
"J’ai un tel appétit de vie que je n’aurais jamais pu me suffire à moi-même en n’étant que moi".
"Je pense qu’à l’âge qui est le mien, je devrais jouer ma propre vie. Je suis prise d’effroi en y pensant, cela prouverait que je ne suis pas plus celle que vous croyez que celle que je crois être. J’ai peur tout à coup de voir venir une revenante, et je tremblerais devant elle parce qu’elle ne serait ni l’enfant, ni la femme, ni l’amante, mais une espèce d’hydre agitant les mille têtes qui furent d’autant plus les miennes qu’aucune ne l’était vraiment : je les essayais une à une, voilà tout, et elles m’allaient aussi bien l’une que l’autre."
"J’imaginais le dernier soleil tombant au bout du dernier vers et son dernier rayon m’épinglant sur place pour toujours. J’aimais cette image. J’ai proposé à Fellini de la réaliser, mais il s’est contenté de me faire passer dans une ruelle déserte et de me planter là, devant une grande porte de bois. Je le soupçonne d’avoir projeté de me clouer sur cette porte comme une chouette. Je l’ai même provoqué : Vas-y, crucifie-moi, j’ouvre les bras ! J’ai fait le geste, et il a eu ce rire obscène qui change la substance des images en poudre charnelle."
"Je sais que le spectateur voit l’invisible mais il ne le sait pas : il ne voit que ma colère ou mon amour ou ma révolte sans savoir davantage qu’ils sont en lui quand il croit les regarder en moi. Je n’ose dire que le spectateur est ma marionnette parce qu’il faudrait alors récrire le paradoxe en l’attribuant cette fois au spectateur. Je pense à mon premier mari – non, ce n’était pas le premier mais le premier qui soit célèbre et qui m’ait fait jouir. Je n’avais pas jusqu’ici aligné côte à côte ces deux considérations. Je crains tout à coup d’avoir à les rapprocher, d’avoir à me dire, à oser me dire, qu’il m’a fait jouir parce qu’il était célèbre."
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