Défaut de
capacité, d'aptitude, d'intelligence, d'habileté ; manque de
qualités suffisantes. La plupart des politiciens se sont montrés,
quand les circonstances les ont portés au pouvoir, dans l'incapacité
- compliquée d'ailleurs d'intéressé mauvais vouloir - d'appliquer
leur programme. Les théories réformistes ou révolutionnaires à
base autoritaire : radicales, socialistes ou communistes, ont montré,
plus encore que l'incapacité des chefs et des membres des partis,
l'insuffisance flagrante de leur programme dans la solution du
problème social. Tous disent, car ils entendent bien en être les
chefs, que la classe ouvrière est incapable de se conduire seule,
qu'il faut une élite, un parti politique, une assemblée d'hommes
suffisamment intelligents pour la diriger. Mais si le milieu social
paralyse son éducation et rend difficile sa culture générale, des
hommes, issus d'elle et demeurés parmi elle, ont, dans le domaine
propre de la production, des connaissances et des ressources
techniques auquel ne peut suppléer le verbiage des meneurs
professionnels. Et leur compétence pratique en face des problèmes
du travail, leur capacité organisatrice sont des qualités précises
qui manquent à la plupart des dirigeants, éloignés par leur
situation des véritables intérêts du peuple. Les radicaux et les
républicains-socialistes mettent leur confiance dans la démocratie
sociale parlementaire ; les socialistes révolutionnaires et les
communistes proposent au lendemain de la révolution une dictature
d'Etat exercée par leur parti au nom du prolétariat. Radicaux et
républicains-socialistes ont été et sont encore, en France,
politiquement régnants : les travailleurs n'en continuent pas moins
à être aussi malheureux qu'auparavant. En Russie, les bolchevicks
sont au pouvoir depuis dix ans passés ; et les tentatives
d'application du socialisme d'Etat ont démontré que la classe
ouvrière continuait à être, là aussi, tenue, en état de
vassalité. Il y a là, d'ailleurs, outre l'inaptitude et
l'impuissance à transporter d'emblée, dans les faits, des systèmes
prisonniers de doctrines artificielles, la désagrégation des
meilleures volontés par l'atmosphère des cimes et l'impossibilité
d'élever et de maintenir tout un corps d'institutions nouvelles qui
ne soit la consciente émanation des masses intéressées. Par ses
coopératives de production et de consommation, la classe productrice
a, au contraire, fait la démonstration formelle (encore qu'elle ait
été faussée par le système actuel de la coopération) qu'elle
avait les capacités nécessaires pour assurer la gestion de ses
œuvres. (Voir Coopérative). L'incapacité, pour les ouvriers, de
gérer l'usine sans techniciens, est encore une affirmation gratuite.
La plupart, pour ne pas dire tous, des progrès réalisés dans le
machinisme, ne sont pas les œuvres d'ingénieurs diplômés. Ce sont
les ouvriers eux-mêmes qui, en travaillant, ont imaginé pour leur
facilité de travail ou pour le plus grand rendement de leur
production, le plus grand nombre des perfectionnements apportés dans
l'industrie. Le grand usinier Ford en fait du reste l'aveu dans son
livre de mémoires. AU POINT DE VUE JURIDIQUE, l'incapacité consiste
en la privation de l'exercice de certains droits. C'est ainsi que les
femmes mariées et les mineurs sont frappés d'incapacité juridique
: ils n'ont pas le droit d'intenter une action judiciaire. Les femmes
sont incapables civiquement, car elles n'ont pas, en France, le droit
de vote, ni d'éligibilité. Cette incapacité civique de la femme ne
nous attriste pas : c'est assez de l'obstination des hommes dans
l'impasse de la politique. La femme a, du reste, comme l'homme,
toujours la faculté de se révolter. Que ne l'y entraîne-t-elle sur
le chemin de leur commune égalité?
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