La mort de Malatesta
"AUJOURD’HUI,
le célèbre anarchiste Errico Malatesta est décédé à Rome. Je
demande que la surveillance sur les éléments anarchistes et
subversifs soit intensifiée, afin d’empêcher tout type de
manifestation éventuelle. Je recommande la plus grande attention,
étant donné que Malatesta avait beaucoup de partisans, qu’il
était ici depuis plusieurs années et qu’il faisait une propagande
efficace. Je demande à être informé dès qu’un incident aura
lieu."
Commissaire
de police Cibelli, d’Ancône, 22 juillet 1932.
[…]
Il semblait mieux, le danger avait disparu, mais il dépérissait de
plus en plus, on le voyait tous les jours, il était chaque fois plus
abattu. Mais lui, il ne croyait pas mourir maintenant, et il eut une
autre crise du côté droit qui l’étouffa. Pauvre Errico, comme il
a souffert ! […]
Dès
la mort d’Errico, la police prit toutes les précautions pour
ne pas le faire savoir, des renforts arrivèrent, l’identité de
tous ceux qui approchaient notre porte était vérifiée. Cependant,
des gens venaient, certains regardaient de loin et d’autres
passaient rapidement devant la porte cochère entrebâillée. Les
obsèques eurent lieu le samedi 23 à 15 heures, l’itinéraire
fut fixé par la police et tout du long et à chaque coin de rue, il
y avait des carabinieri
et des policiers en civil pour empêcher les camarades de se trouver
« par hasard » sur le passage. Le trajet fut ainsi jusqu’au
cimetière, où il y avait un grand déploiement de forces qui
attendaient. Le cercueil était suivi par trois voitures de parents
et d’amis, la voiture de police pleine de policiers qui étaient
toujours derrière Errico, 
un
fourgon et des policiers en bicyclette devant et derrière […].
Il
y a maintenant, près de la tombe d’Errico, des policiers,
tout comme de son vivant. Ils prennent l’identité de tous ceux qui
osent s’approcher de la fosse. Il a été amené sans croix et,
cependant, il y en avait une sur sa tombe. Je l’ai fait enlever, et
j’ai dû remplir et signer une déclaration selon laquelle j’étais
sa femme et que j’avais fait enlever la croix. Nous l’avons fait
placer dans la partie commune au milieu du peuple humble et
déshérité, au milieu de ce peuple où il vécut, où il passa
toute sa vie et pour lequel il donna la vie."

 
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