samedi 5 octobre 2019

Errico Malatesta: Lettre d’Elena Melli, compagne de Malatesta, à Gigi Damiani, 28 juillet 1932


La mort de Malatesta

"AUJOURD’HUI, le célèbre anarchiste Errico Malatesta est décédé à Rome. Je demande que la surveillance sur les éléments anarchistes et subversifs soit intensifiée, afin d’empêcher tout type de manifestation éventuelle. Je recommande la plus grande attention, étant donné que Malatesta avait beaucoup de partisans, qu’il était ici depuis plusieurs années et qu’il faisait une propagande efficace. Je demande à être informé dès qu’un incident aura lieu."

Commissaire de police Cibelli, ­d’Ancône, 22 juillet 1932.

[…] Il semblait mieux, le danger avait disparu, mais il dépérissait de plus en plus, on le voyait tous les jours, il était chaque fois plus abattu. Mais lui, il ne croyait pas mourir maintenant, et il eut une autre crise du côté droit qui l’étouffa. Pauvre Errico, comme il a souffert ! […]
Dès la mort ­d’Errico, la police prit toutes les précautions pour ne pas le faire savoir, des renforts arrivèrent, l’identité de tous ceux qui approchaient notre porte était vérifiée. Cependant, des gens venaient, certains regardaient de loin et d’autres passaient rapidement devant la porte cochère entrebâillée. Les obsèques eurent lieu le samedi 23 à 15 heures, l’itinéraire fut fixé par la police et tout du long et à chaque coin de rue, il y avait des carabinieri et des policiers en civil pour empêcher les camarades de se trouver « par hasard » sur le passage. Le trajet fut ainsi jusqu’au cimetière, où il y avait un grand déploiement de forces qui attendaient. Le cercueil était suivi par trois voitures de parents et d’amis, la voiture de police pleine de policiers qui étaient toujours derrière Errico,
un fourgon et des policiers en bicyclette devant et derrière […].
Il y a maintenant, près de la tombe ­d’Errico, des policiers, tout comme de son vivant. Ils prennent l’identité de tous ceux qui osent s’approcher de la fosse. Il a été amené sans croix et, cependant, il y en avait une sur sa tombe. Je l’ai fait enlever, et j’ai dû remplir et signer une déclaration selon laquelle j’étais sa femme et que j’avais fait enlever la croix. Nous l’avons fait placer dans la partie commune au milieu du peuple humble et déshérité, au milieu de ce peuple où il vécut, où il passa toute sa vie et pour lequel il donna la vie."

Lettre d’Elena Melli,
compagne de Malatesta,
à Gigi Damiani, 28 juillet 1932




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