Absence de
toute action, de toute activité. Dans le domaine scientifique,
l'inaction n'existe nulle part. Depuis le minéral jusqu'à l'être
animal, tout se meut, tout s'agite. L'air, l'eau, le feu, la terre,
tout ne donne que spectacle de vitalité et d'activité continuelles.
La mort même de l'être ne confère pas au corps une inaction
totale. La Nature est dans un perpétuel état de gestation ; la
matière engendre la matière, les fluides eux-mêmes ne sont que le
champ d'activité extraordinairement dense des molécules qui les
composent. Dans le domaine social, il n'en est malheureusement pas de
même. Alors que les politiciens de toutes nuances s'agitent, se
démènent, complotent, s'insinuent, pour arriver à leurs fins ;
alors que le patronat s'arme, se fortifie et se prépare pour la
répression au moindre mouvement de revendication ; alors que tous
les privilégiés font peser plus lourdement que jamais leur talon de
fer sur la classe ouvrière, il en est qui restent, drapés dans leur
splendide isolement, en dehors de la mêlée ; il en est d'autres,
timorés, que toute action effraye ; il en est encore, résignés,
qui trouvent que « cela pourrait aller plus mal ». La classe
ouvrière doit mener une lutte incessante contre ceux qui
l'asservissent ; à chaque minute qui s'écoule doit correspondre un
effort de propagande dans le but d'éclairer le prolétariat sur son
intérêt, sur sa tâche et sur sa voie. Il faut constamment lui
indiquer l'action à mener pour son émancipation et celle de
l'humanité. Les meneurs des partis politiques d'extrême-gauche
exhortent véhémentement les ouvriers à l'acte de révolte, mais
quand va se déclencher le mouvement, à l'heure de passer aux actes,
ils disent : « Soyez calmes!, n'écoutez pas les provocateurs! »,
prêchant ainsi une inaction coupable à l'instant décisif. Par la
parole et par l'action les anarchistes font constamment œuvre
révolutionnaire. Ils disent aux exploités : « Défiez-vous des
politiciens qui veulent bien accepter tous les profits d'un mouvement
de révolte, mais qui font tout pour n'avoir pas à en supporter les
inconvénients. Les discours, les protestations écrites ou verbales,
les manifestations en vase clos ne peuvent, en aucune manière,
amener de changement social. Seule compte l'action - conditionnée
par une éducation préalable - , car seule l'action énergique et
décidée fait hésiter les capitalistes, comme seule elle peut
transformer la société ». Aussi les anarchistes sont-ils combattus
vivement par tous les politiciens qui se contentent de l'agitation
verbale et vivent grassement de l'inaction de leurs victimes.
L'inaction, c'est l'acceptation du fait accompli. Une action directe,
autonome, révolutionnaire, sera seule salvatrice du monde du
travail.
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