Art
de multiplier l’écriture au moyen d'empreintes provenant de
caractères mobiles. Lieu où l'on imprime. Commerce, état,
connaissances de l'imprimeur. L'invention de l'imprimerie, le plus
beau titre de gloire du XVème siècle, et peut-être de tous les
siècles, le fait le plus mémorable du savoir universel, ce
merveilleux procédé, vainqueur du temps et de l'espace, qui
reproduit à l'infini les travaux de l'esprit et les inspirations du
génie, qui doit avoir pour mission de rendre la barbarie impossible
et la vérité immortelle devait retenir particulièrement notre
attention. « Trois phases, a écrit Paul Dupont, ont marqué les
progrès des connaissances humaines : 1° le langage, qui sert aux
hommes à exprimer leurs pensées par l'organe de la voix ; 2°
l'écriture, qui peignit la parole ; 3° l'imprimerie, appelée à
multiplier les signes des pensées et à les rendre impérissables ».
La découverte de l'imprimerie, pour reprendre le mot d’A.
Firmin-Didot, sépara le monde ancien du monde moderne et ouvrit un
nouvel horizon au génie de l'homme. L'imprimerie, plus que les
autres découvertes dont les répercussions sont du domaine matériel,
a élevé d'une façon générale le niveau de l'intelligence
humaine. L'instruction, qui était autrefois le privilège de
quelques riches, a été mise au service des pauvres grâce à
l'imprimerie qui a également permis à toutes les applications de la
science de se répandre à travers le monde. « L'Imprimerie! Qui
dira sa puissance et son influence sur les destinées de l'humanité?
Avant cette découverte, la science était un sanctuaire impénétrable
au plus grand nombre. On comptait les adeptes initiés à ses
mystères. Sous le nom de sciences occultes, l'erreur et l'imposture
avaient aussi les leurs. L'Imprimerie parait et la face du monde
intellectuel est changée. Un nouveau flambeau, allumé pour les yeux
de l'esprit, court l'épandre le jour chez tous les peuples de la
terre. L'Imprimerie, rayonnant en tous sens dans le vaste domaine de
l'intelligence, en perce les profondeurs, en dissipe les ténèbres.
Dès lors, on n'eut plus à redouter ces retours de la barbarie
victorieuse sur la civilisation expirante. Dès lors, les secrets du
savoir, étalés sous les yeux de tous, furent en principe
accessibles à chacun. Le besoin de s'instruire s'accrût en
proportion des moyens de le satisfaire. De leur abondance naquit
l'esprit de discussion et d'examen, qui a mis au néant tant de
préjugés et remis tant de vérités en honneur. Les livres, aidés
de la liberté qui fut en partie leur ouvrage, ont opéré cette
heureuse révolution parmi les hommes » (C. Michaux). Que dire du
rôle social de l'imprimerie? C'est Philarète Chasles qui semble le
définir de la façon la plus concise : « Quelle volupté délicate
s'offrit tout à coup aux intelligences quand elles purent disposer
en souveraines de tout ce que le monde a jamais produit d'idées!...
Les vrais et grands résultats de l'Imprimerie se trouvent ailleurs.
Elle appartient essentiellement au peuple ; elle popularise les
connaissances en atomes imperceptibles, elle les répand dans
l'atmosphère comme un arôme subtil qui pénètre en dépit
d'elles-mêmes les intelligences les plus vulgaires. L'indépendance
de l'esprit en est la conséquence nécessaire et la faculté de
l'insurrection s'y rattache. Tout comprendre! Tout savoir! L’arbre
de la science accessible à tous! Dès le commencement du XVIème
siècle, les puissants virent ce que c'était que l'Imprimerie ; ils
avaient eu d'abord pour elle une grande admiration, ils en eurent
peur… Une fois la lumière faite, comment l'éteindre? Que tenter
contre cette seconde délivrance de l'homme, comme l'appelait Martin
Luther? » L'admiration des hommes envers l'œuvre de Gutenberg et de
ses disciples se perpétue jusqu'à nos jours. Nous ne saurions citer
de plus belle page à la gloire de l'Imprimerie que les paroles
prononcées par M. Georges Renard, professeur au Collège de France,
au cours de sa leçon d'ouverture de l'histoire du Travail : « On ne
saurait trop magnifier l'importance de la l'évolution que
l'Imprimerie opéra dans les choses de l'esprit. Les historiens
s'accordent à signaler la Typographie comme une découverte d'une
portée incalculable, comme un bienfait immense, comme une fontaine
de Jouvence renouvelant le mon je de la pensée… Dès son
apparition, elle est saluée de cris de colère et de cris
d'enthousiasme, Elle est maudite par l'armée des copistes qu'elle
ruine et condamne presque à mort. Elle est, par le reste de la
population, prônée, vantée, célébrée comme une merveille plus
divine qu'humaine… Avant tout, elle est la conservatrice de ce
qu'ont fait et pensé les générations disparues. Les hommes, de
tout temps, ont essayé d'entrer en rapports avec les maris et ceux
de nos jours, encore, n'ont pas renoncé à les évoquer. Eh bien!
L’Imprimerie nous met en communication avec ces êtres invisibles ;
elle ressuscite pour nous les esprits ; elle perpétue, en les
multipliant, les œuvres qu'ils ont conçues ; elle assure la durée
à la connaissance des phases qu'a traversées la civilisation
humaine ; elle est l'auxiliaire la plus précieuse de l'histoire ;
elle doue d'une vie illimitée les documents à demi-effacés qui
nous arrivent du fond des âges… Grâce à elle, les trésors
d'expérience amassés par nos ancêtres ne risquent plus d'être
perdus. On l'a parfais appelée l'invention-mère des temps modernes,
parce qu'elle fait naître d'autres inventions en répandant celles
qui sont déjà connues. ... La grande vulgarisatrice a reproduit par
milliers, par millions d'exemplaires les rêves des poètes, les
méditations des philosophes, toutes ces productions du génie humain
qui font les délices et la consolation des lettrés, qui peuplent la
solitude et remplissent de voix le silence du liseur enfermé dans
son cabinet de travail, qui charment, exaltent et inspirent les
nouveaux venus du monde intellectuel. Elle a mis à la portée de
tous, en popularisant les œuvres d'art, des jouissances qui
semblaient l'apanage d'une petite aristocratie. « Sur le présent,
l'Imprimerie exerce une influence tout aussi considérable. Elle est
la grande informatrice ; elle donne des ailes à la pensée ; elle
est, comme disait Sieyès, pour l'immensité de l'espace ce qu'était
la voix de l'orateur sur les places publiques d'Athènes et de Rome ;
elle porte la parole humaine par-dessus les montagnes et les mers
jusqu'aux confins de la planète. Puis elle incite au savoir et elle
le facilite ; elle a de toutes parts fait surgir les écoles. Elle
transfigure la bête à deux pieds que fut l'homme primitif en un
être de plus en plus cérébral ; elle tend à faire prédominer
l'intelligence sur la force brutale, le pouvoir de la raison sur
celui des épées. Mais surtout elle est créatrice de l'avenir. Elle
est une semeuse d'idées et d'aspirations nouvelles. Sans son aide,
Luther eût été brûlé comme le fut Jean Hus, la Révolution
française n'eût été qu'un feu de paille. N'est-ce pas Rivarol
qui, frappé de sa puissance combative, la dénommait : l'artillerie
de la pensée? « ... Elle est un instrument de progrès indéfini
qui peut sans doute être détourné de sa véritable et bienfaisante
fonction mais qui, manié comme il faut, a produit et produira encore
de quoi réjouir, consoler et guider les hommes, de quoi les rendre
plus maîtres de la nature et d'eux-mêmes, plus justes, plus heureux
et meilleurs ». C'est bien là notre désir le plus cher et aussi
notre espoir le plus vif. Il ne faut pas que l'Imprimerie demeure ce
qu'elle est : 1e meilleur instrument de conservation sociale mis au
service des gouvernants. L'Etat qui, en réalité, détient le
monopole de l'enseignement, éduque les enfants au moyen de livres
appropriés, et le Capital, qui détient le monopole de la presse,
inculque à la foule les préceptes propres à la domestiquer. Ainsi
que l'a fort bien dit Voltaire : « C'est un grand inconvénient
attaché au bel art de l'imprimerie que cette facilité malheureuse
de publier les impostures et les calomnies ». Quoi qu'il en soit,
nous faisons confiance à l'avenir. L'imprimerie est dans une faible
mesure au service du peuple ; elle le deviendra tout à fait. Après
avoir contribué à obscurcir les cerveaux en répandant les
absurdités théologiques, après avoir servi les forces de
régression sociale, elle apportera la lumière aux générations
futures et, suivant le mot de Sieyès, changera la face du monde.
HISTORIQUE. - L'Imprimerie qui a le plus contribué à fixer les
faits de l'Histoire, est restée entourée de mystère, quant à ses
origines. Les érudits ne sont d'accord ni sur la date, ni sur le
lieu, ni sur l'auteur de cette découverte, et nous en sommes encore
à chercher la solution de ce triple problème. Ce qui est certain,
c'est que cette invention est intimement liée à la xylographie ou
gravure sur bois, en usage chez les Chinois dès le VIème siècle et
introduite en France au XIIème siècle. Les cartes à jouer
reproduites par ce procédé furent inventées vers l'an 1376 et
furent gravées en Allemagne vers l'an 1400. La plus ancienne gravure
sur bois, accompagnée de texte, et qui ait une date, est celle d'une
image de saint Christophe. Elle est datée de 1423. De la même
époque, et gravés par le même procédé, citons les célèbres
donats ou livres de grammaire, et la fameuse Bible des pauvres, dont
un exemplaire se trouve à la Bibliothèque Nationale. On fait
remonter la naissance de l'imprimerie vers la moitié du XVème
siècle. Si nous nous reportons à la majorité des bibliographes
qui, jusqu'à ce jour, ont cherché à faire la lumière sur cette
énigme, voici quelle est la thèse généralement admise : Vers l'an
1437, Jean Gensfleich, ou Gutenberg, originaire de Mayence et vivant
à Strasbourg, imagina de substituer au travail long, dispendieux et
souvent imparfait des scribes et des copistes, un procédé mécanique
qui permît de multiplier à l'infini les copies d'un ouvrage.
S'inspirant de la xylographie déjà répandue à l'époque, il
entreprit de graver sur des planches de bois des lettres en relief
qui, enduites d'une encre spéciale et mises en contact avec une
feuille de papier, devaient produire une empreinte analogue à celle
de l'écriture. Les premiers essais épuisèrent rapidement ses
ressources pécuniaires. Il dut chercher un collaborateur. En 1444,
il quitta Strasbourg et se rendit à Mayence. Là il s'associa avec
l'orfèvre Jean Fust. Celui-ci, frappé de l'imperfection des
planches gravées par Gutenberg, conçut l'idée d'en composer avec
des lettres isolées dont la combinaison variable pût assurer une
application infinie. Malheureusement, le bois, qui était la
substance de ces caractères, n'avait pas la solidité et la
régularité nécessaires pour permettre une grande reproduction
d'ouvrages. Gutenberg et Fust imaginèrent alors de faire des types
métalliques. Pierre Schaeffer, domestique de Fust, fut chargé de
graver des poinçons en relief avec lesquels il frappa des matrices.
Ces matrices, ajustées dans des moules en fer, servirent à la fonte
des caractères, composés d'un alliage à base de plomb. Grâce à
ce procédé, Gutenberg et Fust réussirent à faire une Bible
latine, dite Bible de 1450, dont la Bibliothèque Nationale possède
deux exemplaires. En résumé, trois périodes marquent les débuts
de l'invention : 1° la gravure des planches fixes, inspirée de la
xylographie ; 2° la gravure des types en bois mobiles pour en
généraliser l'emploi ; 3° la gravure du poinçon et la confection
du moule qui multiplient les lettres de métal à l'infini avec une
rigoureuse identité. C'est, en réalité, de cette période que date
l'imprimerie proprement dite. Il n'y avait eu, jusque-là, que les «
informes essais des cartes à jouer, puis des images avec légendes,
puis des donats imprimés d'abord sur des tables de bois, puis sur
des lettres de bois mobiles, puis en caractères de métal, soit
sculptés sur pièce, soit retouchés au burin après avoir été
coulés »(A.-F. Didot). La découverte de Gutenberg, Fust et
Schaeffer n'acquit de la publicité que quelques années plus tard.
Ils réussirent pendant quelque temps à vendre comme manuscrits ce
qui n'était qu'une contrefaçon, mais leur secret fut divulgué par
les personnes de leur entourage. L'association ne dura pas longtemps.
Fust se rendit en 1462 à Paris pour y vendre sa Bible imprimée avec
Schaeffer. Il la vendit d'abord au prix des manuscrits, puis finit
par la vendre au vingtième de sa valeur primitive. A la surprise,
succéda la fureur dans le camp des copistes et des enlumineurs.
L'ignorance de ce temps fit croire à un sortilège. On accusa Fust
de magie et il fut conduit en prison, mais Louis XI lui rendit la
liberté à condition qu'il fit connaître les moyens employés pour
reproduire dans une telle proportion les copies d'un même livre.
Nous avons noté, dans les lignes qui précèdent, les faits les plus
vraisemblables quant à l'origine de l'imprimerie, mais d'autres
villes et d'autres auteurs revendiquèrent la gloire de cette
invention. Les Hollandais prétendent que Laurent-Jean Coster, de
Harlem, inventa l'imprimerie vers 1430, qu'il se servit d'abord des
planches fixes en bois et qu’il se mit ensuite à tailler des
poinçons en acier ; à frapper des matrices et à fondre des lettres
en métal. Ils affirment que Gutenberg, son collaborateur, lui déroba
ses instruments et s'enfuit à Mayence où il passa pour être
l'inventeur de l'art qui nous occupe. Les habitants de Strasbourg, de
leur côté, revendiquent la paternité de l'invention pour leur
concitoyen Jean Mentelin. Mais tout cela reste à prouver. L'ancienne
tradition qui place le berceau de l'imprimerie en Chine, est aussi
erronée. Certes, l'imprimerie tabellaire était connue dans cet
empire dès le VIème siècle, mais on sait que les types métalliques
y furent introduits par les Européens. Par ailleurs, l'usage des
planches en bois n'y est pas entièrement abandonné. Aussitôt que
le secret des inventeurs fut divulgué, une foule d'imprimeries se
créèrent dans les grandes villes de l'Europe. En 1470, Gering,
Crantz et Friburger, qui avaient travaillé chez Fust, commencèrent
à imprimer dans le collège de la Sorbonne, à Paris. Il y avait
dans cette ville, à la fin du XVème siècle, deux cents
établissements dont les produits, qualifiés d'incunables,
attestaient le mérite de l'invention. Au début du XVIème siècle,
les Estienne, aidés du graveur célèbre Garamond, donnèrent des
éditions remarquables. A cette époque, l'imprimerie était
encouragée, et les maîtres imprimeurs jouissaient de privilèges,
ce qui contribua à l'essor de l'invention. Malheureusement, un peu
plus tard, François Ier, poussé par la Sorbonne, défendit, le 13
janvier 1533, d'imprimer sous peine de la hart. Cet édit stupide fut
rapporté ensuite et il n'en resta d'autre souvenir que celui de «
proscripteur de l'Imprimerie » donné au roi par quelques
historiens. Il faut ajouter aux méfaits de ce roi la barbare
exécution de l'érudit imprimeur Etienne Dolet, accusé d'athéisme.
Sous les régimes qui suivirent, on continua de fouetter, de pendre,
de brûler vifs les imprimeurs accusés d'avoir propagé quelque
hérésie. Au XVIIIème siècle, l'art typographique fut illustré en
France par les Didot, les Barbou, les Crapelet. En Italie, Rome,
Venise, Milan et d'autres villes s'empressèrent d'accueillir l'art
dont 1a naissance venait d'étonner l'Europe et qui devait contribuer
à répandre les immortels chefs-d’œuvre de Dante, de Pétrarque
et de Boccace. En 1460, Nicolas Jenson, à Venise, grava le caractère
dit romain, qui devait remplacer le caractère « gothique », en
usage au début de l'imprimerie. Dans la même ville, Alde Manuce
grava le caractère aldin, ou italique. Parmi les imprimeurs les plus
connus de l'Italie, il faut citer, à la fin du XVIIIème siècle,
Bodoni, imprimeur de Parme Les éditions hollandaises eurent aussi
une grande célébrité au cours des XVIème et XVIIème siècles.
Citons parmi les typographes les plus réputés : Christophe Plantin,
établi à Anvers en 1560, à qui Philippe II d'Espagne décerna le
titre d'archi-imprimeur, et, plus tard, les Elzévir. En Angleterre,
l'art typographique est resté longtemps stationnaire. L'imprimeur le
plus connu fut Baskerville, au milieu du XVIIIème siècle. L'Espagne
reçut la première presse en 1474, mais elle n'a guère produit
d'éditions dignes de retenir l'attention, à part celles d'Ibarra au
XVIIIème siècle. Ce fut cent ans seulement après son invention que
l'imprimerie pénétra en Russie ; la fabrication des livres y
rencontra du reste une foule d'obstacles, cette nation étant alors
plongée dans l'ignorance et la barbarie. La machine à papier
continu et la stéréotypie, deux inventions des Didot, ont fait de
l'imprimerie une puissance sans rivale. Les perfectionnements des
presses mécaniques ont permis à cette industrie de diriger
absolument la pensée universelle par le livre et par le journal. Il
n'existe plus, à l'heure actuelle, que quelques contrées barbares
où elle n'a pu pénétrer et porter le germe, de la civilisation.
TECHNIQUE. - Dans son sens général, l’imprimerie comprend la
lithographie (ou impression sur pierre) et la typographie, qui est le
procédé de reproduction graphique le plus employé et que nous nous
bornerons à traiter ici. Elle comprend la composition et
l'impression. Le compositeur manie des caractères mobiles qu'il
prend dans une casse munie de cassetins correspondant aux lettres et
signes. Il assemble ces caractères enlignés dans un outil appelé
composteur et réunit ensuite les lignes en paquets. La composition
manuelle est de plus en plus remplacée par la composition mécanique,
tout au moins en ce qui concerne le journal et le livre. On utilise
des machines munies d'un clavier comme la machine à écrire et d'un
creuset destiné à fondre le plomb. Dans la linotype, la plus
répandue de ces machines, un seul opérateur suffit pour composer,
clicher les lignes et distribuer. Les paquets étant composés, on en
fait une première épreuve destinée à la lecture par le
correcteur. Après correction, le metteur en pages dispose les
paquets sur une longueur déterminée, ce qui forme les pages ;
celles-ci sont ensuite mises en châssis, c'est-à dans l'ordre
convenable pour l'impression. L'impression a pour objet de transposer
l'empreinte des lettres ou des clichés sur le papier. Le tirage est
précédé de la mise en train pour régulariser le foulage et
l'encrage. Quand on a obtenu une « bonne feuille » on tire le
nombre d'exemplaires voulus et, ensuite, on distribue le caractère
mobile ou en envoie à la refonte les lignes, s'il s'agit de
composition mécanique. L'impression avait lieu autrefois au moyen de
la presse à bras. Celle de Gutenberg et de ses successeurs immédiats
était en bois et fonctionnait au-moyen d'une vis verticale comme
celle d'un pressoir. Elle a été remplacée par les presses avec
marbre et platine en fonte, puis simplifiée par l'Anglais Stanhope
vers 1800. Le rouleau typographique, inventé en 1810, remplaça les
balles en usage jusque-là. Il contribua, dans une large mesure, au
développement de l'impression mécanique. L'ingénieuse machine de
l'Allemand Koenig conçue au début du XIXème siècle, acquérait
une vitesse moyenne de 700 feuilles à l'heure, ce qui semblait
fantastique à l'époque. Par la suite, les presses se
perfectionnèrent. Des machines en blanc et des machines à
retiration, on passa aux rotatives qui impriment sur des clichés
cylindriques et qui fournissent en quelques heures des centaines de
mille de journaux.
LÉGISLATION.
- A l'origine de l'imprimerie, l'Université, composée exclusivement
d'ecclésiastiques, exerçait un contrôle rigoureux sur
l'imprimerie. Suivant un édit de Henri II (1555), aucun ouvrage ne
pouvait être imprimé sans l'autorisation de la Sorbonne, et ce,
sous peine de mort contre l'imprimeur, le libraire ou le
distributeur. La peine de mort fut remplacée en 1728 par le carcan
et les galères. Plus tard, l'Assemblée Constituante, par un décret
du 17 mars 1791, accorda la liberté à l'imprimerie comme elle
l'avait accordée au commerce et à l'industrie. Mais des
restrictions furent apportées à nouveau par le décret du 5 février
1810 qui limita le nombre des imprimeurs pour Paris à 60, puis
ensuite à 80. Le Ministre de l'Intérieur était libre d'accorder ou
de refuser les brevets. Il pratiquait d'une façon abusive le droit
de censure. En 1813 et 1814, la surveillance devint encore plus
rigoureuse et la loi du 21 octobre 1814 supprima un grand nombre
d'imprimeries. La Restauration, à son tour, ne manqua pas de
persécuter les imprimeurs et retira les brevets de Paul Dupont et
Constant Champie, deux des plus forts imprimeurs de la capitale.
Firmin Didot et Benjamin Constant s'élevèrent avec vigueur contre
un tel état de choses qui ramenait l'imprimerie aux plus mauvais
jours de François Ier La législation ne fut guère modifiée par la
suite. Le coup d'Etat du 2 Décembre 1851 renforça la répression en
matière de délit de presse ; l'imprimeur partageait la
responsabilité avec le gérant pour les journaux sortis de ses
presses et son brevet lui était retiré par simple mesure
administrative. Le décret du 10 décembre 1870 rendit la profession
libre en supprimant le brevet pour les imprimeurs et les libraires,
mais obligea ceux-ci, toutefois, à une déclaration préalable,
avant toute publication, au ministère de l'Intérieur. La loi du 29
juillet 1881 sur la presse a proclamé la liberté presque complète
de l'imprimerie en abrogeant toutes les lois antérieures ; elle
exige cependant que tout imprimé, à l'exception des travaux de
ville dits « bilboquets », porte le nom et le domicile de
l'imprimeur, sous peine d'amende et, en cas de récidive immédiate,
de prison. De plus il doit être fait, au moment de la publication de
tout imprimé, sauf pour les catégories précitées, un dépôt de
deux exemplaires destinés aux collections nationales. Ce dépôt a
lieu, pour Paris, au ministère de l'Intérieur et, pour les
départements, à la préfecture on à la mairie. La loi du 19 mai
1925 sur le dépôt légal a apporté quelques modifications à cet
état de choses. L'imprimeur n'est plus tenu qu'au dépôt - toujours
aux mêmes bureaux administratifs – d’un seul exemplaire, mais
doit faire accompagner ce dépôt d'une déclaration faite en double.
De même, l'éditeur ou le client doit à son tour déposer un
exemplaire avec une double déclaration à la Régie du dépôt légal
à la Bibliothèque Nationale. Le dépôt a lieu « dès l'achèvement
du tirage ». Toutefois, pour les affiches, il doit être immédiat.
Pour les écrits périodiques, il doit être fait, avant publication,
une déclaration de gérance sur papier timbré, au procureur de la
République du lieu d'impression ; chaque numéro publié devra
porter le nom du gérant. Un dépôt de deux exemplaires signés du
gérant devra être fait à chaque publication au procureur de la
République. Sous peine d'amende pour le gérant pareil dépôt sera
fait, pour Paris, au ministère de l'Intérieur, pour les
départements à la préfecture, sous-préfecture ou mairie.
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