Faire
quelque chose séance tenante et sans préparation. C'est la marque
des esprits faibles, paresseux ou superficiels que d'improviser en
toute occasion. C'est aussi, hélas, le signe de notre époque. Nous
avons vu des hommes d'Etat qui, pris de court par une guerre terminée
avant leurs calculs, ont improvisé une paix qui demeure, en l'espèce
du traité de Versailles, un document monstrueux d'inconséquences et
de possibilités de guerres futures. Nous avons assisté, après la
débâcle financière française de 1925, au spectacle d'hommes
reconnus pour leur compétence obligés d'improviser toutes sortes de
systèmes, aussi inopérants les uns que les autres, pour solutionner
un problème délicat entre tous. L'improvisation, en quelque
circonstance qu'elle se produise, est toujours quelque chose de bâclé
et d'incomplet. Combien de parlementaires réputés bons orateurs,
ont improvisé des discours merveilleux à la lecture, dont leurs
discours n'auraient donné qu'une piètre opinion de leur talent
s'ils n'avaient pas eu la possibilité de les retoucher avant de les
donner à imprimer. Il suffit d'assister à tous les essais de
chanson improvisée et de voir les affreux résultats obtenus, pour
se rendre compte des méfaits de l'improvisation. C'est surtout
auprès des militants révolutionnaires que nous insistons sur le
danger d'improviser. Vouloir, dans une conférence, voire même dans
une simple causerie, traiter un sujet sans avoir minutieusement
préparé ce que l'on va dire, sans avoir prévu et soupesé toutes
les objections qui pourraient être présentées, improviser le
discours, la conférence ou la causerie, cela donne de pitoyables
résultats. Combien de fois des camarades, doués de la parole,
auraient pu donner un bon exposé et ne traitèrent la question que
d'une façon incompréhensible ou incohérente, parce qu'au lieu
d'aborder un sujet étudié en un discours ordonné, préparé, ils
avaient improvisé! N'improvisons jamais. Que nos actes, comme nos
paroles, soient le produit de la méditation et de l'expérience.
Lors de la révolution sociale, au moment de la période de
reconstruction, nous n'improviserons pas. La réorganisation de la
société sera faite d'après les études, les constatations et les
prévisions de toute une génération qui se penche sur les problèmes
du devenir. Ce sera l'expérience du passé et les matériaux dressés
pendant le présent qui serviront au milieu social futur. Travaillons
ferme, dès aujourd'hui ; étudions les graves problèmes économiques
et sociaux pour que nous ne soyons pas obligés d'improviser.
L'imprévu aura, certes, sa part, mais faisons-la lui la moins grande
possible.
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