mardi 22 octobre 2019

Articles politiques de Errico Malatesta


Sur la franc-maçonnerie


« BIEN QU’ÉTANT plutôt indifférent à ce qu’on peut dire de moi, je me vois aujourd’hui obligé de répondre aux bruits que l’on fait courir et qui pourraient me nuire.
La dernière invention des milieux socialistes est que je serais franc-maçon. Je crois savoir qui en est l’auteur, mais je n’en ai pas encore la preuve, je vais donc répondre sans me soucier de cet aspect.
Voilà les faits.
Je fus franc-maçon quand j’étais un brin plus jeune que maintenant, du 19 octobre 1875 à mars-avril 1876. […] Je portais les lauriers d’une certaine popularité [acquittement lors d’un procès en 1875, voir la biographie, p. 13] et les francs-maçons voulaient que je sois membre de leur mouvement, et ils m’en firent la proposition. J’ai présenté l’objec­tion de mes idées socialistes et anarchistes, et on me répondit que la franc-­maçonnerie était en faveur du progrès illimité et qu’elle pouvait fort bien inclure l’anarchisme dans son programme.
J’ai dit que je ne pouvais accepter la formule du serment traditionnel, et la réponse a été que dans mon cas, il serait suffisant de promettre de lutter pour le bien de l’humanité.
Je n’ai pas voulu me soumettre aux rites ridicules de l’initiation et j’ai su que j’en serai dispensé. En un mot, ils voulaient m’avoir à tout prix et à la fin j’acceptai… en partie parce que j’avais en tête l’idée de reprendre la tentative sans suite de Bakounine de faire revenir la franc-­maçonnerie à ses débuts idéalistes et d’en faire une véritable société révolutionnaire (1864-1865).
Je remarquai bientôt que je ne servais que les intérêts de certains frères, qui étaient les plus grands mystificateurs.
Mais j’y ai rencontré des jeunes enthousiastes accessibles aux idées socialistes et je suis resté pour y faire de la propagande, d’où un grand scandale et un accès de rage des principales personnalités.
Umanità Nova,
7 octobre 1920, extraits.


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