samedi 5 octobre 2019

Articles Politiques Errico Malatesta Partie 1

Résultat de recherche d'images pour "errico malatesta"
« Franchement, quand on a rêvé et tant attendu, il est douloureux de mourir dans les conditions où je vais peut-être mourir, à la veille, qui sait ? des événements espérés. Mais que veux-tu ? Peut-être n’y a-t-il rien d’autre à faire qu’attendre la fin avec, devant les yeux, l’image de ceux qui m’ont tant aimé et que j’ai tant aimés » (lettre à Bertoni, 30 juin 1932).


Il écrit ça le 21 juillet 1932:

« La société aura toujours une tendance à trop s’immiscer dans le domaine individuel (Rienzi). La société ? pourquoi ne pas dire « les gouvernements »[15] ou, plus exactement, « les autres » ? Mais les autres, s’ils ne sont pas les plus forts, s’ils ne sont pas les gouvernements, font peu de mal.
— Celui qui jette une bombe et tue un passant dit que, victime de la société, il s’est rebellé contre elle. Mais le pauvre mort pourrait dire : « Mais suis-je la société ? »

« Le but des jacobins et de tous les partis autoritaires, qui se croient en possession de la vérité absolue, c’est d’imposer leurs idées à la masse des profanes. Ils doivent pour cela tâcher de s’emparer du pouvoir, d’assujettir les masses et, avec leurs conceptions, de fixer l’humanité sur le lit de Procuste. »

« Nous voulons le triomphe de la liberté et de l’amour. Mais renonçons-­nous pour cela à l’emploi des moyens violents ? Pas le moins du monde. Nos moyens sont ceux que les circonstances nous permettent et nous imposent. Évidemment, nous ne voudrions pas arracher un cheveu à personne ; nous voudrions sécher toutes les larmes et n’en faire répandre aucune. Mais il nous faut bien lutter dans le monde tel qu’il est, sous peine de rester des rêveurs stériles.»



"Il viendra le jour, nous le croyons fermement, où il sera possible de faire le bien des hommes sans faire du mal ni à soi ni aux autres. Aujourd’hui, ce n’est pas possible. Même le plus pur et le plus doux des martyrs, celui qui se ferait traîner à l’échafaud pour le triomphe du bien, sans résistance, en bénissant ses persécuteurs comme le Christ de la légende, celui-là encore ferait bien du mal. Outre le mal qu’il ferait à soi-même, ce qui doit aussi compter pour quelque chose, il ferait répandre des larmes amères à tous ceux qui l’aiment."


"On sait que dans une seule grande bataille, on tue plus de gens que dans la plus sanglante des révolutions ; que des millions d’enfants meurent en bas âge chaque année, faute de soins ; que des millions de prolétaires meurent prématurément du mal de misère. On connaît la vie rachitique, sans joie et sans espoir, que mène l’immense majorité des hommes ; même les plus riches et les plus puissants sont bien moins heureux qu’ils pourraient l’être dans une société d’égaux ; et cet état de choses dure depuis un temps immémorial."


"C’est par amour des hommes que nous sommes révolutionnaires : ce n’est pas notre faute si l’histoire nous a acculés à cette douloureuse nécessité."


"Nous comprenons qu’il peut arriver que, dans la fièvre de la bataille, des natures originairement généreuses, mais non préparées par une longue gymnastique morale, très difficile dans les conditions présentes, perdent de vue le but à atteindre, prennent la violence comme une fin en soi et commettent même des actes sauvages.
Mais une chose est de comprendre et pardonner, une autre chose de revendiquer de telles actions. Ce ne sont pas là des actes que nous pouvons accepter, encourager, imiter. Nous devons être résolus et énergiques, mais nous devons tâcher de ne jamais dépasser la limite marquée par la nécessité. Nous devons faire comme le chirurgien qui coupe quand il faut, mais évite d’infliger d’inutiles souffrances : en un mot, nous devons être inspirés par le sentiment de l’amour des hommes, de tous les hommes"


"La haine ne produit pas l’amour et ce n’est pas par la haine qu’on renouvelle le monde. La révolution de la haine échouerait complètement ou aboutirait à une nouvelle oppression, qui pourrait bien s’appeler anarchiste, comme on appelle libéraux les gouvernements actuels, mais qui n’en serait pas moins une oppression et qui ne manquerait pas de produire les effets de toute oppression.
Publié en français dans le journal L’En dehors, le 21 août 1892 ; puis comme brochure du périodique" Les Temps nouveaux en 1899 ; republié par Le Réveil communiste-anarchiste, le 19 janvier 1924.


Le but des anarchistes


"Mais, malheureusement, cette tactique ne peut être rigoureusement appliquée et est incapable d’atteindre son but. La propagande a une efficacité limitée, et dans un milieu absolument conditionné moralement et matériellement pour accepter et comprendre une certaine sorte d’idées. Les paroles et les écrits sont peu puissants tant qu’une transformation du cadre ne mène pas le peuple à la possibilité d’apprécier des idées nouvelles. L’efficacité des organisations ouvrières est également limitée pour les mêmes raisons qui s’opposent à l’extension indéfinie de notre propagande, et pas seulement à cause de la situation économique et morale qui affaiblit ou neutralise complètement les effets de la prise de conscience de certains travailleurs."


Les anarchistes et le sentiment moral


"LE NOMBRE DE CEUX qui se disent anarchistes est tellement grand aujourd’hui, et sous le nom d’« anarchie » on expose des doctrines tellement divergentes et contradictoires, que nous aurions vraiment tort de nous étonner que les gens demeurent indifférents à notre propagande et nous témoignent aussi de la défiance. Ils ne sont pas du tout familiarisés avec nos idées et ils ne peuvent pas distinguer du premier coup les grandes différences qui se cachent sous le même mot."


"Évidemment, tout anarchiste, tout socialiste, comprend les fatalités économiques qui obligent aujourd’hui l’homme à lutter contre l’homme ; et il voit, en bon observateur, l’impuissance de la révolte personnelle contre la force prépondérante du milieu social. Mais il est également vrai que sans la révolte de l’individu, associé à d’autres révoltés pour résister au milieu et chercher à le transformer, ce milieu ne changerait jamais."


"Nous sommes, tous sans exception, obligés de vivre plus ou moins en contradiction avec nos idées. Mais nous sommes socialistes et anarchistes précisément dans la mesure où nous souffrons de cette contradiction et que nous tâchons, autant que possible, de la rendre moins grande. Le jour où nous nous adapte rions au milieu, nous ­n’aurions plus naturellement l’envie de le transformer et nous deviendrions de simples bourgeois ; bourgeois sans argent peut-être, mais non moins bourgeois dans les actes et les intentions."
Le Réveil socialiste-anarchiste, 5 novembre 1904.
Vers l'anarchie

"Ce malentendu explique pourquoi, parmi nos adversaires, beaucoup croient de bonne foi que l’anarchie est une chose impossible ; et cela expli­que aussi pourquoi certains camarades, voyant que l’anarchie ne peut venir soudainement étant donné les conditions morales actuelles des gens, vivent entre un dogmatisme qui les met en dehors de la vie réelle et un opportunisme qui leur fait pratiquement oublier qu’ils sont anarchistes et que, par voie de conséquence, ils doivent combattre pour l’anarchie."


"L’anarchie est l’abolition du vol et de l’oppression de l’homme par l’homme, c’est-à-dire l’abolition de la propriété individuelle et du gouvernement. L’anarchie est la destruction de la misère, des superstitions et de la haine. Donc, chaque coup porté aux institutions de la propriété individuelle et du gouvernement est un pas vers l’anarchie, de même que chaque mensonge dévoilé, chaque parcelle d’activité humaine soustraite au contrôle de l’autorité, chaque effort tendant à élever la conscience populaire, à augmenter l’esprit de solidarité et d’initiative et à égaliser les conditions sociales."


"Le problème réside dans le fait de savoir choisir la voie qui réellement nous rapproche de la réalisation de notre idéal et de ne pas confondre les vrais progrès avec des réformes hypocrites qui, sous prétexte d’améliorations immédiates, tendent à dévier le peuple de la lutte contre l’autorité et le capitalisme, à paralyser son action, et à lui laisser espérer que quelque chose peut être obtenu de la bonté des patrons et des gouvernements."


"La violence gouvernementale supprimée, notre violence n’aurait plus sa raison d’être."


"Chaque victoire, si minime soit-elle, des travailleurs sur le patronat, chaque effort contre l’exploitation, chaque parcelle de richesse soustraite aux propriétaires et mise à la disposition de tous, sera un progrès, un pas sur la voie de l’anarchie, comme chaque fait tendant à augmenter les exigences des ouvriers et à donner plus d’intensité à la lutte, toutes les fois que nous pourrons envisager ce que nous aurons gagné comme une victoire sur l’ennemi et non comme une concession dont nous devrions être reconnaissants, chaque fois que nous affirmerons notre volonté de reprendre par la force des acquis enlevés aux travailleurs par les propriétaires protégés par le gouvernement.
Une fois le gouvernement disparu, avec toutes les institutions nuisibles qu’il protège, une fois la liberté conquise pour tous ainsi que le droit aux instruments de travail, sans lequel la liberté est un mensonge, nous n’envisageons de détruire des choses qu’au fur et à mesure que nous pourrons les remplacer par d’autres."


« Ce paradoxe signifie que les idées progressent et évoluent continuellement et qu’elles ne peuvent accepter un programme fixe, peut-être valable aujourd’hui, mais qui sera certainement dépassé demain. »


« Nous entendons par parti anarchiste l’ensemble de ceux qui veulent contribuer à réaliser l’anarchie, et qui, par conséquent, ont besoin de se fixer un but à atteindre et un chemin à parcourir. Nous laissons bien volontiers à leurs élucubrations transcendantales les amateurs de vérité absolue et de progrès continu, qui, ne mettant jamais leurs idées à l’épreuve des faits, finissent par ne rien faire ni découvrir.'


"Le remède n’est pas dans l’organisation, mais dans la conscience perfectible des membres."


"Évidemment, si, dans une organisation, on laisse à quelques-­uns tout le travail et toutes les responsabilités, si on subit ce que font certains sans mettre la main à la pâte et chercher à faire mieux, ces « quelques-­uns » finiront, même s’ils ne le veulent pas, par substituer leur propre volonté à celle de la collectivité. Si, dans une organisation, tous les membres ne se préoccupent pas de penser, de vouloir comprendre et de se faire expliquer ce qu’ils ne comprennent pas, d’exercer sur tout et sur tous leurs facultés critiques et laissent à quelques-­uns la responsabilité de penser pour tous, ces « quelques-­uns » seront les chefs, les têtes pensantes et dirigeantes."


"La liberté n’est pas le droit abstrait, mais la possibilité de faire une chose. Cela est vrai pour nous comme pour la société en général. C’est dans la coopération des autres que l’homme trouve le moyen d’exercer son activité, sa puissance d’initiative."


"Nous sommes comme une armée en guerre et nous pouvons, suivant le terrain et les mesures prises par l’ennemi, combattre en masse ou en ordre dispersé. L’essentiel est que nous nous considérions toujours membres de la même armée, que nous obéissions tous aux mêmes idées directrices et que nous soyons toujours prêts à nous réunir en colonnes compactes quand c’est nécessaire et quand on le peut."


Un projet d'organisation anarchiste

« Les anarchistes doivent reconnaître l’utilité et l’importance du mouvement syndical, ils doivent en favoriser le développement et en faire un des leviers de leur action, s’efforçant que la coopération du syndicalisme et des autres forces de progrès aboutissent à une révolution sociale qui entraîne la suppression des classes, la liberté totale, l’égalité, la paix et la solidarité entre tous les êtres humains »


"Les anarchistes doivent reconnaître l’utilité et l’importance du mouvement syndical, ils doivent en favoriser le développement et en faire un des leviers de leur action, s’efforçant que la coopération du syndicalisme et des autres forces de progrès aboutissent à une révolution sociale qui entraîne la suppression des classes, la liberté totale, l’égalité, la paix et la solidarité entre tous les êtres humains. Ce serait une illusion funeste que de croire, comme beaucoup le font, que le mouvement ouvrier aboutira de lui-même, en vertu de sa nature même, à une telle révolution. Bien au contraire, dans tous les mouvements fondés sur des intérêts matériels et immédiats (et l’on ne peut établir sur d’autres fondements un vaste mouvement ouvrier), il faut le ferment, la poussée, le travail préparatoire de personnes ayant un idéal qui combattent et se sacrifient en vue d’un idéal à venir. Sans ce levier, tout mouvement tend fatalement à s’adapter aux circonstances, engendre l’esprit conservateur, la crainte des changements chez ceux qui réussissent à obtenir des conditions meilleures ; et il crée souvent de nouvelles classes privilégiées qui s’efforcent de faire supporter, de consolider l’état de choses que l’on voudrait abattre. »


"Il faut donc qu’elles ne soient en rien imprégnées d’esprit autoritaire, qu’elles sachent concilier la libre action des individus avec la nécessité et le plaisir de la coopération, qu’elles servent à développer la conscience et la capacité d’initiative de leurs membres et soient un moyen éducatif dans le milieu où elles opèrent, ainsi qu’une préparation morale et matérielle à l’avenir désiré."


"Je comprends que ces camarades sont obsédés par le succès des bolcheviks dans leur pays. Ils voudraient, comme eux, réunir les anarchistes en une sorte d’armée disciplinée qui, sous la direction idéologique et pratique de quelques chefs, marche unie à l’assaut des régimes actuels et qui, après la victoire matérielle, dirige la constitution de la nouvelle société. Et peut-être est-il vrai qu’avec ce système, en admettant que des anarchistes s’y prêtent et que les chefs soient des hommes de génie, notre force matérielle deviendrait plus grande. Mais pour quels résultats ? Est-ce qu’il n’arriverait pas à l’anarchisme ce qui s’est passé en Russie avec le socialisme et le communisme ?Ces camarades sont impatients d’arriver au succès, nous le sommes aussi, mais il ne faut pas, pour vivre et vaincre, renoncer aux raisons de la vie et dénaturer le caractère de l’éventuelle victoire. Nous voulons combattre et vaincre, mais comme anarchistes et au moyen de l’anarchie."

Aucun commentaire: