samedi 1 juin 2019

Variations Guesdistes Par Emile Pouget




Avant de vous présenter des extraits de ce petit ouvrage, il faut replacer cela dans le contexte du syndicalisme et du combat qui est le sien depuis la création de la C.G.T. Ou des corporations ouvrières.
Certains sont pour l’assujettissement des syndicats à des partis politiques ouvriers qui devraient donner le pouvoir au peuple aux travers des élections.

Ce que les anarchistes défendent comme idée, c'est que tant que le peuple, aux travers des syndicats révolutionnaires ou anarcho-syndicalistes, c'est-à-dire ceux qui sont dans la volonté de l'expropriation et de la prise des moyens de production afin de mettre fin au système du salariat, doit prendre le pouvoir économique afin de changer complétement de système.

Les partis ouvriers, les socialistes ou les communistes, ne prennent que le pouvoir politique et font de la co-gestion au niveau économique et donc le système perdure. Léon Blum l'a dit lui-même «  gagner une élection, c'est gagner la politique mais tant qu'on ne changera pas de système, ce ne sera jamais la victoire sociale ».

Proudhon, anarchiste, a tenté de jouer le jeu de la démocratie, de l'élection et a été élu député. Malgré sa volonté de faire gagner ses idées anarchistes et ses idées économiques, il n'a été qu'un député comme les autres qui ne siégeait que pour parler de dossiers dont il n'avait aucune connaissance.Il a rendu son mandat et il n'a eu de cesse de lutter contre le parlementarisme, contre le démocratisme...

Dans le texte qui suit, c'est Emile Pouget qui met à jour les contradictions de celui qui fut anarchiste avant de devenir celui qui défendra les élections et le parlementarisme. Quitte à abandonner ses idées mais aussi à entraîner dans l'erreur des milliers d'ouvriers.

Nous revenons aussi très vite sur le combat le désaccord fondamental qui a opposé Marx et Bakounine, les autoritaires et les anti-autoritaires ( les anarchistes). Ce différend, qui aurait pu se régler dans le cadre de discussions dans le respect des idées des uns et des autres, a mis fin à ce qui fut une idée merveilleuse : l'unité internationale des ouvriers du monde. Si cette internationale avait pu garder la puissance qu'elle commençait à avoir, sans doute la première guerre mondiale n'aurait pas eu lieu. De plus, cette puissance montante avait la capacité de faire peur aux bourgeois du monde entier. Hélas ! Hélas !!

Extrait de la : Circulaire à toutes les fédérations de l'association internationale des travailleurs.

« Nous n'incriminons pas les intentions du Conseil général. Les personnalités qui le com- posent se trouvent les victimes d'une nécessité fatale : elles ont voulu, de bonne foi et pour le triomphe de leur doctrine particulière introduire dans l’internationale le principe d'au- torité : les circonstances ont paru favoriser cette tendance, et il nous paraît tout naturel que cette école, dont l'idéal est la conquête du pouvoir politique par la classe ouvrière, ait cru que l’internationale, à la suite des derniers événements, devait changer son organisation primitive et se transformer en une organisation hiérarchique, dirigée et gouvernée par un Comité. « Mais si nous nous expliquons ces tendances et ces faits, nous ne nous en sentons pas moins obligés de les combattre, au nom de cette Révolution Sociale que nous poursuivons et dont le programme est : « Émancipation des travailleurs par les travailleurs eux-mêmes, » en dehors de toute autorité directrice, cette autorité fût-elle élue ou consentie par les travailleurs. « Nous demandons le maintien dans l’internationale, de ce principe de l'autonomie des sections, qui a été jusqu'à présent la base de notre Association; nous demandons que le Conseil général, dont les attributions ont été dénaturées, rentre dans son rôle normal, qui est celui d'un simple bureau de correspondance et de statistique; -et cette unité qu'on voudrait établir par la centralisation et la dictature, nous voulons la réaliser par la Fédération libre des groupes autonomes. « La société future ne doit être rien autre chose que l'universalisation de l'organisation que l'Internationale, se sera donnée. Nous devons donc avoir soin de rapprocher le plus possible cette organisation de notre idéal. Comment voudrait-on qu'une société égalitaire et libre sortît d'une organisation autoritaire? C'est impossible. L’Internationale embryon de la future société humaine, est tenue d'être, dés maintenant, l'image fidèle de nos principes de liberté et de fédération, et de rejeter de son sein tout principe tendant à l'autorité et à la dictature.»

Propos de Jules Guesdes dans son journal : « L'égalité »:avant de changer d'avis :

«  « Sous prétexte que le bulletin de vote suffisait, et devait suffire à tout, le fusil, le droit au fusil, à été rayé de l'arsenal populaire; et de ce bulletin, depuis trente ans qu'elle le pratique quelle amélioration a retirée la masse laborieuse ?
Aucune. »

Propos qu'il tient aussi dans « L'almanach du Peuple »(jurassien) pour 1873:

« Rien de plus triste et de plus inexplicable que le charme qu'exerce encore aujourd'hui le suffrage universel sur la généralité de la classe ouvrière ..... Si cependant l'histoire des dernières années a démontré quelque chose c'est que l'émancipation politique du prolétariat, telle qu'elle résulte de son admission au scrutin, est une duperie; c'est que toute intervention électorale de la classe laborieuse tournait fatalement au profit de son ennemie, la bourgeoisie. »

Une attitude plus piteuse encore est celle qu'eût Guesde à la tribune de la Chambre, le 16 juin 1896; après avoir apeuré les bouffe-galette avec l'hydre de !'Anarchie, il posa son socialisme comme un paratonnerre détournant la foudre populaire de la tête des riches :

« Prenez garde! s'exclama-t-il. le jour où le socialisme viendrait à disparaître, vous seriez alors livrés sans défense aucune à toutes les représailles individuelles, et toutes les ven- geances privées. Et c'est nous qui,en montrant aux travailleurs un affranchissement collectif, sortant et ne pouvant sortir que d'une action politique commune, c'est nous qui constituons en réalité la plus grande société d'assurances sur la vie pour les féodaux de l'industrie.
« Tant pis pour vous, surtout, si la propagande et l'organisation socialiste venaient à subir une éclipse momentanée. Vous vous trouveriez en face de désespoirs et de haines accumulés dont rien ne pourrait empêcher l'explosion ..... »



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