A huit
heures et demie, attaque violente sur toute la ligne. Les Versaillais
viennent à cent mètres de notre barricade (route de Châtillon)
avec une mitrailleuse. Le 182e les repousse avec un feu nourri qui a
dû leur infliger des pertes sérieuses, et les a forcés à la
retraite. Le 163e, dans la tranchée (aile gauche), soutient la
barricade. Le feu dure une heure et demie et s’arrête. Cinq fois
de suite, l’attaque a été renouvelée du même côté, cinq fois
elle a été repoussée malgré la pluie et le vent ; l’action
s’arrête avec le jour. L’artillerie a bien fait son devoir et
mitraillé l’ennemi avec acharnement.
Les
fractions de bataillons présentes au fort ont eu une attitude
magnifique. La pluie n’a pas arrêté leur feu, et il a fallu
retenir les hommes, qui voulaient se mettre à la poursuite de
l’ennemi. Le 86e bataillon a tenu d’une façon surprenante, après
quatre nuits de tranchée. Il a été soutenu par 110e sur la droite
(côté d’Issy).
Aujourd’hui,
ces bataillons, fatigués, mouillés, ont besoin de repos. Il serait
urgent de faire relever les 86e et 163e qui, depuis huit jours, sont
en marche et aux tranchées. Sept heures du matin, tout est calme.
Sept blessés au 86e, sans gravité.
Ce matin,
les Versaillais ont ramassé leurs morts et blessés. Par un
sentiment d’humanité qu’ils ne méritent guère, les bataillons
des trachées ont cessé leur feu. Mais les chouans, payant ainsi le
tribut de la reconnaissance, tirèrent sur nos tranchées, et le feu
recommença avec ténacité jusqu’au jour.
Je vous
prie, général, de faire constater dans les rapports que ce n’est
pas le fort d’Issy qui est attaqué chaque jour. Depuis cinq jours,
des attaques sans nombre sont dirigées sur le fort de Vanves. Les
troupes placées sous mes ordres réclament cette rectification,
juste récompense des services qu’elles ont rendus à la grande
cause qu’elles défendent avec tant de courage et de dévouement.
Vanves, 15
avril 1871.
Le
commandant du fort, LEDRUX.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire