dimanche 9 juin 2019

Journal de la Commune


A huit heures et demie, attaque violente sur toute la ligne. Les Versaillais viennent à cent mètres de notre barricade (route de Châtillon) avec une mitrailleuse. Le 182e les repousse avec un feu nourri qui a dû leur infliger des pertes sérieuses, et les a forcés à la retraite. Le 163e, dans la tranchée (aile gauche), soutient la barricade. Le feu dure une heure et demie et s’arrête. Cinq fois de suite, l’attaque a été renouvelée du même côté, cinq fois elle a été repoussée malgré la pluie et le vent ; l’action s’arrête avec le jour. L’artillerie a bien fait son devoir et mitraillé l’ennemi avec acharnement.
Les fractions de bataillons présentes au fort ont eu une attitude magnifique. La pluie n’a pas arrêté leur feu, et il a fallu retenir les hommes, qui voulaient se mettre à la poursuite de l’ennemi. Le 86e bataillon a tenu d’une façon surprenante, après quatre nuits de tranchée. Il a été soutenu par 110e sur la droite (côté d’Issy).
Aujourd’hui, ces bataillons, fatigués, mouillés, ont besoin de repos. Il serait urgent de faire relever les 86e et 163e qui, depuis huit jours, sont en marche et aux tranchées. Sept heures du matin, tout est calme. Sept blessés au 86e, sans gravité.
Ce matin, les Versaillais ont ramassé leurs morts et blessés. Par un sentiment d’humanité qu’ils ne méritent guère, les bataillons des trachées ont cessé leur feu. Mais les chouans, payant ainsi le tribut de la reconnaissance, tirèrent sur nos tranchées, et le feu recommença avec ténacité jusqu’au jour.
Je vous prie, général, de faire constater dans les rapports que ce n’est pas le fort d’Issy qui est attaqué chaque jour. Depuis cinq jours, des attaques sans nombre sont dirigées sur le fort de Vanves. Les troupes placées sous mes ordres réclament cette rectification, juste récompense des services qu’elles ont rendus à la grande cause qu’elles défendent avec tant de courage et de dévouement.
Vanves, 15 avril 1871.
Le commandant du fort, LEDRUX.

Aucun commentaire: