« Jadis, quand on voyait les hommes trainer une
vie rampante sous le faix honteux de la superstition, et que la tête
du monstre, leur apparaissant à la cime des nues, les accablait de
son regard épouvantable, un grec, un simple mortel osa enfin lever
les yeux, osa enfin lui résister en face. Rien ne l'arrête, ni la
renommée des dieux, ni la foudre, ni les meaces du ciel qui gronde :
loin d'ébranler son courage, les obstacles l'irritent , et il n'en
est que plus ardent à rompre les barrières étroites de la nature.
Aussi en vient-il à bout, par son infatigable génie : il
s'élance loin des bornes enflammées du monde , il parcourt l'infini
sur les ailes de la pensée, il triomphe , et revient nous apprendre
ce que peut ou ne peut pas naître et d'où vient que la puissance
des corps est bornéevet qu'il y a pour tous un terme
infranchissable. La superstition fut donc abattue et foulée aux
pieds à son tour et sa défaite nous égale aux dieux. »
Livre I.V 63 à 80
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