Le gain est
le profit, le bénéfice réalisé dans une affaire, une entreprise,
ou encore l'avantage obtenu sur un concurrent ou un adversaire. Un
gain considérable ; un gain licite ; un gain médiocre ; le gain
d'une bataille ; avoir gain de cause ; être âpre au gain. L'amour
du gain, qui anime un grand nombre d'individus, est une des causes
primordiales des batailles continuelles que se livrent les hommes. La
course vers la fortune qui permet, à celui qui la possède, toutes
les jouissances, fait de l'humanité un vaste champ de carnage où
les humains, semblables à des bêtes féroces, se déchirent et se
dévorent mutuellement. Les économistes bourgeois prétendent que le
gain est un facteur d'énergie, qu'il concourt au développement
économique de la société et qu'il est une source de génie, que
c'est grâce à lui que l'homme poursuit ses recherches, que c'est
pour obtenir les avantages d'un gain matériel qu'il étudie, qu'il
découvre et qu'enfin il part à la conquête du monde. Rien n'est
plus faux, à notre avis. Nous n'ignorons certes pas, qu'en ce qui
concerne le commerce, la finance ou l'industrie, l'appât du gain
n'est pas étranger à leur développement, mais n'oublions pas que
ni le commerce, ni l'industrie ne sont des facteurs d'évolution
sociale et que, ordinairement, le véritable artisan du progrès, le
chercheur, le savant, travaille sans aucun esprit de lucre, et que
ses découvertes, dont il ne bénéficie matériellement que rarement
et dans une faible mesure, sont presque toujours accaparées par les
spéculateurs qui s'enrichissent honteusement du travail et de la
pensée d'autrui. Non, l'appât du gain ne fait pas jaillir la
lumière et, en aucun cas, il n'est un facteur de civilisation. Au
contraire, l'appétit insatiable des capitalistes, l'amour du gain
toujours plus grand, plus considérable, les pousse dans des
aventures guerrières dont la classe ouvrière paie tous les frais.
C'est pour que leurs maîtres accumulent des gains considérables,
que les travailleurs sont contraints de produire pendant de longues
heures, pour des salaires de famine, et de se faire tuer sur les
champs de bataille, lorsque leurs exploiteurs, pour arrondir leurs
gains, cherchent des débouchés dans les pays coloniaux ou à
l'étranger. Le gain, en réalité, c'est le produit du vol licite,
du vol légal et, au sens propre du mot, il ne peut être moral. Tant
qu'une société, quelle qu'elle soit, même si elle se réclame de
tendances, de principes socialistes ou révolutionnaires, admettra ou
permettra le « gain », la question sociale ne sera pas résolue. Ce
n'est que lors vieilles sociétés bourgeoises seront détruits et
que l'industrie travaillera pour satisfaire les besoins de tous et
non pas pour satisfaire aux exigences immodérées d'une minorité de
ses semblables, que la révolution sera un fait accompli. Le gain ne
sera plus alors le fruit d'une spéculation ou d'une exploitation,
mais le résultat d'un travail profitant à toute la collectivité
humaine.
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