« Seuls des termes négatifs peuvent exprimer ces
formes nouvelles parce qu'elles constituent une négation des formes
dominantes. Ainsi, avoir la liberté économique devrait signifier
être libéré de l'économie, de la contrainte exercée par
les forces et les rapports économiques, être libéré de la lutte
quotidienne pour l'existence, ne plus être obligé de gagner savie.
Avoir la liberté politique devrait signifier pour les individus
qu'ils sont libérés de la politique sur laquelle ils n'ont
pas de contrôle effectif. Avoir la liberté intellectuelle devrait
signifier qu'on a restauré la pensée individuelle, actuellement
noyéee dans les communications de masse, victime de
l'endoctrinement, signifier qu'il n'y a plus de faiseurs d' « opinion
publique » et plus d'opinion publique. Si ces propositions ont
un ton irréalistes, ce n'est pas parce qu'elles sont utopiques,
c'est que les forces qui s'opposent à leur réalisation sont
puissantes. Il y a pour soutenir ce combat contre la libération une
arme efficace et durable, c'est la fixition de besoins matériels et
intellectuels qui perpétuent des formes surranées de lutte pour
l'existence. »
« En dernière analyse, ce sont les individus
eux-mêmes qui doivent répondre à la question sur les vrais et les
faux besoins, mais seulement en dernière analyse, c'est-à-dire
quand ils seront libres de donner leur propre réponse. Tant qu'on
les prive d'autonomie, tant qu'ils sont endoctrinés et conditionnés
(même au niveau de leurs instincts) la réponse qu'ils donnent à
cette question ne peut- être considérée comme la leur. Pour la
même raison, cependant, aucun tribunal ne peut s'attribuer le droit
de désigner les besoins qui doivent être développés et
satisfaits. On doit condamner cette sorte de tribunel, mais que cela
ne nous fasse pas abandonner la question : comment des gens qui
ont subi une domination efficace et réussie peuvent-ils créer par
eux-mêmes les conditions de la liberté ? »
« Réglementée par un ensemble répressif, la
liberté peut devenir un instrument de domination puissant. La
liberté humaine ne se mesure pas selon le choix qui est offert à
l'individu, le seul facteur décisif pour la déterminer c'est ce que
peut choisir et ce que choisit l'individu. Le critère d'un choix
libre ne peut jamais être absolu, mais il n'est pas non plus totu à
fait relatif. Le fait de pouvoir élire librement des maitres ne
supprime ni les maîtres ni les esclaves. Choisir librement parmi une
grande variété de marchandises et de services, ce n'est pas être
libre si pour cela des contrôles sociaux doivent peser sur une vie
de labeur et d'angoisse – si pour cela on doit être aliéné. Et
si l'individu renouvelle spontanèment des besoins imposés, cela ne
veut pas dire qu'il soit autonomes, cela prouve seulement que les
contrôles sont efficaces. »
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