mardi 25 juin 2019

L'homme unidimensionnel Par Herbert Marcuse




« Seuls des termes négatifs peuvent exprimer ces formes nouvelles parce qu'elles constituent une négation des formes dominantes. Ainsi, avoir la liberté économique devrait signifier être libéré de l'économie, de la contrainte exercée par les forces et les rapports économiques, être libéré de la lutte quotidienne pour l'existence, ne plus être obligé de gagner savie. Avoir la liberté politique devrait signifier pour les individus qu'ils sont libérés de la politique sur laquelle ils n'ont pas de contrôle effectif. Avoir la liberté intellectuelle devrait signifier qu'on a restauré la pensée individuelle, actuellement noyéee dans les communications de masse, victime de l'endoctrinement, signifier qu'il n'y a plus de faiseurs d' « opinion publique » et plus d'opinion publique. Si ces propositions ont un ton irréalistes, ce n'est pas parce qu'elles sont utopiques, c'est que les forces qui s'opposent à leur réalisation sont puissantes. Il y a pour soutenir ce combat contre la libération une arme efficace et durable, c'est la fixition de besoins matériels et intellectuels qui perpétuent des formes surranées de lutte pour l'existence. »

« En dernière analyse, ce sont les individus eux-mêmes qui doivent répondre à la question sur les vrais et les faux besoins, mais seulement en dernière analyse, c'est-à-dire quand ils seront libres de donner leur propre réponse. Tant qu'on les prive d'autonomie, tant qu'ils sont endoctrinés et conditionnés (même au niveau de leurs instincts) la réponse qu'ils donnent à cette question ne peut- être considérée comme la leur. Pour la même raison, cependant, aucun tribunal ne peut s'attribuer le droit de désigner les besoins qui doivent être développés et satisfaits. On doit condamner cette sorte de tribunel, mais que cela ne nous fasse pas abandonner la question : comment des gens qui ont subi une domination efficace et réussie peuvent-ils créer par eux-mêmes les conditions de la liberté ? »

« Réglementée par un ensemble répressif, la liberté peut devenir un instrument de domination puissant. La liberté humaine ne se mesure pas selon le choix qui est offert à l'individu, le seul facteur décisif pour la déterminer c'est ce que peut choisir et ce que choisit l'individu. Le critère d'un choix libre ne peut jamais être absolu, mais il n'est pas non plus totu à fait relatif. Le fait de pouvoir élire librement des maitres ne supprime ni les maîtres ni les esclaves. Choisir librement parmi une grande variété de marchandises et de services, ce n'est pas être libre si pour cela des contrôles sociaux doivent peser sur une vie de labeur et d'angoisse – si pour cela on doit être aliéné. Et si l'individu renouvelle spontanèment des besoins imposés, cela ne veut pas dire qu'il soit autonomes, cela prouve seulement que les contrôles sont efficaces. »

Aucun commentaire: