Action par
laquelle les êtres vivants se reproduisent et perpétuent leurs
espèces. La génération des hommes ; la génération des insectes.
« Le cheval est, dit Buffon, de tous les animaux celui qu'on a le
plus observé, et on a remarqué qu'il communique, par la génération,
presque toutes ses bonnes et mauvaises qualités, naturelles ou
acquises. » Il en est de même pour tous les êtres vivants, hommes,
bêtes, et même les plantes. Il y a deux modes de génération : la
génération agame, qui ne nécessite qu'un seul individu pour
reproduire des descendants, et la génération sexuelle, où deux
individus, de sexe différent se fondent et produisent l'œuf qui, en
se développant, forme un individu ; mais que la génération soit
agame ou sexuelle, les descendants héritent des caractères et des
particularités de leurs parents, et il n'est pas concevable que la
vie puisse être produite autrement que par la vie elle-même, qui se
transmet perpétuellement de génération en génération. Il faut
être imbu de croyance et de fanatisme, pour accepter les thèses des
différentes églises qui prêtent à un Dieu tout-puissant la
création des différentes espèces qui peuplent le monde. La science
a depuis longtemps détruit une telle hypothèse, qui ne repose que
sur l'ignorance, et démontré qu'il est absurde de croire à la
génération spontanée, consécutive à la volonté d'un être
suprême. « Nul animal, nul végétal, dit Voltaire, ne peut se
former sans germe ; autrement une carpe pourrait naître sur un if et
un lapin au fond d'une rivière, sauf à y périr. » L'être humain
n'échappe donc pas à la grande loi de la génération et l'espèce
humaine ne se conserve qu'en se reproduisant. Est-ce à dire que
l'homme ne change pas et que, héritant des caractères physiques,
moraux et intellectuels de ses ascendant, il est aujourd'hui ce qu'il
était il y a dix mille ans ? Il n'en est pas ainsi : l'individu se
transforme, non pas seulement au cours des siècles, en raison de
révolutions brutales, mais chaque jour, au cours de sa propre vie, à
tout instant de son existence. Il se transforme sans s'en apercevoir,
de même que la maman ne s'aperçoit pas des transformations et du
changement qui s'opère sur le bambin qu'elle voit tous les jours. Et
c'est ce qui explique que l'individu d'aujourd'hui n'est pas
absolument identique à celui d'hier et qu'il présente des
caractères distinctifs avec l'individu d'il y a cent ans, d'il y a
mille ans. Si l'on admet que le descendant est l'héritier de
l'ascendant, il faut, pour se conserver, qu'une race, qu'une espèce
soit saine, qu'elle évolue physiquement comme moralement, sans quoi
elle tombe en dégénérescence et se détruit d'ellemême. Et il en
est de l'individu comme de la race. L'être sain, qui se reproduit,
peut donner à la société un descendant utile, heureux, alors que
le malade, l'ivrogne, l'alcoolique ne peuvent reproduire que des
rejetons tarés, vicieux, qui traînent une vie misérable et sont
une charge pour la collectivité. Sans pousser à l'absolu et
demander, comme le faisaient les anciens, que l'on supprime à la
naissance les individus difformes, nous pensons qu'en notre siècle
de science et de progrès, l'homme devrait avoir assez de conscience
pour savoir qu'il n'a pas le droit de jeter dans la vie des êtres
qui, en raison de leur ascendance, sont voués à la souffrance
continuelle et à la misère. La bourgeoisie, férocement égoïste,
qui n'envisage nullement l’avenir, mais ne vit que dans le présent
et cherche à conserver le plus longtemps possible, pour elle et ses
descendants les plus directs, les privilèges acquis par des siècles
de rapines et de crimes, profite de l'ignorance du peuple sur le
problème de la génération. Elle favorise la reproduction dans les
classes laborieuses qu'elle exploite honteusement car, pour la
servir, il lui faut une génération d'asservis et d'esclaves. Le
peuple, trop souvent hélas! se laisse prendre dans les filets que
lui tendent ses maîtres, et c'est ainsi que la génération
présente, née de la guerre, vieille avant l'âge, semble être une
fin de race, que l'on grise de promesses et qui se contente du pain
et du cirque que lui accordent ses tyrans. Nous avons dit, par
ailleurs, que des civilisations aussi puissantes que la civilisation
moderne se sont écroulées ; que la guerre, source d'esclavage et de
misère, avait, en d'autres temps, dévasté des régions riches et
prospères ; nous avons nous-même, pendant 52 mois, souffert de
l'inconscience et de la folie qui s'étaient emparées de l'humanité.
Allons-nous léguer à ceux qui nous succéderont demain, tout ce
passé de larmes et de sang? Il faut que le peuple sorte de sa
torpeur et que, dans un sursaut d'énergie, il efface l'orgie d'hier
pour ouvrir à la génération qui vient la route de la paix et de la
liberté
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