Celui qui ne
se nourrit que de fruits, de végétaux. Quantité d'animaux sont
frugivores, bien que certains ne se nourrissent pas essentiellement
de fruits, mais de différentes substances végétales. Il y a même
des carnassiers qui ne dédaignent pas les fruits et les végétaux.
« L'homme, nous dit Cuvier, est par ses dents frugivore aux trois
cinquièmes et carnivore pour le reste. L'écureuil est un frugivore
». On donne à l'individu qui se nourrit de fruits le nom de
végétalien ; il est du reste excessivement rare de rencontrer des
hommes qui ne mangent que des fruits ; à part quelques sectaires,
presque tous les végétaliens acceptent d'absorber différentes
substances végétales. Nous n'avons pas à discuter des goûts de
chacun, et quiconque est libre, en vérité, de se nourrir à sa
guise de viande, de légumes ou de fruits ; mais certains végétaliens
veulent faire du végétalisme une doctrine sociale, ce qui nous
paraît ridicule. Scientifiquement, d'autre part, il n'a jamais été
démontré que le végétalisme produisait physiquement, moralement
ou intellectuellement, des individus supérieurs, et que les
carnivores eussent à souffrir de leur système d'alimentation. Au
point de vue sentimental, le végétalisme ne se soutient pas plus
qu'au point de vue scientifique, car si l'on se place sur le terrain
du « droit à la vie » pour les animaux, il n'y a pas plus de
raison de ne pas respecter l'existence du lion, du tigre, du serpent,
du rat ou de tout autre animal nuisible, que celle de la poule ou du
mouton. Nous pensons donc que le végétalisme est une question
individuelle et non pas une question sociale. Nous croyons cependant
qu'à l'origine l'individu fut plutôt carnivore que végétarien et
cela se manifeste encore de nos jours par la pratique de certaines
peuplades arriérées qui se livrent à l'anthropophagie,
lorsqu'elles ne trouvent pas pour se nourrir d'autre chair que celle
de l'homme. Nous devons encore ajouter, pour ceux qui se placent sur
le terrain sentimental pour soutenir les principes « humanitaires »
du végétalisme, qu'en certaines contrées la destruction de
certains animaux - tel le lapin, par exemple - est d'une absolue
nécessité, et que sans les battues et les chasses qui s'organisent
périodiquement, la reproduction intensive de ces animaux deviendrait
pour l'homme un véritable fléau. Laissons donc le frugivore à ses
fruits, le végétarien à ses légumes, et le carnivore à sa
viande, en ayant soin cependant de ne contraindre personne et de
n'empiéter sur la liberté de qui que ce soit. On trouvera aux mots
: végétarien, végétalien, végétarisme et végétalisme, une
étude plus profonde sur ce sujet qui intéresse certainement un
grand nombre de camarades anarchistes, car le problème du
végétarisme fut très discuté dans les milieux d'avant-garde. Il y
a des sujets autrement troublants cependant qui doivent inquiéter
tout révolutionnaire sincère et, végétarien ou carnivore, nous
croyons que l'homme, le travailleur, a, dans la situation précaire
que lui fait le capitalisme, des difficultés à vivre et que les uns
et les autres doivent s'unir pour acquérir leur bien-être et leur
liberté.
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