dimanche 9 juin 2019

Journal de la Commune


RAPPORTS SUR LA NUIT DU 14 AU 15 AVRIL

Une reconnaissance exécutée par le lieutenant Puchot, 185e bataillon, caserné au fort de Bicêtre, a constaté qu’un détachement composé d’une vingtaine de chasseurs a traversé, sans s’arrêter, le village de la Belle-Epine ; de plus, le lieutenant Puchot a pu s’assurer que le Petit-Bicêtre et l’Hay sont occupés par des troupes en nombre assez considérable.
D’après les renseignements qui nous parviennent de différents côtés, Bourgla-Reine, Sceaux et la Croix-de-Berny seraient les points où se concentrent en ce moment des forces importantes de l’armée de Versailles.
Hier soir, à neuf heures, l’ennemi a attaqué sur toute la ligne, mais en dirigeant plus spécialement ses efforts sur Vanves ; la fusillade et la canonnade se maintinrent vigoureusement de part et d’autre jusqu’à deux heures et demie du matin. A ce moment, les Versaillais se replièrent, mais à quatre heures ils reparurent, précédés par leurs voitures d’ambulance. S’imaginant qu’ils revenaient tout simplement pour ramasser leurs morts et leurs blessés, nos gardes nationaux, avec la générosité dont ils ont donné toujours tant de preuves, les laissèrent approcher jusqu’à deux cents mètres. Soudain, des rangs de l’ennemi partit une effroyable fusillade, accompagnée d’un feu nourri de toutes les batteries établies sur Châtillon et sur Brimborion
Revenus bientôt de leur surprise, nos braves gardes nationaux répondent par un feu des plus vifs à celui de l’ennemi ; les canons des forts et nos mitrailleuses se mettent de la partie, et ces efforts combinés ne tardent pas à amener la déroute des Versaillais qui, à cinq heures du matin, fuient dans toutes les directions, laissant le terrain semé d’un bon nombre de cadavres. Ce sont surtout les 182e et 163e bataillons à l’aide gauche, les 86e et 110e à l’aile droite qui ont le plus vaillamment soutenu le choc de l’ennemi. L’artillerie du fort de Vanves, sous la direction de son énergique commandant, le colonel Ledrux, a principalement contribué par la justesse de son tir, au succès que nous venons de remporter. Des éloges sont également dus aux artilleurs des forts d’Issy et de la redoute des Hautes-Bruyères.

Montrouge, le 15 avril 1871.
Le colonel chef d’état-major, A. LA CÉCILIA.
Le général commandant, E. EUDES

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