RAPPORTS SUR
LA NUIT DU 14 AU 15 AVRIL
Une
reconnaissance exécutée par le lieutenant Puchot, 185e bataillon,
caserné au fort de Bicêtre, a constaté qu’un détachement
composé d’une vingtaine de chasseurs a traversé, sans s’arrêter,
le village de la Belle-Epine ; de plus, le lieutenant Puchot a pu
s’assurer que le Petit-Bicêtre et l’Hay sont occupés par des
troupes en nombre assez considérable.
D’après
les renseignements qui nous parviennent de différents côtés,
Bourgla-Reine, Sceaux et la Croix-de-Berny seraient les points où se
concentrent en ce moment des forces importantes de l’armée de
Versailles.
Hier soir, à
neuf heures, l’ennemi a attaqué sur toute la ligne, mais en
dirigeant plus spécialement ses efforts sur Vanves ; la fusillade et
la canonnade se maintinrent vigoureusement de part et d’autre
jusqu’à deux heures et demie du matin. A ce moment, les
Versaillais se replièrent, mais à quatre heures ils reparurent,
précédés par leurs voitures d’ambulance. S’imaginant qu’ils
revenaient tout simplement pour ramasser leurs morts et leurs
blessés, nos gardes nationaux, avec la générosité dont ils ont
donné toujours tant de preuves, les laissèrent approcher jusqu’à
deux cents mètres. Soudain, des rangs de l’ennemi partit une
effroyable fusillade, accompagnée d’un feu nourri de toutes les
batteries établies sur Châtillon et sur Brimborion
Revenus
bientôt de leur surprise, nos braves gardes nationaux répondent par
un feu des plus vifs à celui de l’ennemi ; les canons des forts et
nos mitrailleuses se mettent de la partie, et ces efforts combinés
ne tardent pas à amener la déroute des Versaillais qui, à cinq
heures du matin, fuient dans toutes les directions, laissant le
terrain semé d’un bon nombre de cadavres. Ce sont surtout les 182e
et 163e bataillons à l’aide gauche, les 86e et 110e à l’aile
droite qui ont le plus vaillamment soutenu le choc de l’ennemi.
L’artillerie du fort de Vanves, sous la direction de son énergique
commandant, le colonel Ledrux, a principalement contribué par la
justesse de son tir, au succès que nous venons de remporter. Des
éloges sont également dus aux artilleurs des forts d’Issy et de
la redoute des Hautes-Bruyères.
Montrouge,
le 15 avril 1871.
Le colonel
chef d’état-major, A. LA CÉCILIA.
Le général
commandant, E. EUDES
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