samedi 6 août 2022

L'ami du peuple Par A. Vermorel Journal d'un membre de la Commune

 Dimanche 23 avril 1871


"Ceci n'est pas un journal,

C'est un compte-rendu, à mes concitoyens, , du grave et redoutable mandat qu'ils m'ont confié, en me nommant membre de la Commune de Paris.

Partisan déclaré du mandat impératif de la responsabilité , j'ai le devoir de me tenir en rapports constants avec le peuple dont je relève, de lui rendre compte, en quelque sorte, jour par jour, de mes principes, de ma conduite, et de la situation des affaires publiques.


Jamais l'heure n'a été si solennelle pour les mandataires du peuple, jamais la responsabilité n'a été plus terrible.

Le canon gronde, le sang coule. Du résultat de la bataille qui se livre, dépendent les destinées de la République et de la France.

Dans une pareille situation, toute faute, toute défaillance, toutes erreur est un crime; - et tout crime est un attentat contre la patrie, contre la République, contre l'humanité entière.

Et, nous ne serions pas seulement responsables chacun individuellement de nos propres fautes, de nos propres défaillances, de nos propres erreurs. Nous sommes tous solidaires.

Nous avons donc le devoir de nous éclairer les uns les autres, de nous tenir tous dans une communion intime de sentiments et d'idées. 

Telles sont les considérations qui me déterminent à entreprendre cette publication. Elle me parait être le complément indispensable du mandat que j'ai reçu et accepté.


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Ce qui fait la grandeur, ce qui fait la force, ce qui fait la légitimité de la révolution du 18 mars, c'est qu'elle a été toute spontanée, elle est sortie toute entière de la conscience populaire soulevée par un sentiment unanime de légitime défense.

Quoi qu'en puissent dire nos adversaires, il n'y a eu, du côté du peuple, ni conspiration, ni préméditation.

Il n y a eu de conspiration et de préméditation que de la part de M Thiers et de ses complices: Favre, Picard et les autres.

Ce sont eux qui ont été les agresseurs, et c'est sur eux, et sur eux seuls, que doit retomber toute la responsabilité de la guerre civile.

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La révolution du 18 mars est restée pure de toute compétition gouvernementale, et elle n'a pas été confisqué par quelques ambitieux, comme l'avaient été les révolutions antérieures du 29 juillet, du 24 février et du 4 septembre.

Le comité centrale de la fédération de la garde nationale ne représentait un groupe d'hommes politiques, ayant préparé la révolution par leurs agissements, afin de s'élever au pouvoir.

ils ont été portés au gouvernement par la force des choses, et non par leur propre volonté, et, avec un désintéressement à peu près inouï dans l'histoire, ils n'ont pas songé un seul instant à conserver ce pouvoir, objet de tant de convoitises.

Ils ne l'ont gardé que juste le temps de convoquer les électeurs.

Pour la première fois, le suffrage universel fonctionne librement et sans pression d'aucune sorte.

Les membres du comité central ne se sont même pas présentés au suffrage des électeurs, comme ils avaient le droit de le faire.

Ils ont laissé les électeurs venir chercher quelques-uns d'entre eux, les autres se sont retirés purement et simplement.

Ce sont là des faits incontestables, éclatants comme la lumière du jour, qu'il n'est pas permis de méconnaitre sans être aveuglés par une insigne mauvaise foi.

Que l'on compare cette conduite à celle des hommes du 4 septembre, qui font aujourd'hui poursuivre de leurs outrages et de leurs calomnies les hommes du 18 mars, et que l'on juge !!


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