"Des trois passions que j'ai eues, a dû se dire Johnson, et peut-être se l'est-il dit, qui sait, à la fin du moins, et pour en finir avec elles et pour en finir de lui par le même mouvement, des trois passions que j'ai eues, artistique, amoureuse, politique, la passion politique est la seule qui ait constitué pour moi une déconvenue, ou qui dût en constituer une, la déconvenue ou la malédiction de mon existence. La malédiction de mon existence aura été politique, de part en part. La politique aura été ma malédiction, se serait-il sans doute dit s'il avait pu juger de lui comme d'un autre. La politique, aurait-il alors ajouté, est une malédiction - une malédiction dont il n'y a pas d'existence à être exceptée, ajoutes-tu, à la place de Johnson. Dont l'existence de Johnson, il est vrai, l'a été moins qu'aucune autre. Parce qu'il y croyait? Parce qu'il croyait qu'il suffisait que la politique soit révolutionnaire pour que la malédiction cesse, s'abolisse? A la vérité, parce que Johnson s'est interdit de penser ce qu'il aurait dû penser, qui s'est interdit de penser que la politique est une malédiction et n'est que malédiction. Exactement comme la mort est une malédiction et n'est que malédiction. La mort est une malédiction à laquelle on ne se soustrait pas, la mort est la malédiction même, est la malédiction par excellence".
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