Un homme qui tente de faire
passer un adultère commun pour la souffrance d’un homme qui ne sait pas
choisir, qui ne peut choisir. Qui dit qu’il aime l’une et l’autre de la même
manière, de la même force.
Il n’a pas pu vivre les
instants avec l’une, ni avec l’autre ; imposant à l’une et à l’autre sa
vie absence : absence physique pour l’une lorsqu’il était avec l’autre ;
et l’absence mentale lorsqu’il était avec l’une, sans pour autant penser à l’autre,
sans culpabiliser de penser ne serait-ce qu’un instant à celle avec qui il n’était
pas.
3 souffrances, 3 vies souffrantes
de non-vie car non entières. Des vies parcellaires pour des souffrances
complètes, des souffrances multipliées par trois de la vie des uns et des
autres, de ces absences qui se sont superposées.
Et la nôtre de souffrance, en
a-t-il pris compte ? De la souffrance qu’il impose à Gabrielle ? A
Tina ?
Et nous culpabilisons de
penser à celle de Cavanna qui, pourtant, des trois, est sûrement le plus
heureux ? Le plus torturé heureux ? Celui qui ne serait heureux que
torturé ? Sommes-nous coupable de ne pas le maudire ? Pourtant, nous
n’avons de cesse de lui hurler mais choisi, libère l’autre de ta lâcheté.
Et puis, arrive le cinquième
livre qui nous laisse espérer qu’enfin ils vont de nouveau être réunis, ceux
qui n’ont cessé de s’aimer. Nous le supposons. Nous l’espérons. Il ne peut
penser à elle sans qu’elle-même n’en fasse autant. Tous ces kilomètres
parcourus à sa recherche ont dû laisser autant d’empreinte sur le chemin de
Maria, des traces rapportées à Maria. Mais qu’en a-t-elle fait ? Cavanna n’a cessé d’aimer Maria, comme celle
que l’on cherche toute une vie, que l’on trouve et alors, que l’on ne veut pas
perdre. Sauf circonstances particulièrement dramatiques. Au moins une guerre
mondiale.
Lorsque nous voyons le titre « Maria », nous repensons aux Russkoffs et leurs chants, ces chants qui foutent « culs par-dessus têtes » nous clament le jeune François. D’ailleurs, ce livre n’est qu’un chant, sur fond de guerre mondiale, mais elle n’est pas pour eux. Ils la traversent, elle n’est que prétexte. Pour devenir drame.
Une autobiographie-fiction,
nous prévient-il, dans la préface de Maria.
Mais de quel droit ne nous
laisse-t-il pas croire en ces retrouvailles ? Pourquoi nous prévient-il
que de tels amoureux peuvent ne pas se retrouver ? Ne se retrouver que
dans les pensées d’un homme vieillissant ? Seul ? Désespéré d’en
avoir perdu deux pour en retrouver une ? La seule, l’unique. Puis, finalement,
ce n’est pas vrai.
Et derrière, nous repensons
également à cette pauvre Liliane (« Bête et méchant »), femme
torturée, femme torturée car femme, sujet, femme sans autre humanité que celui
de procréer.
Donc, je vais commencer Maria,
mais parce que cela va être un long parcours jusqu’à la déception, je vais
souffrir tout au long malgré l’écriture, les mots et la verve. Maria, restera à
jamais la fraiche paysanne Russe des Russkoffs. A jamais.
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