Voyons,
maintenant quelles sont les caractéristiques de la grève générale.
J’ai dit
qu’elle marquait, d’abord et avant tout, la cessation de la
production, l’arrêt du travail, en régime capitaliste.
Cela veut
dire que les ouvriers, puis les paysans, doivent simultanément
abandonner le travail ? Ceci implique-t-il qu’ils doivent quitter
le lieu du travail, l’abandonner aux patrons ? Non. A l’encontre
de ce qui se passe généralement en cas de grève, les ouvriers
devront, en même temps qu’ils cesseront le travail, occuper le
lieu de production, en chasser le patron,l’exproprier et s’apprêter
à remettre en marche l’appareil arrêté, mais au compte de la
révolution.
La cessation
du travail, l’arrêt de la production n’ont donc pour but que
d’exproprier les possédants capitalistes et de prendre en mains
les instruments de production et d’échange, en même temps qu’on
se débarrassera du pouvoir étatique.
De la durée
de cet arrêt dépendra, tout l’avenir du mouvement
révolutionnaire. Il conviendra donc :
1°) De
réduire le temps d’arrêt au strict minimum ; 2°) De reprendre,
aussi rapidement et aussi complètement que possible, les échanges
entre les villes et les campagnes, et vice-versa.
Il ne faudra
pas renouveler les expériences passées, perdre son temps à fêter
la victoire. Il faudra l’organiser et immédiatement.
Du fait de
la révolution, les besoins seront considérablement accrus. Il
faudra les satisfaire aussi largement que possible.
De nos
jours, une révolution qui ne permettrait pas d’augmenter
rapidement la production, de réaliser un progrès tangible et
presque instantané, serait infailliblement vouée à l’échec.
On peut en
conclure que, selon que les syndicats seront ou non capables
d’accomplir les tâches ci-dessus, la révolution VIVRA OU MOURRA.
C’est toute la révolution qui se jouera donc dès les premiers
jours.
Comment
peut-on réduire au strict minimum le temps d’arrêt de la
production et reprendre au plus vite les échanges ?
En utilisant
immédiatement, sur le plan syndical, les forces conjuguées qui, de
tout temps, ont assuré et assureront la vie de la société : les
manœuvres, les techniciens et les savants.
Si cette
conjugaison est opérée au préalable, toutes les forces de la
production seront à pied d’œuvre et immédiatement - aussitôt la
dépossession - la remise en marche de l’appareil de production et
d’échange s’effectuera, sans à-coups, normalement, pour
satisfaire les besoins de tous, pour donner à manger à la
révolution.
Si cette
concentration des forces n’est que partielle, le succès sera plus
lent, plus difficile, moins complet. La vie de la révolution pourra
être en danger. Si ces forces ne se soudent pas au plus tôt ; si,
enfin, la conjonction n’est pas commencée,si les manuels, les
techniciens et les savants n’opèrent pas, TOUT DE SUITE, leur
groupement au sein du syndicat, c’en sera fait de la révolution.
L’insurrection politique triomphera et, avec elle, un nouveau
pouvoir étatique.
Il n’y a,
à ce sujet, aucun doute à garder, aucune illusion à conserver. Le
peuple se sera donné de nouveaux maîtres. Sa libération ne sera
pas encore pour cette fois.
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