On appelle
Grand-Livre la liste établie par le Ministère des Finances en vertu
de la loi du 24 août 1793 et qui contient le nom de tous les
créanciers de l'Etat et tout ce qui a trait à la Dette publique. Si
l'on tient compte de toutes les opérations financières auxquelles
se livrent les gouvernements ; si l'on considère l'accumulation
toujours plus importante de la Dette publique, on peut s'imaginer ce
que signifie le Grand-Livre. Ce qui n'empêche pas, du reste, les
conservateurs sociaux de déclarer que toute cette paperasserie est
une manifestation de l'ordre. Nous ne sommes pas de cet avis et, sans
contester l'utilité qu'il y a, et qu'il y aura toujours à tenir des
comptes, nous pensons cependant que ceux-ci pourraient être
singulièrement simplifiés dans un organisme qui ne présenterait
pas le caractère désordonné de l'Etat bourgeois et capitaliste.
Commercialement, le Grand-Livre est un registre sur lequel on classe
par compte toutes les opérations du Journal. MM. O. Garnier et C.
Pinsart, professeurs de cours commerciaux, nous décrivent, dans leur
Cours pratique de Comptabilité, l'utilité du Grand-Livre. « Le
Grand-Livre, bien que livre auxiliaire, n'est pas moins indispensable
que les livres obligatoires ; c'est un des plus importants au point
de vue comptable. » En effet, si, à un moment donné, le commerçant
veut, soit établir sa situation générale, soit dresser le compte
d'un tiers, il peut évidemment, à cet effet, avoir recours au
Journal, qui contient toutes ses opérations ; mais celles-ci y étant
inscrites par ordre de date, sans aucun classement méthodique, le
travail à faire sera long et difficile. Ce dernier inconvénient
disparaîtra complètement par l'emploi du Grand-Livre, où les
opérations relatives à une même valeur ou à une même personne
sont centralisées au compte correspondant. Le Grand-Livre est, en
conséquence, un outil indispensable à tous ceux qui entretiennent
des relations commerciales avec leurs semblables et qui sont obligés,
par cela même, de tenir des comptes. Il est évident que dans une
société où sera abolie l'exploitation et d'où aura disparu
l'argent, cause de tant de bassesses, le crédit n'ayant plus de
raison d'exister, la comptabilité sera réduite à sa plus simple
expression et ne sera plus embarrassée par une foule de Grand-Livre
qui ont aujourd'hui leur utilité, mais qui la perdront demain.
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