Qui
gouverne. Ce mot ne s'emploie qu'au pluriel, lorsqu'il sert à
désigner ceux qui gouvernent un Etat. Pris dans ce sens, il devient
synonyme de ministres. Les gouvernants de France se réclament tous
de l'esprit républicain. Nous avons dit, au mot Gouvernement, qu'un
gouvernement ne peut être que d'essence bourgeoise et qu'il ne
pouvait défendre que les intérêts des classes privilégiées. Il
ne nous paraît donc pas utile d'insister sur ce fait que la plupart
des gouvernants sont d'origine bourgeoise et qu'ils font dans l'Etat
la politique de leur classe. Du reste, les gouvernants, tout comme
les députés et autres politiciens, ne sont que des mannequins entre
les mains de la ploutocratie de leur pays qui, elle, dirige dans les
coulisses les affaires économiques et politiques de la nation. Il
est un fait cependant à souligner : c'est qu'à de rares exceptions,
les gouvernants sont choisis parmi les plus corrompus et les moins
sincères de tous les politiciens. Cela se comprendra du reste assez
facilement lorsque l'on saura que les places de ministres sont
relativement rares, et qu'il faut savoir intriguer pour obtenir un
portefeuille. Ne nous étonnons donc pas de la basse moralité des
gouvernants. Pour être à la tête de la nation, récolter tous les
avantages avoués, et surtout inavoués, d'une telle position, il est
indispensable de se dresser contre tous les aspirants avides de
pouvoir, et c'est au plus malin et au moins scrupuleux, à celui qui
n'hésite devant aucun moyen, même le plus abject, que revient alors
l'honneur de gouverner les hommes. Le peuple n'a donc rien à
attendre de ses gouvernants, que du mal. Guidés par l'ambition et
l'intérêt, une fois en possession du Pouvoir, les gouvernants n'ont
qu'une crainte : c'est de le perdre ; et, pour le conserver, aucune
action ne leur semble blâmable, et cela explique toute l'ignominie
des luttes politiques, où les besoins et les intérêts du peuple
n'entrent même pas en ligne. Les hommes ne seront heureux que
lorsqu'ils sauront se passer de gouvernants. En réalité, la plus
grosse part de responsabilité dans la corruption politique qui nous
étouffe, incombe au peuple qui permet à ses gouvernants de se jouer
de sa misère. Le travailleur perpétue, par sa propre faute, un état
social condamné depuis longtemps par tous ceux qui pensent sainement
et ont compris l'incohérence du régime capitaliste. Prétendre que
les gouvernants sont indispensables pour maintenir l'ordre dans une
société, est une aberration, un préjugé entretenu savamment dans
l'esprit populaire, pour maintenir le peuple dans l'esclavage. Les
gouvernants sont des fauteurs de désordre et il n'y a pas de
précédent de gouvernants ayant agi avec probité et loyauté pour
le bien du peuple. Le peuple est assez vieux, il doit savoir se
passer de gouvernants et diriger luimême ses propres affaires. Elles
ne sont du reste pas si difficiles à gérer, et point ne lui est
besoin de maîtres pour qu'il sache qu'il lui faut, pour vivre, du
travail et du pain. Les gouvernants sont une entrave à la libération
de l'homme et, à ce titre, il est indispensable de les combattre,
jusqu'au jour où ils seront engloutis sous les décombres des
gouvernements.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire