vendredi 26 juillet 2019

Déclarations de quelques anarchistes grecs emprisonnés pour des faits insurectionnels


Ces jeunes gens sont des anarchistes. Nous ne faisons pas des révolutions dans les salons où les plus pleutres discutent de bouts de ficelles. Ceux qui ont le pouvoir et l'argent, vont-ils nous laisser vivre dignement d'eux-même ou allons nous devoir infléchir leurs convictions avec d'autres moyens.



Déclaration de Giannis Mihailidis

« Chaque juge a une place au cimetière pour toutes les personnes qu’il a enterré vivantes » Face au complexe judiciaro-policier, en tant qu’ennemi déclaré de la démocratie capitaliste, Désarmé par les agents de l’ordre, mais décidé à armer mes paroles contre eux... Dans cette œuvre théâtrale de pacotille appelée procès, les juges, comme de misérables acteurs, s’efforcent d’occulter la brutalité de l’imposition violente du pouvoir étatique. La décision démocratique d’une longue condamnation dans l’enfer pénitentiaire est présentée comme le produit d’un dialogue auquel même l’accusé participe. L’autorité lave le sang avec des apparences de justice, d’humanisme, d’indulgence ou, dans le pire des cas, de nécessité. Et le concept d’autorité est articulé dans le code de loi, c’est-à-dire le langage de l’imposture qui sert à maintenir le status quo de l’Etat et du capital. Je refuse de parler le langage de l’ennemi pour négocier ma peine et c’est pourquoi je ne reconnais aucune représentation légale. Je refuse de participer à cette mascarade, mais je respecte bien sûr la tentative des compagnons de la saboter en réfutant le discours monolithique de la justice bourgeoise à tous les stades de la procédure.
Cela est général, car je refuse d’accepter l’intégralité de l’obsession du mécanisme judiciaire, pas seulement la façon dont il est appliqué maintenant, mais également toutes ses possibles applications dans différentes sortes de régimes. Parce qu’aucun groupe spécial institutionnalisé ne peut imposer son jugement sur les choix et les actions des autres. Et aucun code pénal ne peut embrasser la richesse des relations humaines dans une réalité si complexe que tout ensemble de règles échoue à modeler. Une telle procédure est le produit de l’imposition de l’Etat qu’elle sert, maintenant la cohésion du tissu social autoritaire qu’en tant qu’anarchiste je veux détruire, afin que resplendissent les simples relations humaines anti-autoritaires dont le sentiment et la conscience sont le seul tissu conjonctif. Si cela ressemble à des généralités abstraites, mon refus d’accepter l’éthique du capital et la sacralisation de la propriété privée, le code de lois étant entièrement axé sur la protection de cette dernière, est très précis. J’ai été un voleur et un braqueur remettant en question le calice sacré du capitalisme. Parce que la propriété signifie l’exclusion, l’accumulation, elle est la matrice de la forme dominante d’exploitation et d’oppression, l’économie. Et sa force est sa diffusion, elle se trouve partout, en tous, comme le ticket dans le monde capitaliste.
Plus spécifiquement, je vais parler de mon refus d’accepter la valeur objective de la vie humaine telles que la définie la loi de l’Etat, qui méprise de façon provocante les travailleurs assassinés par l’immunité des patrons. Qui méprise les suicides dans l’enfer des prisons de manière provocante où elle enterre vivants les gens. Qui méprise les hécatombes dans les opérations militaires. Qui méprise avec provocation les immigrés qui se noient dans la mer, en les faisant exploser ou en leur tirant dessus aux frontières qui délimitent des zones selon les niveaux d’exploitation économique. Qui méprise de façon provocante la vie des gens et des animaux en nous transformant tous en produits, un processus qui passe par la torture continue des désobéissants et des faibles. Des enfants-esclaves des multinationales dans le tiers monde à la barbarie de l’industrie de la viande, il n’y a que peu de différence. Et pour finir, elle méprise de façon provocante et sans respect la terre elle-même, conduisant aux maladies de masse et à la mort par la pollution de la civilisation techno-industrielle.
C’est pourquoi moi aussi, en tant qu’anarchiste, je méprise de façon provocante les vies des exécutants économiques, politiques et scientifiques du système, tout comme de ceux qui suivent leurs ordres, serviteurs du complexe judiciaro-policier qui défend l’ordre assassin de ce monde. C’est pourquoi, lorsque je me suis retrouvé face à deux flics essayant de me voler ma liberté, j’ai cherché, en plus de m’échapper, à les exterminer physiquement. Ne soyez pas choqués, petites gens de la cour, car si la vie humaine a de la valeur, c’est en fonction de la liberté. Votre vie, celle des voleurs de liberté, a une valeur négative. Et dans mon système de valeurs, peut-être qu’un flic pourrait, sous conditions, être traité avec indulgence, mais chaque juge a une place au cimetière pour toutes les personnes qu’il a enterré vivantes. TOUT POUR LA LIBERTÉ

Déclaration de Grigoris Sarafoudis

Aujourd’hui commence un nouveau procès de terreur devant un tribunal dans la prison ! Ici, lors de cette pièce de théâtre de piètre qualité, des accusations et des peines vont être attribués à des gens qui défendent d’autres valeurs que celles que les lois et vous projetez comme les seules acceptables. L’autorité judiciaire et son fonctionnement n’ont rien à voir avec la justice et j’en suis un ennemi. Elle récompense la délation et le remords avec des peines clémentes, humiliant les concepts d’égalité et de dignité. La Justice que vous représentez distribue des peines de prison paralysantes, dans des espaces et des conditions lamentables, afin de brutaliser toute trace de substance humaine. A travers l’arbitraire légal et étatique, le « cannibalisme » humain est promu : des rapports de domination et d’exploitation, l’instrumentalisation de l’individu.
Vous défendez une liberté amputée, une liberté qui a besoin de frontières, d’armées, de forces de sécurité, des camps de concentration et des gens illégaux ou légaux de deuxième, troisième ou quatrième vitesse dépendant de leurs positions sociales et économiques pour survivre, une liberté qui a besoin de peur et d’apathie, mais où on offre des paradis de consommation, basés sur le travail misérable d’eux-mêmes et d’autres gens. Je refuse votre liberté limitée, j’essaye de construire des vrais rapports avec les gens autour de moi. Agissant uniquement sur base de ma conscience, je me bats contre tout cela, pour ma liberté individuelle, une liberté que vous ne saurez jamais comprendre, car le seul rapport que vous avez avec elle, c’est sa privation !


Déclaration de Nikos Romanos

Le but de cette déclaration est de clarifier mes intentions auprès de vous et de votre cour. Les actions qui ne sont pas unies aux paroles afin que leur contenu conceptuel soit clair portent à confusion, tandis que les paroles non suivies d’action sont vides de sens et reflètent une neutralité verbale. Je suis ici votre ennemi déclaré et irréductible, je n’implore pas votre clémence, je ne cherche pas le dialogue avec vous et vos semblables. Mes valeurs sont en guerre avec les vôtres, chaque phrase que je dis contre vous est donc une lame qui frappe votre masque d’hypocrisie et clarifie la position et le rôle de chacun de nous. Vous écrivez des centaines de pages et créez continuellement de nouvelles affaires pour nous enterrer dans les prisons de votre démocratie pour des décennies.
Vous vous préparez à nous imposer des « conditions de détention spéciales », c’est-à-dire l’unique coup manquant au panthéon du « traitement spécial » (transferts, procès, lois) que vous créez pour nous combattre. Les simples lois de la physique disent que la conséquence d’une action est la réaction. En dehors de vos tribunaux, dans les endroits libres, il y a des personnes rebelles, compagnons pour moi, terroristes pour vous, qui n’entendent pas tolérer notre extermination sans d’abord vous faire saigner, vous et vos superviseurs politiques. Vous pouvez prendre cela comme une menace si vous voulez. Je crois que c’est une réalité cynique. Chaque choix a son coût. Je suppose qu’en tant que juges et serviteurs de la loi vous serez d’accord avec moi sur ce point. Mais jetons un bref coup d’œil sur votre merveilleux monde. Nous sommes dans l’ère de la vitesse. Tout change vite, créant sans cesse des états d’urgence. La vitesse du temps historique a désormais déraillé, les informations et les nouvelles voyagent en quelques millisecondes, la technologie et la science avancent à pas de géant. À côté de cela, les contradictions de la civilisation moderne explosent toujours plus souvent. Des dizaines de feux sont allumés dans les villes où tout semblait calme, et menacent de répandre le chaos dans l’ordre organisé du système. De tels événements créent des conditions qui nous servent. Nous créons des ponts de communication avec les gens derrière les barricades si bien que les actes de violence font partie d’un contexte politique plus spécifique, ouvrant ainsi la perspective de leur dépassement dans la lutte pour la révolution anarchiste. Là où la rage se combine avec la conscience. Là où se rencontrent les gens dont les boyaux sont brûlés par le feu de la liberté. Quelque part par là se trouvent aussi les empreintes de mon insurrection.
Anarchiste, parce qu’elle est hostile à toutes les autorités reproduites par l’homme, continuelle parce qu’elle ne cherche pas à réformer mais à détruire, existentielle parce qu’à travers l’insurrection elle exprime toutes ces belles émotions que nous voulons répandre dans les cœurs insurgés. En outre, la qualité de la vie se mesure en moments et en émotions. Sur la base de cette description schématique, vous comprenez que vous n’avez aucune marge pour arrêter l’inévitable. L’affrontement de nos mondes. C’est pourquoi des déclarations comme celle-ci ont exactement ce but, envoyer un message clair. Vous ne pouvez pas nous plier, vous ne pouvez pas arrêter la tempête qui approche. Ces temps réclament de la réflexion, de la prudence et une lutte continue par tous les moyens. Pas un pas en arrière ! Plus de violence contre l’Etat et le capital. Force aux guérilleros urbains anarchistes Nikos Maziotis et Pola Roupa qui ont une récompense sur leur tête. Force à tous les compagnons en clandestinité. Foutez-vous l’argent de vos récompenses au cul ! Longue vie à l’anarchie !


Déclaration de  Fivos Charisis & Argiris Dalios 

« Dans notre époque, comme dans les temps du passé, il y a ceux qui sont au milieu du feu et d’autres qui applaudissent ... » Pour lutter, il faut prendre du risque. Le risque de perdre. De perdre des émotions, des compagnons, jusqu’à la liberté elle-même. Quand tu prends le risque de vivre des moments d’anti-autorité, il faut sauter et brûler dans le feu… S’il y a du temps, tu compteras ton chair brûlé… Sinon, les yeux restent gelés à jamais, regardant les frontières de l’inaccessible. Une autre date, un autre procès avec plus ou moins les mêmes accusations. Même si à chaque fois elles diffèrent quelque peu, cela n’a pas vraiment d’importance. De toute façon, vous condamnez et vous condamnerez notre attitude de vie contre la loi, nos rêves éveillés anarchiques et les risques de la lutte dans la vie quotidienne. Et bien sûr, les erreurs pourrissent dans votre chasse pour nous condamner. Respirant depuis l’intérieur de la prison maintenant, nous nous assurons de regarder vers la partie du ciel qu’on peut sans remords nous attribuer, comme on le faisait quand on était à l’extérieur – un quand que vous n’avez pas besoin de savoir –, ensemble avec des amis et des compagnons, planifiant, subvertissant et combattant à tout cœur dans la lutte pour la liberté. Soit en bougeant anonymement lors des secondes de l’attaque, surprenant le temps métropolitain, soit en se promenant à côté d’autres compagnons inconnus dans la rue. Que vous ne vous mettez pas en tête que vos condamnations « corrigeront » nos intentions.
Car elles se nourrissent et grandissent devant  l’injustice et les déceptions produites par votre monde. Car elles refusent obstinément de fermer les yeux devant la misère générale que vous aussi représentez. Car nos expériences de toutes ces années dans votre société pourrie, votre société d’apathie et d’aliénation et de soumission nous suffissent pour ne pas mettre un pas en arrière. Parce qu’en fin de compte, s’il y a quelque chose de précieux dans la lutte que nous menons, c’est que nous VIVONS avec dignité dans notre époque, et cela, vous ne pouvez pas le jugez ou le limiter, peu importe combien d’années vous nous enfermerez dans vos bordels pénitentiaires… Si on rassemblerait dans un livre la douleur des gens que vous condamnez, si on pouvait mettre ensemble sur une page les soupirs des condamnés et leurs larmes dures, alors, une balle dans vos têtes serait « peu »… Vous, ensemble avec vous subalternes, créez magistralement un climat d’hystérie terroriste afin de nous condamner à des longes peines, de nous enterrer dans des prisons de haute sécurité et de justifier toute sorte de coups judiciaires contre nos vies. Pour qu’à la fin, on puisse voir le « succès » de votre théâtre, le miracle de la correction. Attendons avec suspense si vous gagnerez votre pari : notre extermination. Mais permettez-nous de vous rappeler que toutefois, votre monde a une cour plus grande que celle en prison et que des millions d’âmes s’empilent dans les couloirs de l’habitude, la routine, le travail et les maudites va-etvient répétitives, L’INACTIVITE GENERALE. A côté des consciences recherchées. A côté des libertés recherchées.




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