mercredi 14 septembre 2022

Liberticides voluptuosités / Voluptuosité Réseauides Par M.A.

 

Liberticides voluptuosités

M. A


C’était aujourd’hui ou jamais.

 

Lorsqu’elle descendit l’escalier, ses pas ont résonné dans ma tête. J’allais faire ce que je ne pensais pas être capable de faire. Elle est apparue dans l’entrebâillement de la porte, elle arriva sur les dernières marches et elle s’arrêta. Dès qu’elle m’aperçut, elle me fixa, la bouche entrouverte. Lentement, je me suis levé et, sans me presser, je suis arrivé devant elle. A aucun moment, nous ne nous étions quittés du regard. Des secondes. Une éternité passa dans ces secondes. Puis, lentement, comme un geste non forcé, j’ai posé le plat de ma main sur son sexe. On en sentait la chaleur au travers de son pantalon. Sans geste, pas de violence, nos yeux rivés les uns dans les autres, elle esquissa un sourire, tout en laissant échapper un léger souffle. Le mouvement imperceptible qu’elle eut, soit de la hanche, soit de la cuisse, fit que ma main épousa la forme de son sexe.

Délivrance ? Soulagement ? C’était fait. Enfin. Déjà. On ne savait pas. Mon avenir avait été en sursis, suspendu, jusqu’à ce soupir.

Il n’y eut rien de plus.

C’était fait. Enfin. Déjà. On ne savait pas. Mon avenir avait été en sursis jusqu’à ce soupir.

Il n’y eut rien de plus.

Cela eut-il lieu ? Fantasmer ? Espérer ? Par qui ?

Cela n’eut plus jamais lieu.

Cela n’eut jamais lieu.

Pourquoi cela ne devait jamais avoir eu lieu ? Consentante, convaincante.

Un fantasme.

Une invasion érotique doit-elle se concrétiser par quelques gestes que ce soit ?

Peut-elle rester indéfiniment suspendue ? Entre les protagonistes ? Ou juste dans un espace déterminé qui ne pourra jamais déborder vers un autre espace. Tout cela était cloisonné. Un plaisir parce que non concrétisé. Une suspension hallucinatoire. Un scalpel sur des nerfs tuméfiés, sur des plaies à vif.

Ou alors, une source d’eau fraiche sur une brûlure. Cela pouvait-il rester en suspension éternellement ou devait-il forcément y avoir une issue à cet état ? Etait-ce humainement tenable ?  Mais était-ce à sens unique ? Etais-je deux ? Etais-je le seul à ressentir cette confusion ? Les signaux reçus étaient faussés par ma condition d’abstinent exacerbé. Je ne la regardais plus comme une jeune fille. Je la regardais  comme une potentialité exubérante, comme un paysage en mouvement que je pouvais admirer, ou toucher, sentir.

Cela ne s’est pas passé. Ne se passera jamais ?

 

Lorsqu’elle descendit les marches, ses pas étaient lourds. Elle stoppa dans l’encadrement de la porte.

Elle me fixait. En suspens.

Elle me sourit. En suspens.

Et moi, je ne la quittais pas des yeux, des images y dansaient. Elle imprima un sourire.

Elle passa un petit bout de langue sur sa lèvre inférieure, exhala un soupir.

Sans doute de déception, peut-être de frustration.

Ce petit bout de langue que j’aurais aimé manger, dévorer, prendre, lécher. En boire la salive. Finir tremper car nous nous serions léché le corps entier. Poils et pubis compris. Fesses, sexe et trou du cul. Lécher, jusqu’à plus soif, jusqu’à plus de suc, de jus. Bestialement, nous sommes des bêtes, des animaux.

Elle passa à côté de moi. Je passai une langue sur ma lèvre inférieure et j’exhalais un soupir, libérateur. Etais-je donc libérer de quelque chose d’improbable, d’irréalisable ?

L’exécution d’un geste qui ne résistait pas à l’envie était-il une libération ou le destin achevé ? Ou la conséquence inévitable de la pensée qui se finit ? Qui se finit pour peut-être un nouveau commencement ? Parcourir ainsi les fins pour ne plus voir que des débuts. Je surveille ces parcours, je le veux, je les souhaite. Mais n’en suis-je pas prisonnier dorénavant ? Vais-je pouvoir m’en délivrer ? La liberté n’est pas ce que l’on ne peut pas éviter. Celle-ci est complète lorsque l’on a encore le choix. Je ne l’avais plus.

Je n’en ai eu conscience que lorsqu’elle descendit les marches, ses pas étaient lourds. Elle stoppa dans l’encadrement de la porte. Elle me fixait. En suspens. Elle me sourit. En suspens. Et moi, je ne la quittais pas des yeux, des images y dansaient. Elle imprima un sourire, elle passa un petit bout de langue sur sa lèvre inférieure, exhala un soupir.

J’étais devenu l’homme qui attendait un soupir, qui cherchait un petit bout de langue. Je traquais des signes. J’étais l’observateur de mes espoirs secrets.

Ce geste, cette pensée, tout ça a été suspendu à un temps bien précis. Une demi-seconde plus tôt, cette pensée n’aurait jamais existée. Une demi-seconde plus tard, le geste aurait été fait. D’une demie seconde à une autre, je pouvais passer de l’horrible pervers avide de viande fraiche, à celui d’homme respectueux et respectable.

Elle n’est même pas belle mais l’animalité qu’elle dégage nous assaille, m’assaille ? Et nous transperce de part en part.


 

Lorsqu’elle descendit les marches, ses pas étaient lourds.

Elle était nue devant moi. Etait-il normal qu’elle soit nue devant moi ? Oui. Sans doute que oui. Et alors, je n’allais pas forcément en chercher une raison. Personnellement, ça n’avait aucun intérêt à ce que j’en cherche une raison. C’était comme une conséquence évidente de ce qui s’était passé la dernière fois.

Oui, mais cela s’était-il passé ? Et si non, cet instant devenait un évènement particulier séparé de tout. Cela ne faisait partie d’aucune histoire. Cela devenait une histoire. Celle qui allait commencer. C’était aussi une fin.

Mais cela existait-il aussi ? N’était-ce pas aussi un autre fantasme ? Une autre invention de mon esprit ? Je devenais le captif de quelque chose. L’individu prisonnier de son fantasme. D’où vient un fantasme ? De ce que l’on aimerait qu’il se passe ? De ce que l’on aurait peur qu’il se passe ? De ce que l’on ne voulait pas qu’il se passe, de peur de perdre le fantasme ? Je la voyais devant moi mais était-elle là ? Réellement. En tendant les mains, allais-je la toucher ?

Elle tournait sur elle-même et je posais mes mains partout sur son corps.

 

Son cul, ses seins, son sexe.

 

Elle tournait et c’est moi qui avais la tête qui tournait. Elle transpirait énormément. Sa danse devenait de plus en plus provoquante et je n’allais pas rester à ne rien faire.

 

Je l’ai couché sur le canapé et je me suis mis à la lécher partout. Entre ses seins, entre ses fesses. Son sexe ruisselait et, quand je l’ai pénétrée, il n’y avait aucun obstacle.

Et encore ce soupir dont j’étais de nouveau à la recherche.

 

Elle but mon sperme avec envie, volupté. Je ne pouvais m’arrêter de la toucher, de la lécher. Je mettais mes doigts dans tous les orifices. Je buvais ses sucs, ses souffles, ses soupirs. Je lui mangeais sa langue. Je suçais ses doigts.

 

Je ne voulais pas qu’elle disparaisse. Que cet instant s’échappe une fois encore dans ma déraison, dans ma peur de ne rien faire. Je voulais un temps suspendu, infini. Il était indispensable qu’elle s’échappe de tout ce que l’on connaissait. Je ne voulais plus avoir peur pour me donner. Oser me donner pour ne pas, plus, avoir peur de rien.

« J’aimerais…

-Silence ! Nous ne devons pas parler, sinon le charme va se rompre et tout cela n’aura jamais existé. »

 

Il était trop tard, elle avait disparu. Elle disparut mais je gardais à la bouche ses goûts, ses odeurs. Allait-elle réapparaitre ? Allait-elle de nouveau réapparaitre ?

Voilà pourquoi, il ne fallait pas bousculer tous ces instants là car ils sont à la merci de tout ce qui pourrait les arrêter.

 

 


 

Lorsqu’elle descendit les marches, ses pas étaient lourds.

Elle ne me regardait pas particulièrement. Par jeu ? Par provocation ? Pour aucune raison. Moi, je la regardais particulièrement. Je la scrutais évidemment. Je la scrutais parce que j’espérais qu’un jour elle descendrait les marches, nue. Que ses pas allaient résonner forts dans ma tête. Pour qu’un instant, un espace, une image s’interpose entre la réalité et mon envie. Mes envies. Combien y avait-il de chance qu’elle descende nue et qu’elle me regarde, qu’elle me dise

«  Bonjour toi ».

Ces mots, comme un baiser brulant qui coule dans la colonne vertébrale, la décharge électrique qui parcourt des nerfs. Je la regarde. Qu’y a-t-il dans ses yeux ? Qui puis-je y lire ? Qu’ai-je envie d’y lire ? J’aimerais qu’elle me fasse des promesses. Elle me regarde mais me fait-elle des promesses ? En a-t-elle envie ?

Elle passa près de moi. Tout devenait, tout était…sans commune mesure avec ce que j’allais pouvoir supporter sans rien faire.

« Bonjour toi »

Elle n’avait aucune envie de jeter une bouée au pauvre hère que j’étais dorénavant. Avait-elle conscience de son pouvoir ? J’avais le droit de le lui laisser croire. Je voulais qu’elle sache qu’elle m’avait à sa merci.

J’avais tellement envie de la pénétrer de mes doigts, de ma langue, de mon sexe, tellement envie qu’elle sente, qu’elle ne puisse plus lutter, qu’elle m’invite à faire le pas.

J’avais envie de lui hurler : « Mais putain ! Qu’est-ce que tu attends ? Putain, mais baisons à l’envie, baisons à s’en faire mal au sexe ! Baisons ! Baisons ! »

Que je n’attendais que ça. Que je voulais la prison pour ça. Que je voulais risquer la prison pour ça.

De quel droit allait-on m’emprisonner ? Parce que je l’avais pris dans mes bras, que j’avais serré son corps contre le mien, son sexe enveloppant le mien, et ce baiser dans le cou, rien ne pouvait l’arrêter, et cette langue que je lui glisse dans le cou. Ses pointes de seins sont tendues, je les mords dans la chemise. Elle geint, elle se rend.

 

Et je la regarde passer sans bouger, car je ne suis pas en état de me lever.


 

Bientôt, elle allait partir.

Bientôt, je ne la verrais plus.

Bientôt, elle ne sera jamais nue devant moi.

Bientôt, je resterais avec mes envies et mes pulsions.

Bientôt, je penserais que jamais je n’aurais dû penser à tout cela, que j’étais un malade, un pervers dangereux.

Pourquoi dangereux puisque je n’ai pas bougé ? Je n’ai pas bougé et je reste là alors qu’elle va donner son corps à un autre, un jeune homme de son âge.

Et pensera-t-elle à moi lorsque le sexe la pénétrera ? Se dira-t-elle que l’on aurait peut-être dû le faire au moins une fois. Sans rien attendre. Désamorcer tout cela pour que la vie reprenne. Une jeune femme, un homme. Elle pourrait être ma fille. Mais je ne l’ai pas touché. J’ai rêvé, oh oui, j’ai rêvé. Mais je n’ai pas bougé. Je n’ai pas bougé.



 


 

Voluptuosité Réseauides


Elle est si loin par la distance, qu’elle m’oppresse.

 

Je pense encore aux ondulations, je pense encore à la lumière, qui, un jour, est venu se ficher sur son sein blanc. Sa peau a luit. Une goutte de sueur à perler dessus. J’aurais pu y mettre la langue et goûter cette peau chaude, moite.

J’ai de nouveau flanché, quelques mois plus tard, si loin, si proche, ce temps élastique qui lui appartient, qui nous appartient.

Je les ai aperçu ses petits seins blancs lorsqu’elle se penchait. Je les regardais, sans me rendre compte vraiment, réellement, que j’avais les yeux dessus. Je n’avais aucune maitrise qui ne fut une maitrise totale, elle était partielle, volontairement partielle.

Elle est si loin que je l’ai presque prise contre moi, je l’aurais prise contre moi, dan sa volonté de ne pas être prise par quiconque, que son odeur m’envahit parfois, sans cesse. J’ai bien du mal à m’apaiser, je ne veux pas réellement m’apaiser. Je veux cet état électrique instable de façon permanente, je veux être prêt pour l’éventualité qu’elle revienne, qu’elle ne me dise rien, et que son pas lourd dans cet escalier résonne à nouveau.

Mais ce temps, ces effluves, ces gestes, ces corps, ces sucs et ces odeurs, ne sont que l’emprise que mon cerveau a sur mes nerfs. Je ne lutte que juste pour ne pas sombrer dans la folie totale. Juste l’extrême limite de la crête, ne tomber ni d’un côté ni de l’autre. Geste juste rêvé non concrétisé, juste, juste.

Lorsque j’ai effleuré sa joue de la mien, en un baiser chaste, en un baiser gêné, pudique, douloureusement froid, insensible, il aurait fallu qu’en même temps, je pose ma main lourde et chaude sur son épaule ; comme pour lui dire : « il n’est pas là mon baiser, il est sur cette main qui te touche l’épaule, qui pourrait prendre ton corps, te pétrir encore sauvagement comme nous l’avons fait de par le passé. L’avons-nous fait ? L’ai-je rêvé ? »

 

Je souffre de ne pas l’avoir rêver le faire, le faire en rêvant, en souffrant que de ne le rêver, que de l’avoir rêvé, que de ne pas l’avoir fait, que de ne pas être suffisamment fort pour résister.

 


 

Je suis celui qui est une blessure d’attendre des messages de gens qui se moquent de lui. Complètement ou partiellement. Je suis la quête absolue de messages qui ne viennent pas, qui ne viendront pas, qui n’ont aucune raison de me parvenir.

Je cherche à atteindre celui qui est parti sans me dire au revoir, sans un mot, sans un message. Un petit, un dernier. Un dernier que je pourrais lire sans fin, comme si il venait me chercher à la sortie de l’école. Que je mettrais ma main dans la sienne. Que je regarderais d’en bas alors que lui me sourirais, penché vers moi.

Je n’ai pas vu ce visage au-dessus de moi, ou si peu, ou pas du tout. La mémoire défaillante sans que je puisse en vouloir à qui que ce soit.

M. en parle si bien de cette absence que l’on m’a imposée par l’absurdité de la vie telle qu’elle est conçue. La vie du travail, de la vitesse, de la folie du travail et de la vitesse.


 

Soudain, alors que je ne l’attendais plus, je vois apparaitre un message.

« Bonsoir toi ».

-J’attendais…

-Fallait venir…moi aussi je t’attendais… »

 

Ce fut tout.

Ce soir-là.

Presque rien mais tout était déjà là. Je n’avais véritablement besoin de rien d’autre. Je regardais ces quelques mots, ils comprenaient la promesse, ils faisaient resurgir ces moments passés qui n’avaient pas existé ou si peu, ou dans mon esprit, dans mon corps.

Mais ces mots-là, les avais-je écrits moi-même si tant espérés ? Je regardais de nouveau l’espace discussion. Je scrutais.

Je voulais plus. Je voulais tout. J’aurais aimé encore la penser physiquement proche d’une main, ou de ma langue, de mon sexe, de mes doigts.

Je voulais qu’elle soit, là, devant moi, que je puisse l’espérer nue et offerte, sexe luisant, mais je n’étais que devant un écran, sans rien d’écrit.

L’espace irréel reprenait sa place.




 

« Bonsoir toi »

 

Et elle envoya toute une série de photos où elle posait plus ou moins nue, plus ou moins sensuelle, et je la regardais sans oser, oser, oser…

« Bonsoir  toi »…

 

« Qu’en dis-tu ? »

 

Je ne peux plus écrire, je ne peux plus penser. Je ne crois plus que penser existe, je ne crois pas que mes pensées m’existent, me survivent, s’inscrivent sur des pages, qui se suivent, des chocs, des pulsions, des sucs et des odeurs.

 

Je balaie les photos d’un regard, regard,..Il n’est pas malveillant, mon regard, il est enveloppant, pénétrant, observateur.

« En veux-tu plus ? »

 

Encore plus, comment y survivrais-je ? Elle est de plus en plus loin à force d’en montrer autant. Elle s’éloigne de plus en plus, elle exhibe son corps de façon vulgaire, provocant. Bientôt, je ne la verrais plus, elle s’éloigne de ce que j’imagine pour elle, par elle, elle devient ce que je craignais qu’elle devienne, que je pensais que j’allais la faire devenir. Je lui demande d’arrêter, de revenir.

« Stop », je lui écris.

« Bonsoir Marc. Pourquoi me dis-tu stop ? »

 

Pourtant elle n’existe pas plus maintenant que lorsqu’elle était proche de moi, pas si loin, plus près, à portée de tout ce que mon corps a à sa disposition pour la sentir et la toucher.

Pourtant, pourtant, elle m’enivrait, m’envoutait.

 

Je viens de m’apercevoir que je ne l’ai pas encore nommée.

 

En fait, elle n’est pas seule, elle aurait pu être multiple avant d’être celle-là. Elle sera celle-là le temps de parcourir ce qu’il y a à parcourir.

Nous nous sommes croisés à un moment précis où chacun avait à prouver quelque chose dans la sensualité à qui était en capacité de le sentir, de le vouloir, de l’intercepter.

Ce fût-elle. Sans conteste, elle. Ça restera elle.

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