mercredi 14 septembre 2022

Le mort-né. Par Michel Surya

 

IV


Tu connais depuis tous les états de l abandon quand bien même il ne t abandonné plus. Quand bien même t aime t on, maintenant. Quand bien même t aime t on, tu ne peux pas faire que ne t attire pas parfois le désir d être tout de même abandonné. Tu as peur. Nul n a plus peur que toi. Nul n a plus que toi peur de rester seul. Non que tu veuilles si peu que ce soit que l enfant que tu as été t aide à être le mort que tu seras. Il suffit cependant que tu te mettes dans l etat de celui que tu as été, naissant, pour que compte peu celui qui disparaîtra avec toi, mourant. Il suffit que tu éprouves de nouveau combien on a peu voulu que tu sois, vivant, pour que tu ne crois pas que tu retirerais rien a ceux qui t auront aime, mourant. Tu auras pourtant sincèrement aime la vie. Tu l auras a la fin incomparablement plus aime que la mort. Il faut bien d ailleurs que tu aies aime la vie plus que tu n as aime la mort pour que la mort qu on te voulait ne s imposant pas à toi. Tu ne peux cependant pas empêcher qu on ait aime la mort assez et à ta place pour que tu ne puisses pas mourir plus facilement qu un autre. C est ce que tu te dis, et redoutés."

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