mardi 13 septembre 2022

Je ne parlerais plus qu'à toi qui part Par M.A.

 

Discussion imaginaire avec M.       Partie VIII

 

 

Tu sais M., cet après-midi, j’ai pleuré.

 

J’ai pleuré en passant devant le rideau fermé.

 

Définitivement fermé ? En tout cas pour moi, il l’est. De par ma seule volonté, de par ma seule erreur. De cette insurmontable erreur que j’endosse comme un costume trop serré qui m’étouffe, qui bloque mes mouvements, mes déplacements ; qui laissent des empreintes sur mes pensées, mes errances littéraires, poétiques ou insomniaques.

 

M., tu es parti, sans me laisser l’espoir de te revoir. Je pense que je ne te reverrais même plus.

Ne plus t’apercevoir marchant à côté de celle qui te côtoie, qui ne te pose plus de questions, (T’en a –t-elle déjà posé ?), de ne pas te connaitre, de ne pas chercher à te connaitre pour être encore à tes côtés, pour prévenir une fuite, la dernière avec elle, donc elle marche, en silence, non dans la confidence, elle t’aime donc elle n’ose plus te connaitre, ne te questionne pas, elle, elle aime dans l’ignorance comme tout être qui aime vraiment sincèrement.

 

Ne t’ai-je pas aimé ?

 

Non, je t’ai admiré, comme un fan, comme un groupie qui voulait faire croire à de l’intimité. Mais non M., ce rideau, ne s’ouvre pas, même ouvert.

 

Alors, simplement, sans m’y attendre, sans que l’instant soit issue d’une réflexion ou d’un chemin de réflexions dont la destination était cette pensée ; non, elle s’est imposée, une évidence, une fulgurance : et que vais-je devenir de ne plus te voir ? Que vais-je devenir de ne plus t’apercevoir dans cette petite ville F., devenue selon tes dires : « qui change trop et devient de plus en plus une sorte de parc d’attractions pour une population de touristes infantilisés ».

 

Et puis, l’instant d’après, lors d’un moment de paix et de silence, j’ai repris la lecture d’un de tes ouvrages qui ne parle que de disparition, mais pas forcément la mort, la disparition dans sa globalité : œuvre, histoire, nom et physique. La mort assez. On ne meurt jamais assez.

 

 

J’ai aussi cette envie que rien ne subsiste de moi, rien.

Mais, doit-on l’imposer à une famille que l’on s’est construite ? Doit-on ? Si cette famille l’accepte, peut-être. Mais encore faut-il avoir la vraie conscience d’un être qui disparait totalement, ce qu’il laisse comme empreinte de sa plus d’existence. Je vis, personnellement, depuis ma naissance, presque, avec un être qui a disparu, avec la construction matérielle de sa disparition : dans le langage, dans les preuves de son existence. De ne pas vouloir imposer les questions de la non existence, je m’en suis imposé un traumatisme, celui que je n’ai pas voulu imposer à ceux qui ont vécu cette disparition.

 

Pour conclure M., cet échange, que j’écris, car, de le dire, je n’en aurais pas le courage, ou le temps de trouver le courage de te le lire, de te l’imposer comme aujourd’hui, tu t’es imposé à moi, comme une partie de ma vie. De mon esprit.

 

M. , tu n’aurais jamais eu à parler de toi, puisque, de toi, je ressens ce que je veux de toi, et surement pas la vérité

 

M.A.  13/09/22

Aucun commentaire: