Discussion imaginaire avec M. Partie X
Je suis toujours dans la déshérence.
Je cherche à t’apercevoir sur les artères
que je suppose que tu serais apte à arpenter. Celles qui te procureraient le
moindre mal, qui t’éviteraient de croiser ces êtres qui t’insignifient. Qui te
heurtent. Qui nous heurtent ; dont l’existence nous insupporte.
Pas leurs discours, pas leurs regards,
non, plus ample, plus amplifié : leur simple existence, leur simple
encombrement des espaces. De tous les espaces. Ils insupportent l’air, les
paysages.
M., en te cherchant, je me disais, je
l’écris, reconnaitrais-je C. si elle était seule à se promener ?
D’ailleurs, la laisses-tu seule dans ses
rues, croiser ces personnes qui t’insupportent de par leur simple existence,
l’occupation de quelque espace qu’ils utilisent de leurs présences ? Je ne
te vois pas la laisser seule traverser cette ville quand tu penses ce que tu
penses de l’amour ?
Elle aime parler, elle veut être celle
que l’on écoute, enfin, définitivement. Elle veut être celle qui sera au centre
des discours, des pensées, elle veut être C..
Comment je peux la définir ?
Comment je me la représente ?
Comment je veux qu’elle soit ?
Comment elle peut être pour pouvoir
vivre à tes côtés ?
Comment je pense qu’elle devrait être
pour être un minimum heureuse à tes côtés, dans ton ombre, dans tes pas ?
La vie près de toi, dans ton espace,
dans celui que tu peux lui accorder pour qu’elle ne bloque pas une fuite,
qu’elle ne puisse bloquer une pensée ? Sans qu’elle puisse te déranger ?
Peut-elle exister hors de ce que tu as
envie qu’elle représente pour toi ?
N’existe-t-elle que lorsque tu as besoin
d’elle, de son amour, de son oreille ? Qu’elle acquiesce à ce que tu dis.
Qu’elle ne soit plus que celle qui t’admire, qui te comprenne.
Mais est-elle d’accord avec tout ce que
tu dis ? Tout ce que tu penses ?
Tout ce que tu lui imposes. Et ces
fuites, va-t-elle toutes les subir ? Va-t-elle être toujours à tes côtés
ou cherches-tu à la dégoûter afin qu’elle parte, qu’elle te quitte pour te permettre
enfin de dire : « elle ne m’aimait pas », pour qu’elle te
justifie dans ce que tu penses être la vérité ?.
Et si un jour, elle te disait ce qu’elle
pense réellement ?
M., as-tu toujours raison ?
Penses-tu toujours avoir raison ?
Veux-tu toujours avoir raison ?
As-tu toujours envie d’avoir
raison ?
Pourtant peux-tu avoir toujours envie
d’avoir raison ?
M., cette question que je ne te pose
pas, que je ne te poserais pas, pas comme celle que je t’ai posée qui pourrait
être plus importante que celle qui nous a séparé : aimes-tu C. ?
Je veux dire sincèrement, franchement,
indéfiniment, comme je pense qu’elle t’aime, comme elle te prouve qu’elle
t’aime.
Pourrais-tu lui prouver, si elle te demandait
d’arrêter, de vivre, de ne plus fuir. Es-tu prêt à t’arrêter, à écouter, à
l’écouter ?
M.A.
17/09/22
Discussion imaginaire avec M. Partie XI
Il est étrange, je l’écris, il
est étrange que tu ne sois plus que cet inconnu qui s’éloigne, celui que j’aperçois
brièvement de dos. Aujourd’hui, comme pour me contredire, comme pour me
rejeter, une fois de plus, tu tiens la main de C.. Et puis, tu ne la lâches pas
malgré les embuches du quai.
Je me suis dit, cet après-midi, vais-je être l’accélérateur de ton départ ?
Jusqu’à quel point, je peux en être le prétexte ?
Si oui, aurais-je été si important que ce soit, de quelque importance ai-je
été. Qu’est-ce que mon contact aura déclenché en toi que la fuite ne soit plus
non une décision, mais une opportunité ?
Ces instants, si courts, si
fugaces, sont des traces indélébiles pour moi, uniquement pour moi. Pour toi,
je n’ai été qu’un encombrement que tu peux contourner aisément, mentalement,
physiquement, dorénavant. Ce que je n’arrive pas à me dire, à me convaincre, et
pourtant je sais que je suis le seul responsable, que je ne suis pas que le
seul responsable. Que tu étais en attente d’une opportunité, d’une faille qui
te permette de te glisser dedans, un interstice dans lequel tu peux encore te
faufiler pour t’extraire de ma vue, de ma vie, de toutes celles qui pourraient
chercher à croiser la tienne, de toutes celles qui t’empêcheraient de marcher
seul, toujours seul.
Et, encore, une fois, je me
pose la question de savoir si C. partage toutes tes idées, toutes tes envies ?
Et cette main que tu tiens, il me semble que c’est la première fois que je te
vois ainsi, est-ce pour la retenir car elle veut s’éloigner, un peu, ou se retourner,
ou prendre un élan ?
Parce que cette main tenue
était de celle qui fait mal, qui ne semble pas une volonté mais une nécessité.
Tu n’en a pas le choix. L’empêcher de pouvoir faire une fuite de tes fuites.
M.A. 20/09/22
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