n. f. Combat ou les deux
troupes sont mélangées dans le corps à corps. Ex. : se jeter au milieu de la mêlée.
Dans le sens figuré et familier, se dit d'une vive, opiniâtre discussion entre
plusieurs personnes. Lutte de paroles. Ex. : se tirer tant bien que mal de la
mêlée. Quelle mêlée ! Se dit aussi d'un conflit quelconque : la mêlée des
intérêts. La mêlée sociale : la bataille (quotidienne et qui revêt mille formes
tour à tour insidieuses ou brutales) qui met aux prises les privilégiés de la
fortune et les déshérités du sort, les riches et les pauvres, les puissants et
les faibles, les patrons et les ouvriers, les maîtres et les gouvernés. Dans
cette mêlée les masses populaires, jugulées par les lois, bernées par des
habiles, divisées perfidement en partis hostiles, ont eu invariablement le
dessous. Car elles n'ont su que s'en remettre à quelques malins bergers ‒
tyrans du lendemain ‒ du soin de réaliser en profit durable leurs victoires
passagères. Mêlée vient du mot latin pop. : misculare, mélanger, mettre
ensemble deux ou plusieurs choses : mêler des grains. Se confondre avec : la
Marne mêle ses eaux avec celle de la Seine. Mêler du fil, des écheveaux, les
brouiller de telle sorte qu'on ne puisse pas aisément les dévider ou les
séparer. Fig. : joindre : maintenant que vous mêlez vos regrets et vos larmes.
Unir : mêler les affaires au plaisirs ; mêler la douceur à la sévérité. Mêler
une serrure : fausser les gardes ou quelque ressort d'une serrure, en sorte que
la clé ne puisse ouvrir. Mêler quelqu'un dans une accusation : l'y comprendre.
Mêler quelqu'un dans des discours : parler de lui de manière à le compromettre
ou à lui déplaire. Se mêler à la conversation : y prendre part. Synonymes :
mêler, mélanger. Mêler, c'est mettre ensemble, réunir plusieurs choses ;
mélanger c'est combiner avec dessein et dans une certaine intention.
N.-B. ‒
Nous venons de voir que
l'expression la mêlée désigne couramment les rencontres guerrières. Elle fut,
tout au long de la dernière guerre, d'un emploi familier. Et elle s'offrit à la
plume d'un Rolland pour son Appel aux hommes. Des camarades l'incorporèrent
dans les titres des organes qu'ils lancèrent ou tentèrent de maintenir pendant
la tourmente. Tels La Mêlée et Par delà la Mêlée qu'animèrent Pierre Chardon et
Armand... Dans la brève étude générale que nous avons consacrée à Manifeste,
nous avons signalé Au-dessus de la Mêlée comme étant ‒ sur tous les manifestes
conformistes de la « guerre du Droit » que l'aile d'une presse intéressée
emportait à travers le monde ‒ le seul qui parvînt, malgré elle, jusqu'au grand
public. Nous n'entendions pas fonder sur son éclat tout le mérite de ce cri, ni
prétendre qu'il fut, parmi la lourde angoisse du carnage, le seul courageux
anathème. D'autre réprobations surgirent, moins heureusement répercutées, mais
parfois plus encore audacieuses, et tout autant réconfortantes et dignes. Nous
avons pensé qu'il convenait d'y revenir, de leur consacrer ici quelques lignes,
non tant pour les nôtres qui savent, que pour tous ceux qui ‒ dans l'avenir
surtout ‒ pourraient commettre la méprise de croire que seules s'élevèrent
contre le fléau « les voix historiques ». Maintes tentatives ‒ dont le silence
hostile ou la répression étranglèrent la portée ‒ furent faites par les
adversaires de la guerre. Par la parole, par le tract, militants obscurs ou
notoires, individualités résolues, groupements clandestins se dressèrent, dans
la carence générale, contre l'hécatombe sans nom, tentèrent de jeter quelque
clarté dans les ténèbres sanglantes et de réveiller les masses aberrées. Des
premiers, les anarchistes, avec les socialistes demeurés fidèles à leurs
convictions, portèrent dans la foule quelques vérités nécessaires. Citons, pour
exemple, les manifestes de Séb. Faure : Vers la Paix et La Trêve des Peuples,
d'un ton plus hardi et plus net que celui de Rolland et qui l'ont précédé.
Notre camarade persévéra d'ailleurs dans son opposition et il lançait, fin
1915, Ce qu'il faut dire, journal hebdomadaire harcelé par la censure et autour
duquel se serraient les résistants et réfractaires à la guerre... Combien
d'appels antiguerriers ‒ dans les conditions difficiles où ils durent
s'élaborer et se répandre ‒ sont aujourd'hui oubliés, noyés qu'ils furent sous
la vague de chauvinisme et les campagnes des « bourreurs » nationaux. ‒
LANARQUE
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire