vendredi 31 décembre 2021

Les médecins maudits par Christian Bernadac

 "La taille, les hanches, les jambes sont lourdes ; le visage étroit, les mains longues et fines. Gudrun a fêté ses trente-huit ans au mois de mai 1967. C’était bien son nom sur l’annuaire téléphonique de Munich ; son adresse aussi ; 81 Georgenstrasse. Je ne voulais pas lui parler mais j’ai tout de même composé le numéro. Elle a décroché, répété trois fois « j’écoute » avec une petite voix sèche, cassée, puis elle a raccroché. Dans le fond je n’avais rien à demander à la fille d’Himmler. Je connaissais toutes les réponses qu’elle aurait pu faire à mes questions. —Pourquoi avez-vous gardé le nom de votre père ? —Je suis fière de lui, de son nom. —Comment vivez-vous ? Seule. J’ai fait tous les métiers avant d’acheter une petite blanchisserie. Je me débrouille. Je consacre tous mes loisirs à la mémoire de mon père. Je suis fière de lui. On lui a tout mis sur le dos. C’est trop facile. Je vais le réhabiliter. J’y consacrerai s’il le faut toute ma vie. Un jour on parlera de lui comme de Napoléon… Vous savez il ne s’est pas suicidé. On l’a assassiné. Je pense qu’Himmler, s’il vivait, serait fier de sa fille ; cette si belle Gudrun qui naissait au moment où il organisait le crime le plus atroce de sa vie : la stérilisation de millions d’hommes et de femmes. —L’Europe sera peuplée d’arbres secs. L’Europe sans enfantslvi ! C’est bien ça, l’Europe sans enfants."

"Victor Brack, ami d’Himmler, organisateur et administrateur du programme d’euthanasie en Allemagne, avait parfaitement réussi à faire disparaître plus de deux cent mille malades des hôpitaux et asiles… des maisons de retraite également, car cet homme, qui avait tué de sa main sa femme malade« par souci d’humanité », fit assassiner les anciens combattants mutilés de la guerre 14-18. Le Reich retrouvait des lits, économisait les primes des pensions et fermait définitivement les bouches inutiles."


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