Alors, nous entendons tous actuellement, les bonnes âmes de droite, les âmes de la boboitude En Marche, crier au scandale parce des gens se réclament du Ché ou de Robespierre parce que, ces hommes là auraient du sang sur les mains. Bonaparte en a tout autant mais personne n'en parle. Des millions d'hommes sont morts pendant ces "campagnes" plus ou moins victorieuses. Voici quelques autres exemples:
«Il
a pris croissance dans notre chair ; il a brisé nos os, et s'est
nourri de la moelle des lions. C'est une chose déplorable, mais il
faut le reconnaître, si l'on ne veut ignorer les mystères de la
nature humaine et le caractère des temps : une partie de la
puissance de Napoléon vient d'avoir trempé dans la Terreur. La
Révolution est à l'aise pour servir ceux qui ont passé à travers
ses crimes ; une origine innocente est un obstacle. »
«De
ces productions incohérentes du siècle il tira l'Empire
; songe immense mais rapide comme la nuit désordonnée qui l'avait
enfanté. »
«Égorgement
effroyable ! L'adjudant général Boyer écrit à
ses parents : " Les Turcs, repoussés de tous côtés, se
réfugient chez leur dieu et leur prophète ; ils remplissent leurs
mosquées ; hommes, femmes, vieillards, jeunes et enfants, tous sont
massacrés. »
A
Jaffa : « Napoléon se décida, dit M. Thiers, à une
mesure terrible et qui est le seul acte cruel de sa vie : il fit
passer au fil de l'épée les prisonniers qui
lui restaient ; l'armée consomma avec obéissance, mais avec une
espèce d'effroi, l'exécution qui lui était commandée. »
Miot,
dans la première édition de ses Mémoires (1804) se tait sur
les massacres ; on ne les lit que dans l'édition de 1814. Cette
édition a presque disparu ; j'ai eu peine à la retrouver. Pour
affirmer une aussi douloureuse vérité, il ne me fallait rien moins
que le récit d'un témoin oculaire. Autre est de savoir en gros
l'existence d'une chose, autre d'en connaître les particularités :
la vérité morale d'une action ne se décèle que dans les détails
de cette action ; les voici d'après Miot :
« Le
20 ventôse (10 mars), dans l'après−midi, les prisonniers de Jaffa
furent mis en mouvement au milieu d'un vaste bataillon carré formé
par les troupes du général Bon. Un bruit sourd du sort qu'on leur
préparait me détermina, ainsi que beaucoup d'autres personnes, à
monter à cheval et à suivre cette colonne silencieuse de victimes,
pour m'assurer si ce qu'on m'avait dit était fondé. Les Turcs,
marchant pêle−mêle, prévoyaient déjà leur destinée ; ils ne
versaient point de larmes ; ils ne poussaient point de cris : ils
étaient résignés. Quelques−uns blessés, ne pouvant suivre aussi
promptement, furent tués en route à coups de baïonnette. Quelques
autres circulaient dans la foule, et semblaient donner des avis
salutaires dans un danger aussi imminent. Peut−être les plus
hardis pensaient−ils qu'il ne leur était pas impossible d'enfoncer
le
bataillon
qui les enveloppait ; peut−être espéraient−ils qu'en se
disséminant dans les champs qu'ils traversaient, un certain nombre
échapperait à la mort. Toutes les mesures avaient été prises à
cet égard, et les Turcs ne firent aucune tentative d'évasion.
Mais
les massacres de Jaffa sauvaient−ils notre armée ? Bonaparte ne
vit−il pas avec quelle facilité une poignée de Français renversa
les forces du pacha de Damas ? A Aboukir, ne détruisit−il pas
treize mille Osmanlis avec quelques chevaux ? Kléber, plus tard, ne
fit−il pas disparaître le grand vizir et ses myriades de
mahométans ? S'il s'agissait de droit, quel droit les Français
avaient−ils eu d'envahir l'Egypte ? Pourquoi
égorgeaient−ils
des hommes qui n'usaient que du droit de la défense ? Enfin
Bonaparte ne pouvait invoquer les lois de la guerre, puisque les
prisonniers de la garnison de Jaffa avaient mis bas les armes et
que leur soumission avait été acceptée. Le fait que le
conquérant s'efforçait de justifier le gênait ; ce fait est passé
sous silence ou indiqué vaguement dans les dépêches officielles et
dans les récits des hommes attachés à Bonaparte. " Je me
dispenserai ", dit le docteur Larrey, " de parler des
suites horribles qu'entraîne ordinairement l'assaut d'une place :
j'ai été le triste témoin de celui de Jaffa. " Bourrienne
s'écrie : " Cette scène atroce me fait encore frémir, lorsque
j'y pense, comme le jour où je la vis, et j'aimerais mieux qu'il me
fût possible de l'oublier que d'être forcé de la décrire. Tout ce
qu'on peut se figurer d'affreux dans un jour de sang serait encore
au−dessous de la réalité. " Bonaparte écrit au Directoire
que : " Jaffa fut livré au pillage et à toutes les horreurs de
la guerre qui jamais ne lui a paru si hideuse. " Ces horreurs,
qui les avait commandées ? »
Arrivés
enfin dans les dunes de sable au sud−ouest de Jaffa, on les arrêta
auprès d'une mare d'eau jaunâtre. Alors l'officier qui commandait
les troupes fit diviser la masse par petites portions, et ces
pelotons, conduits sur plusieurs points différents, y furent
fusillés. Cette horrible opération demanda beaucoup de temps,
malgré le nombre des troupes réservées pour ce funeste sacrifice,
et qui, je dois le déclarer, ne se prêtaient qu'avec une extrême
répugnance au ministère abominable qu'on exigeait de leurs bras
victorieux. Il y avait près de la mare d'eau un groupe de
prisonniers, parmi lesquels étaient quelques vieux chefs au regard
noble et assuré, et un jeune homme dont le moral était fort
ébranlé. Dans un âge si tendre, il devait se croire innocent, et
ce sentiment le porta à une action qui parut choquer ceux qui
l'entouraient. Il se précipita dans les jambes du cheval que montait
le chef des troupes françaises ; il embrassa les genoux de cet
officier, en implorant la grâce de la vie. Il s'écriait : " De
quoi suis−je coupable ? quel mal ai−je fait ? " Les larmes
qu'il versait, ses cris touchants, furent inutiles ; ils ne purent
changer le fatal arrêt prononcé sur son sort. A l'exception de ce
jeune homme, tous les autres Turcs firent avec calme leur ablution
dans cette eau stagnante dont j'ai parlé, puis, se prenant la main,
après l'avoir portée sur le coeur et à la bouche, ainsi que se
saluent les musulmans, ils donnaient et recevaient un éternel adieu.
Leurs âmes courageuses paraissaient défier la mort ; on voyait dans
leur tranquillité la confiance que leur inspirait, à ces derniers
moment, leur religion et l'espérance d'un avenir heureux. Ils
semblaient se dire : " Je quitte ce monde pour aller jouir
auprès de Mahomet d'un bonheur durable. " Ainsi ce bien−être
après la vie, que lui promet le Koran, soutenait le musulman vaincu,
mais fier de son malheur.
Je
vis un vieillard respectable, dont le ton et les manières
annonçaient un grade supérieur, je le vis faire creuser froidement
devant lui, dans le sable mouvant, un trou assez profond pour s'y
enterrer vivant : sans doute il ne voulut mourir que par la main des
siens. Il s'étendit sur le dos dans cette tombe tutélaire et
douloureuse, et ses camarades, en adressant à Dieu des prières
suppliantes, le couvrirent bientôt de sable et trépignèrent
ensuite sur la terre qui lui servait de linceul, probablement dans
l'idée d'avancer le terme de ses souffrances. Ce spectacle, qui fait
palpiter mon coeur et que je peins encore trop faiblement, eut lieu
pendant l'exécution des pelotons répartis dans les dunes. Enfin il
ne restait plus de tous les prisonniers que ceux placés près de la
mare d'eau. Nos soldats avaient épuisé leurs cartouches ; il fallut
frapper ceux−ci à la baïonnette et à l'arme blanche. Je ne pus
soutenir cette horrible vue ; je m'enfuis, pâle et prêt à
défaillir. Quelques officiers me rapportèrent le soir que ces
infortunés, cédant à ce mouvement irrésistible de la nature qui
nous fait éviter le trépas, même quand nous n'avons plus
l'espérance de lui échapper, s'élançaient les uns dessus les
autres, et recevaient dans les membres les coups dirigés au coeur et
qui devaient sur−le−champ terminer leur triste vie. Il se forma,
puisqu'il faut le dire, une pyramide effroyable de morts et de
mourants dégouttant le sang, et il fallut retirer les corps déjà
expirés pour achever les malheureux qui, à l'abri de ce rempart
affreux, épouvantable, n'avaient point encore été frappés. Ce
tableau est exact et fidèle, et le souvenir fait trembler ma main
qui n'en rend point toute l'horreur. »
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