Voici
un ordre émané du Gouvernement de la défense nationale, qui fut
donné à un chef d’escadron de gendarmerie lors des
derniers événements de la Villette.
Nous
le livrons à l’opinion publique sans aucun commentaire.
ORDRE.
Pour
l’exécution de l’ordre ci-joint, M. le commandant de Humbert
partira avec huit compagnies, à trois heures trois quarts précises,
de la caserne de la Cité pour se rendre rue Mathis, à la Villette,
suivant un itinéraire qui lui sera indiqué par des inspecteurs de
police qui partiront avec la colonne.
Arrivée
devant l’école Colbert, le commissaire de police de la villette se
joindra à la colonne, et donnera au commandant tous les
renseignements nécessaires pour l’opération qu’il s’agit
d’effectuer.
Dans
le but d’assurer le retour de la colonne, on occupera la rue
d’Aubervilliers avec une compagnie placée à la hauteur de la rue
du Maroc. Une autre compagnie occupera de même la rue Riquet jusqu’à
la rue Curiale ; enfin, pour le cas où le bataillon ne serait pas en
force, le chef d’escadron ferait prévenir le commandant d’un
bataillon de gendarmerie qui stationnera sur le boulevard, près du
pont du chemin de fer, en face de la rue d’Aubervilliers.
La
colonne marchera rapidement et sans bruit pour se rendre rue Mathis,
où étant arrivée, elle procédera vivement, et au besoin par
force, à l’enlèvement des deux Prussiens séquestrés, et si cela
est possible, se saisira des auteurs principaux de cette
séquestration, conformément à l’ordre de M. le préfet.
Tous
les journaux réactionnaires publient des récits plus ou moins
dramatiques sur ce qu’ils appellent « l’assassinat » des
généraux Lecomte et Clément Thomas.
Sans
doute ces actes sont regrettables.
Mais
il importe, pour être impartial, de constater deux faits :
1°
Que le général Lecomte avait commandé à quatre reprises, sur la
place Pigalle, de charger une foule inoffensive de femmes et
d’enfants ;
2°
Que le général thomas a été arrêté au moment où il levait, en
vêtements civils, un plan des barricades de Montmartre.
Ces
deux hommes ont donc subi la loi de la guerre, qui n’admet ni
l’assassinat des femmes ni l’espionnage.
On
nous raconte que l’exécution du général Lecomte a été opérée
par des soldats de la ligne et celle du soldat Clément Thomas par
des gardes nationaux.
Il
est faux que ces exécutions aient eu lieu sous les yeux et par les
ordres du comité central de la garde nationale. Le comité central
siégeait avant-hier rue Onfroy, près de la bastille, jusqu’à
l’heure où il a pris possession de l’Hôtel-de-Ville ; et il a
appris en même temps l’arrestation et la mort des deux victimes de
la justice populaire.
Ajoutons
qu’il a ordonné une enquête immédiate sur ces faits.
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