dimanche 22 avril 2018

Journal Officiel de la Commune


Voici un ordre émané du Gouvernement de la défense nationale, qui fut donné à un chef d’escadron de gendarmerie lors des derniers événements de la Villette.
Nous le livrons à l’opinion publique sans aucun commentaire.

ORDRE.

Pour l’exécution de l’ordre ci-joint, M. le commandant de Humbert partira avec huit compagnies, à trois heures trois quarts précises, de la caserne de la Cité pour se rendre rue Mathis, à la Villette, suivant un itinéraire qui lui sera indiqué par des inspecteurs de police qui partiront avec la colonne.
Arrivée devant l’école Colbert, le commissaire de police de la villette se joindra à la colonne, et donnera au commandant tous les renseignements nécessaires pour l’opération qu’il s’agit d’effectuer.
Dans le but d’assurer le retour de la colonne, on occupera la rue d’Aubervilliers avec une compagnie placée à la hauteur de la rue du Maroc. Une autre compagnie occupera de même la rue Riquet jusqu’à la rue Curiale ; enfin, pour le cas où le bataillon ne serait pas en force, le chef d’escadron ferait prévenir le commandant d’un bataillon de gendarmerie qui stationnera sur le boulevard, près du pont du chemin de fer, en face de la rue d’Aubervilliers.
La colonne marchera rapidement et sans bruit pour se rendre rue Mathis, où étant arrivée, elle procédera vivement, et au besoin par force, à l’enlèvement des deux Prussiens séquestrés, et si cela est possible, se saisira des auteurs principaux de cette séquestration, conformément à l’ordre de M. le préfet.


Tous les journaux réactionnaires publient des récits plus ou moins dramatiques sur ce qu’ils appellent « l’assassinat » des généraux Lecomte et Clément Thomas.
Sans doute ces actes sont regrettables.
Mais il importe, pour être impartial, de constater deux faits :
1° Que le général Lecomte avait commandé à quatre reprises, sur la place Pigalle, de charger une foule inoffensive de femmes et d’enfants ;
2° Que le général thomas a été arrêté au moment où il levait, en vêtements civils, un plan des barricades de Montmartre.
Ces deux hommes ont donc subi la loi de la guerre, qui n’admet ni l’assassinat des femmes ni l’espionnage.
On nous raconte que l’exécution du général Lecomte a été opérée par des soldats de la ligne et celle du soldat Clément Thomas par des gardes nationaux.
Il est faux que ces exécutions aient eu lieu sous les yeux et par les ordres du comité central de la garde nationale. Le comité central siégeait avant-hier rue Onfroy, près de la bastille, jusqu’à l’heure où il a pris possession de l’Hôtel-de-Ville ; et il a appris en même temps l’arrestation et la mort des deux victimes de la justice populaire.
Ajoutons qu’il a ordonné une enquête immédiate sur ces faits.

Aucun commentaire: