On
appelle budget l'état de prévision des recettes et des dépenses
d'un Etat, d'un département, d'une commune, etc... et, par
extension, les recettes ou dépenses d'un individu. Les budgets
gouvernementaux sont toujours plus ou moins fantaisistes, il s'agit
pour les gouvernements de dissimuler, le mieux possible, leurs
agissements, et de présenter l'argent dont ils se sont rempli les
poches comme ayant servi au bien public. Mais les trous faits dans le
gâteau sont généralement si larges que la tâche des politiciens
est ardue. Enfin, lorsque rognant sur les dépenses utiles pour
couvrir leurs soustractions, ils ne parviennent pas à leurs fins,
ils ont recours à une méthode courante : ils augmentent les impôts
et font supporter aux classes travailleuses, leurs inutiles dépenses.
Mais leur comédie est si soigneusement jouée, que le peuple accepte
avec confiance, les explications qu'on veut bien lui fournir. Voici
d'ailleurs comment se vote un budget : chaque année, les ministres
préparent le budget de leur département respectif. Le ministre des
Finances centralise leurs propositions et y ajoute les prévisions de
recettes pour compléter le budget général de l'Etat. La réunion
des divers projets de dépenses et de l'unique projet de recettes
constitue (avec son commentaire, l'exposé
des motifs) le projet
de budget général. Du rapprochement des dépenses et des recettes
résulte ce que l'on nomme l'équilibre
du budget. Le budget
est présenté en premier lieu, à la Chambre des députés. Comme
toutes les autres lois, il doit être voté par les deux Chambres,
pour devenir exécutoire. L'année financière s'ouvre parfois avant
que les Chambres aient terminé le vote des recettes et des dépenses
afférentes à l'année qui commence. On a recours alors au vote de
douzièmes provisoires,
c'est-à-dire d'acomptes mensuels en cours d'exercice, tant pour les
recettes que pour les dépenses, suivant une répartition purement
provisoire. Votée et promulgée, la
loi de finance revient
des mains du Parlement : dans celles de l'administration, qui assure
son exécution. Cette opération comprend, d'une part, la perception
des recettes autorisées, et, d'autre part, le paiement des dépenses
prévues dans la mesure des crédits ouverts. Les opérations
budgétaires - recettes et dépenses - représentent, dans cette
machine massive qu'on appelle l'Etat, le mécanisme financier. On en
devine aisément l'exceptionnelle importance. En principe, les partis
parlementaires qui se réclament du socialisme doivent refuser le
vote du budget, tant pour s'affirmer d'opposition irréductible, que
pour priver l'Etat capitaliste des ressources qui lui sont
indispensables pour assurer le fonctionnement régulier de ses
multiples services. Mais, bien que la plupart des Congrès
socialistes aient enjoint aux élus du Parti de refuser le vote du
budget, il arrive que, dans la pratique, cette prescription n'est pas
respectée. Cette observation s'applique à la majorité des pays
dans lesquels &les forces socialistes au Parlement sont
imposantes Chaque année, le vote du budget provoque des débats vifs
et prolongés. Les représentants du Peuple discutent à perte de vue
sur la nature et la quantité des impôts, ainsi que sur la nature et
la quantité des dépenses que les impôts sont appelés à couvrir.
La presse qui a pour mission de renseigner les contribuables se livre
à des polémiques parfois passionnées autour de ce qu'on appelle
l'assiette de l'impôt, qu'il serait irrévérencieux peut-être,
mais équitable à coup sûr, de nommer l'assiette
au beurre. Au fond et
en réalité, ces polémiques de journaux et ces débats
parlementaires sont pure - ou impure - comédie, destinée à amuser
et à abuser la galerie et à détourner l'opinion publique de
préoccupations plus graves et d'intérêts plus sérieux. Car,
quelle que soit la forme de l'impôt, qu'il frappe directement ou
indirectement le contribuable, il est certain que, par suite des
incidences et des ricochets, des répercussions et des cascades,
c'est, en dernière analyse, le travail qui, seul, produit et
conséquemment, les travailleurs qui, seuls, assurent la production,
créent, entretiennent et développent toutes les richesses, c'est le
monde du travail, c'est la classe laborieuse qui, en fin de compte,
toujours et quand même, assure à l'Etat la totalité des ressources
dont il a besoin. Il se peut que le rentier, le propriétaire,
l'industriel, le financier, le commerçant soient obligés, par la
nature et le mode de perception de certains impôts et de diverses
taxes, de verser directement au fisc des sommes plus ou moins
élevées. Mais, dans ces sortes d'opérations, il y a toujours,
comme le disait Frédéric Bastiat, « ce
qu'on voit et ce qu'on ne voit pas, ce qu'on montre et ce qu'on
cache. "
Or,
ce qu'on voit, ce qu'on montre, n'est qu'une apparence, une fiction ;
la réalité, c'est ce qu'on ne voit pas, ce qu'on cache. Et, en
matière d'impôt, ce qu'on voit, c'est le prélèvement exercé par
le Trésor sur le revenu, sur la rente, sur la propriété bâtie,
sur la terre, sur les opérations de finance, de commerce et
d'industrie ; et ce qu'on ne voit pas, ce sont les mille moyens à
l'aide desquels rentiers, propriétaires, financiers, commerçants et
industriels, récupèrent, parfois largement, ce qu'ils versent au
fisc, sur le dos et au détriment de la classe ouvrière qui, d'une
part, assure toute la production et, d'autre part, forme la masse
compacte et pour ainsi dire innombrable des consommateurs. Seul, le
petit, tout petit contribuable, le pauvre, situé tout à fait en bas
de l'échelle économique dont le bourgeois occupe tous les échelons
au-dessus, supporte et casque l'impôt, tous les impôts, la taxe,
toutes les taxes : ceux et celles qui frappent le riche comme celles
et ceux qui frappent l'indigent. « L'assiette de l'Impôt »
? En vérité, je vous le dis, ô contribuables qui ne vivez que du
produit de votre travail personnel et ne pouvez, ainsi, exploiter
personne, il faudra, un jour la casser sur la tête des parasites.
Tant que vous ne l'aurez pas brisée et réduite en miettes, il n'y
aura rien de fait et rien à faire : c'est vous, vous tous,
producteurs, mais vous seuls qui permettrez aux Gouvernements
d'équilibrer leurs budgets. (Voir Impôt, Taxe,. Dette publique.
Grand Livre, Rente, Revenu, etc.
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