Citoyens,
gardes nationaux,
Brutalement
provoqués, vous vous êtes levés spontanément pour assurer par
votre attitude la mission que vous nous aviez confiée.
La
tâche est ardue pour tous : elle comporte beaucoup de fatigues,
beaucoup de résolution, et chacun a fait preuve du sentiment de ses
devoirs.
Quelques
bataillons cependant, égarés par des chefs réactionnaires, ont cru
devoir entraver notre mouvement par une opposition incompréhensible,
puisqu’elle apporte un obstacle aux volontés de la garde
nationale.
Des
maires, des députés, oublieux de leurs mandats, ont encouragé
cette résistance.
Une
partie de la presse, qui ne voit pas dans dépit l’avènement du
monde des travailleurs, a répandu sur nous les calomnies les plus
absurdes, rééditant les épithètes de communistes, de partageux,
de pillards, de buveurs de sang, etc. ; et des citoyens craintifs ont
ajouté foi à ces mensonges. Mais nous avons laissé passer cet
orage ; nous apportions les libertés soustraites ; et, bien qu’on
s’en servît contre nous, nous avons dédaigné l’abus.
On
a agité le fantôme prussien, menacé du bombardement, de
l’occupation, etc., et les Prussiens, qui nous ont jugés à notre
valeur, ont répondu en reconnaissant notre droit.
La
cause de la démocratie, la cause du peuple, la sainte cause de la
justice et de la liberté doit triompher de tous les obstacles, et
elle en triomphera.
Quant
à nous, sûrs du succès de l’oeuvre commune, nous vous remercions
avec effusion de votre dévouement en face des fatigues d’un
service extraordinaire ; nous comptons sur votre courage pour aller
avec nous jusqu’au bout. Nos adversaires, mieux éclairés, quand
ils auront compris la légitimité de nos revendications, viendront à
nous, ils y viennent déjà chaque jour, et dimanche au scrutin, il
n’y aura définitivement au chiffre des abstentions que ceux qui
caressaient traîtreusement l’espérance d’un retour à la
monarchie et à tous les privilèges et aux institutions plus ou
moins féodales qui en sont le cortège obligé.
Citoyens,
gardes nationaux,
Nous
comptons sur votre courage, sur vos efforts persévérants, sur votre
abnégation et votre bon vouloir en présence des charges du service,
des croisements d’ordre qui peuvent se produire et vos fatigues de
tous les jours.
Marchons
fermement au but sauveur ; l’établissement définitif de la
République par le contrôle permanent de la commune, appuyé par
cette seule force : la garde nationale élective dans tous les
grades. Quand nous pourrons avoir les yeux partout où se traitent
nos affaires, partout où se préparent nos destinées, alors, mais
seulement alors, on ne pourra plus étrangler la république.
Hôtel-de-Ville,
24 mars 1871.
(Suivent
les signatures.)
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