Ce grand général
qui détruisit des armées entières pour sa propre gloriole n'était
peut-être même pas français puisqu'il serait né avant que la
Corse ne soit racheté par la France.
Longtemps il détesta
les français avant de devenir leur empereur.
Dans ses mémoires,
François-René de Chateaubriand parle de Napoléon et produit des
pièces qui semblent prouvé que Napoléon a su effacer les traces de
sa naissance, et de différentes étapes de sa vie.
Nous sommes loin des
contes que l'éducation nationale nous surine dans les cours
d'histoire.
« Toutefois
Bonaparte a incliné vers la patrie italienne ; il détesta les
Français jusqu'à l'époque où leur vaillance lui donna l'empire.
Les preuves de cette aversion abondent dans les écrits de sa
jeunesse. Dans une note que Napoléon a écrite sur le suicide, on
trouve ce passage : " Mes compatriotes, chargés de chaînes,
embrassent en tremblant la main qui les opprime... Français, non
contents de nous avoir ravi tout ce que nous
chérissons,
vous avez encore corrompu nos moeurs. " »
Une
lettre écrite à Paoli en Angleterre, en 1789, qui a été rendue
publique, commence de la sorte :
"
Général, " Je naquis quand la patrie périssait. Trente mille
Français vomis sur nos côtes, noyant le trône de la liberté dans
des flots de sang, tel fut le spectacle odieux qui vint le premier
frapper mes regards. "
Une
autre lettre de Napoléon à M. Gubica, greffier en chef des Etats de
la Corse, porte :
"
Tandis que la France renaît, que deviendrons−nous, nous autres
infortunés Corses ? Toujours vils, continuerons−nous à baiser la
main insolente qui nous opprime ? continuerons−nous à voir tous
les emplois que le droit naturel nous destinait occupés par des
étrangers aussi méprisables par leurs moeurs et leur conduite que
leur naissance est abjecte ? "
Enfin
le brouillon d'une troisième lettre manuscrite de Bonaparte,
touchant la reconnaissance par les Corses de l'Assemblée nationale
de 1789, débute ainsi :
"
Messieurs, " Ce fut par le sang que les Français étaient
parvenus à nous gouverner ; ce fut par le sang qu'ils voulurent
assurer leur conquête. Le militaire, l'homme de loi, le financier,
se réunirent pour nous opprimer, nous mépriser et nous faire avaler
à longs traits la coupe de l'ignominie. Nous avons assez longtemps
souffert leurs vexations ; mais puisque nous n'avons pas eu le
courage de nous en affranchir de nous−mêmes, oublions−les à
jamais ; qu'ils redescendent dans le mépris qu'ils méritent, ou du
moins qu'ils aillent briguer dans leur patrie la confiance des
peuples : certes, ils n'obtiendront jamais la nôtre » ».
Ses
camarades le plaisantaient sur son nom de Napoléon et sur son
pays ; il disait à son camarade Bourrienne : " Je ferai à
tes Français tout le mal que je pourrai. "
Toujours
dans la « construction » de sa vie et de son passé.
« Dans
un compte rendu au roi, en 1784, M. de Kéralio affirme que le
jeune Bonaparte serait un excellent marin ; la phrase est
suspecte, car ce compte rendu n'a été retrouvé que quand Napoléon
inspectait la flottille de Boulogne. »
Il
ne faut pas oublier qu'il est arrivé au pouvoir peu de temps après
la révolution. Quel stratagème a-t-il déployé pour se faire
adorer du peuple et qu'il se laisse mener par cet homme qui tua, par
ses guerres, des millions de français.
« Pendant
ce temps−là la Révolution allait son train ; le 20 juin sonna.
Bonaparte, sortant avec Bourrienne de chez un restaurateur, rue
Saint−Honoré, près le Palais−Royal, vit venir cinq ou six mille
déguenillés qui poussaient des hurlements et marchaient contre les
Tuileries ; il dit à Bourrienne : " Suivons ces gueux−là
" ; et il alla s'établir sur la terrasse du bord de l'eau.
Lorsque le roi, dont la demeure était envahie, parut à l'une des
fenêtres, coiffé bonnet rouge, Bonaparte s'écria avec indignation
: " Che coglione ! Comment a−t−on laissé entrer cette
canaille ? il fallait en balayer quatre ou cinq cents avec du canon,
et le reste courrait encore. » »
Bonaparte
ne veut pas que le peuple gouverne pour le peule/
« Bonaparte
retourna dans le midi de la France le 2 janvier an II ; il s'y
trouvait avant le siège de Toulon ; il y écrivait deux pamphlets :
le premier est une Lettre à Matteo Buttafuoco ; il le traite
indignement, et fait en même temps un crime à Paoli d'avoir remis
le pouvoir entre les mains du peuple : " Etrange erreur,
s'écrie−t−il, qui soumet à un brutal, à un mercenaire, l'homme
qui, par son éducation, l'illustration de sa naissance, sa fortune,
est seul fait pour gouverner ! " »
L'épisode
du siège de Toulon est très évocateur de ce que fut Bonaparte, le
génialissime empereur des français :
« Madame
Bourrienne a inséré quelques notes dans les Mémoires de son
mari ; j'en citerai un passage qui montre Bonaparte devant Toulon :
"
Je remarquai, dit−elle, à cette époque (1795 à Paris), que son
caractère était froid et souvent sombre ; son sourire était faux
et souvent fort mal placé ; et, à propos de cette observation, je
me rappelle qu'à cette même époque, peu de jours après notre
retour, il eut un de ces moments d'hilarité farouche qui me fit mal
et qui me disposa à peu l'aimer. Il nous raconta avec une gaieté
charmante qu'étant devant Toulon où il commandait l'artillerie, un
officier qui se trouvait de son arme et sous ses ordres eut la visite
de sa femme, à laquelle il était uni depuis peu, et qu'il aimait
tendrement. Peu de jours après, Bonaparte eut ordre de faire une
nouvelle attaque sur la ville, et l'officier fut commandé. Sa femme
vint trouver le général Bonaparte, et lui demanda, les larmes aux
yeux, de dispenser son mari de service ce jour−là. Le général
fut insensible à ce qu'il nous disait lui−même avec une gaieté
charmante et féroce. Le moment de l'attaque arriva, et cet officier
qui avait toujours été d'une bravoure extraordinaire, à ce que
disait Bonaparte lui−même, eut le pressentiment de sa fin
prochaine ; il devint pâle, il trembla. Il fut placé à côté du
général, et, dans un moment où le feu de la ville devint très
fort, Bonaparte lui dit : Gare ! voilà une bombe qui nous arrive !
L'officier, ajouta−t−il, au lieu de s'effacer se courba et fut
séparé en deux. Bonaparte riait aux éclats en citant la partie qui
lui fut enlevée. "
Toulon
repris, les échafauds se dressèrent ; huit cents victimes furent
réunies au Champ−de−Mars ; on les mitrailla. Les commissaires
s'avancèrent en criant : " Que ceux qui ne sont pas morts se
relèvent, la République leur fait grâce ", et les blessés
qui se relevaient furent massacrés. Cette scène était si belle
qu'elle s'est reproduite à Lyon après le siège.
Que
dis−je ? aux premiers coups du foudroyant orage
Quelque
coupable encor peut−être est échappé :
Annonce
le pardon, et, par l'espoir trompé,
Si
quelque malheureux en tremblant se relève,
Que
la foudre redouble et que le fer achève.
(L'abbé
Delille.)
Bonaparte
commandait−il en personne l'exécution en sa qualité de chef
d'artillerie ? L'humanité ne l'aurait pas arrêté, bien que par
goût il ne fût pas cruel.
On
trouve ce billet aux commissaires de la Convention :
"
Citoyens représentants, c'est du champ de gloire, marchant dans le
sang des traîtres, que je vous annonce avec joie que vos ordres sont
exécutés et que la France est vengée : ni l'âge ni le sexe n'ont
été épargnés. Ceux qui n'avaient été que blessés par le canon
républicain ont été dépêchés par le glaive de la liberté et
par la baïonnette de l'égalité. Salut et admiration.
Brutus
Buonaparte, citoyen sans-culotte. »
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