« Le
sionisme laïc, dès le début de son entreprise de
colonisation, a eu besoin d'un costume d'apparat religieux pour
préserver et renforcer les lignes de démarcation de l'ethnos,
mais aussi pour identifier l'emplacement et les frontières de la «
terre des ancêtres ». Avec l'élargissement territorial et la
disparition de l'idée socialiste nationale, ce costume d'apparat est
devenu d'autant plus nécessaire et vital, renforçant
considérablement, vers la fin du XXe siècle, le statut des courants
ethno-religieux, tant dans le champ public que dans ceux du pouvoir
et de l'appareil militaire. »
« Ce
processus tardif ne doit pas nous induire en erreur : la
nationalisation de Dieu (plutôt que sa mort) a ôté le voile sacré
de la terre, transformée en sable sur lequel la nouvelle nation
s'est mise à piétiner et à vouloir bâtir des châteaux. Le
judaïsme voit la fin de l'exil métaphysique essentiellement dans le
salut messianique entretenant, certes, un lien spirituel avec le
lieu, mais sans y jeter un dévolu à caractère national, tandis
que, pour le sionisme, la fin de l'exil imaginaire s'incarne dans la
rédemption virile de la terre, et dans la création d'une patrie
terrestre moderne qui, du fait de son mythe fondateur, se trouve
encore sans frontières définies et fixes, avec tous les dangers
dont cette situation est porteuse. »
Citation
de Hardrey :
«
Si nous dépendons de notre enclos, de notre sol ou de la
souveraineté de notre pays, nous obéissons à des tendances non
moins innées, non moins indéracinables que celles des animaux
inférieurs. Lorsque votre chien aboie en voyant passer un étranger
devant votre clôture, en quoi son mobile diffère-t-il de celui qui
vous a incité à la construire? »
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