mercredi 25 avril 2018

Comment la Terre d'Israel fut inventée Shlomo Sand Partie 3






« Le sionisme laïc, dès le début de son entreprise de colonisation, a eu besoin d'un costume d'apparat religieux pour préserver et renforcer les lignes de démarcation de l'ethnos, mais aussi pour identifier l'emplacement et les frontières de la « terre des ancêtres ». Avec l'élargissement territorial et la disparition de l'idée socialiste nationale, ce costume d'apparat est devenu d'autant plus nécessaire et vital, renforçant considérablement, vers la fin du XXe siècle, le statut des courants ethno-religieux, tant dans le champ public que dans ceux du pouvoir et de l'appareil militaire. »

« Ce processus tardif ne doit pas nous induire en erreur : la nationalisation de Dieu (plutôt que sa mort) a ôté le voile sacré de la terre, transformée en sable sur lequel la nouvelle nation s'est mise à piétiner et à vouloir bâtir des châteaux. Le judaïsme voit la fin de l'exil métaphysique essentiellement dans le salut messianique entretenant, certes, un lien spirituel avec le lieu, mais sans y jeter un dévolu à caractère national, tandis que, pour le sionisme, la fin de l'exil imaginaire s'incarne dans la rédemption virile de la terre, et dans la création d'une patrie terrestre moderne qui, du fait de son mythe fondateur, se trouve encore sans frontières définies et fixes, avec tous les dangers dont cette situation est porteuse. »

Citation de Hardrey :
« Si nous dépendons de notre enclos, de notre sol ou de la souveraineté de notre pays, nous obéissons à des tendances non moins innées, non moins indéracinables que celles des animaux inférieurs. Lorsque votre chien aboie en voyant passer un étranger devant votre clôture, en quoi son mobile diffère-t-il de celui qui vous a incité à la construire? »



Aucun commentaire: